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Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II

Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II

Titel: Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II
Autoren: Max Gallo
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premiers instants, peut-être ceux d’avant la naissance quand s’unissent deux trajectoires fécondes.
    Trajectoires.
    Ce hasard de la vie et de la mort.
    Gallway se souvint de ce livre qu’il avait écrit à Paris, après son retour de Varsovie, à la fin de l’année 1939. Il habitait alors boulevard Raspail, l’atelier, il commençait à rencontrer Catherine Jaspars. Il voyait souvent Cordelier qui lui avait donné quelques renseignements biographiques sur les nouveaux officiers allemands, ce Karl Menninger dont la campagne de Pologne venait de révéler le talent de stratège, qui était né comme Allen, le 1 er  janvier 1900, et dont le petit-fils, à Orly, tuait Sarah par hasard.
    Hasard : ce pauvre mot stupide qui cachait l’essentiel, les rencontres, le sens d’une naissance et d’une mort. Ne pas pouvoir expliquer cela à l’aide de phrases, le ressentir seulement, le vivre aussi. Et Gallway commença, assis au bar de l’aéroport de Dublin, à recomposer la trame de sa vie, un fil chevauchant l’autre, jusqu’à cet instant où…
    — L’avion est annoncé, dit Julia.
    Elle avait posé la main sur l’épaule d’Allen. Il sursautait.
    — Je suis là depuis un moment, reprenait-elle, je te parle, tu as les yeux ouverts et tu ne m’entends pas.
    Gallway se leva, toucha son oreille.
    — Je suis sourd, dit-il.
    Julia lui avait pris le bras, le serrait.
    — Tu n’es pas sourd, répondait-elle. Parfois tu choisis d’entendre. Mais le plus souvent tu te parles, il n’y a plus de place pour la voix des autres, tu te parles trop fort.
    Martin était devant la sortie du vol en provenance de Londres. Il dépassait de la tête les quelques personnes qui attendaient les passagers. Il se tourna vers Allen et Julia, leur montra le rectangle de carton qu’il gardait sur sa poitrine et sur lequel il avait écrit en lettres majuscules : GALLWAY .
    — Je suis émue, dit Julia un peu angoissée, comment seront-ils ? Après tout…
    Ce fut Gallway qui lui serra le bras.
    — Ils seront comme toi et moi, dit-il, tu as lu ses livres, tu as entendu sa voix.
    Ils avaient rejoint Martin, s’étaient placés derrière lui et Gallway abandonna le bras de Julia, posa ses deux mains sur les épaules de son fils qui sans se retourner dit : « appuie-toi, appuie-toi » et Gallway se laissa aller.
    Les premiers passagers apparurent et parmi eux ils les reconnurent immédiatement, leurs vêtements peut-être, ou bien leurs visages aux traits plus creusés comme ceux qu’ont les marins que frappent sans trêve le vent et les embruns.
    — Je ne pouvais pas me tromper, vous êtes les plus grands, dit Marek Krivenko en s’arrêtant devant Martin et Allen.
    Il parlait anglais lentement, avec un accent russe prononcé. Il avait posé ses valises fermées à l’aide de lanières de cuir. Il serrait de ses deux mains la main de Gallway, celle de Martin. Il riait devant Julia, il l’embrassait :
    — Vous, disait-il à Julia, vous êtes moi puisque vous me traduisez, vous me connaissez mieux que je ne me connais.
    Il se tournait, ouvrait les bras pour présenter sa femme Zoia, sa fille Maria. Elles souriaient, regardant autour d’elles.
    — Fatigant, épuisant, n’est-ce pas ? interrogea Gallway.
    — Nous n’avons été avertis que la veille du départ, dit Marek. Je ne pensais pas qu’ils nous laisseraient quitter le pays. Grâce à vous, à ce que vous avez fait pour mes livres…
    Il se tournait, chuchotait en anglais :
    — Ma mère, Anna Spasskaia, elle est très choquée, son fils…
    Il s’interrompit, fit quelques pas vers une vieille femme qui avançait lentement, le col de fourrure de son manteau relevé. Il lui prit le bras, ajouta toujours en anglais :
    — Son fils est mort, je vous expliquerai…
    Ils étaient maintenant seuls devant la sortie, un peu empruntés.
    — Spassibo, spassibo, merci, dit Marek, merci pour votre hospitalité.
    — La maison est grande, dit Gallway. Vos livres nous ont tant donné.
    Il marchait aux côtés de Marek Krivenko.
    — Quand j’ai lu Machkine puis Le Barrage –  Gallway s’interrompit – je dois vous dire, Marek, sans votre livre, Machkine je ne vivrais pas avec Julia et Martin ne serait pas né, les livres parfois…
    — Je sais, dit Marek.
    Martin se tenait auprès d’eux. Julia parlait avec Zoia, Maria et Anna Spasskaia.
    — Je sais, reprit Marek après un silence, Anna m’a adopté. Je vous raconterai. C’était en
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