Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
avec colère. Tu
sais combien d’hommes il veut entraîner dans cette quête du Chaudron ?
    — Non,
Seigneur.
    — Quatre-vingts,
à ce qu’il m’a dit. Ou une centaine. Ou, mieux encore, deux cents ! Il ne
dira pas même où se trouve le Chaudron, il veut juste que je lui donne une
armée et que je le laisse la conduire dans quelque contrée sauvage. En Irlande,
peut-être, ou dans le désert. Non ! »
    Il donna un
coup de pied dans l’épée tordue, puis m’enfonça un doigt dans l’épaule.
    « Écoute,
Derfel, j’ai besoin de toutes les lances que je puis réunir l’an prochain. Nous
allons en découdre avec les Saxons une fois pour toutes, et je ne peux me
permettre de perdre quatre-vingts ou cent hommes dans la chasse à une coupe qui
a disparu voici près de cinq siècles. Dès que les Saxons d’Aelle seront vaincus,
tu pourras chasser cette sottise si tu le dois. Mais c’est moi qui te le dis :
c’est une sottise. Il n’y a pas de Chaudron. »
    Il fit
demi-tour en direction des feux. Je le suivis, désireux de continuer la
discussion avec lui. Mais je savais que je ne parviendrais pas à le persuader,
car il aurait en effet besoin de toutes ses lances s’il voulait vaincre les
Saxons. Et il ne ferait rien qui pût amoindrir ses chances de victoire au
printemps. Il me sourit comme pour compenser le refus cassant opposé à ma
requête.
    « Si le
Chaudron existe, reprit-il, il peut bien rester caché encore un an ou deux.
Mais en attendant, Derfel, j’entends te rendre riche. Tu vas faire un mariage d’argent. »
Il m’envoya une grande claque dans le dos. « Une dernière campagne, mon
cher Derfel, un dernier grand carnage, et nous aurons la paix. Une paix pure.
Nous n’aurons plus besoin de chaudrons alors. » Il exultait. Cette
nuit-là, parmi les morts, il voyait réellement la paix se profiler.
    Nous
approchâmes des feux allumés autour de la maison romaine où gisait le corps du
père de Ceinwyn, Gorfyddyd. Arthur était heureux cette nuit-là, réellement heureux,
car il voyait son rêve devenir réalité. Et tout cela semblait si facile. Il y
aurait encore une guerre, puis la paix à jamais. Arthur était notre seigneur de
la guerre, le plus grand guerrier de la Bretagne et pourtant cette nuit-là
après la bataille, au milieu des âmes hurlantes des morts enguirlandés de
fumée, il n’aspirait qu’à une chose : la paix. L’héritier de Gorfyddyd,
Cuneglas de Powys, partageait le rêve d’Arthur. Tewdric de Gwent était un allié ;
Lancelot recevrait le royaume de Silurie et, avec l’armée dumnonienne d’Arthur,
les rois unis de Bretagne vaincraient les envahisseurs saxons. Sous la
protection d’Arthur, Mordred monterait sur le trône de Dumnonie et Arthur se
retirerait pour goûter la paix et la prospérité que son épée avait donnée à la
Bretagne.
    Ainsi Arthur
disposait-il d’un avenir doré.
    Mais il
faisait peu de fond sur Merlin. Merlin était plus âgé, plus sage et plus subtil
qu’Arthur. Et Merlin avait flairé le Chaudron. Il le trouverait, et son pouvoir
se répandrait à travers la Bretagne comme un poison.
    Car c’était le
Chaudron de Clyddno Eiddyn. Le Chaudron qui brisait les rêves des hommes.
    Et malgré son
sens pratique, Arthur était un rêveur.
     
    *
     
    À Caer Sws,
les feuilles étaient lourdes de la dernière sève de l’été.
    Je m’étais rendu
dans le nord avec le roi Cuneglas et ses hommes vaincus, si bien que j’étais le
seul Dumnonien présent lorsque le corps du roi Gorfyddyd fut brûlé au sommet du
Dolforwyn. Je vis les flammes de son bûcher jaillir dans la nuit tandis que son
âme franchissait le pont des épées pour rejoindre aux Enfers son corps
spectral. Le bûcher était entouré d’un double cercle de lanciers du Powys
porteurs de torches qui se balançaient tandis qu’ils chantaient la Lamentation
funèbre de Beli Mawr. Ils chantèrent longtemps, et le son de leurs voix se
répéta en écho dans les collines proches comme un chœur de fantômes. La peine
était grande à Caer Sws. On ne comptait pas les veuves et les orphelins. Et
dans la matinée, après que le vieux roi eut été brûlé et tandis qu’un panache
de fumée s’élevait encore du bûcher en direction des montagnes du nord, la
peine fut plus grande encore quand arriva la nouvelle de la chute de Ratae.
Ratae avait été une grande forteresse sur la frontière orientale du Powys, mais
Arthur l’avait livrée aux Saxons pour acheter
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher