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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
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pour l’instant je veux
que tu ailles au Powys.
    — Moi,
Seigneur ? Au Powys ? »
    Nous venions
de combattre et de vaincre l’armée du Powys, et je n’imaginais pas que
quiconque au Powys pût accueillir un guerrier ennemi. Arthur me prit par le
bras :
    « L’essentiel,
dans les semaines qui viennent, Derfel, c’est que Cuneglas soit acclamé roi du
Powys. Il pense que personne ne le défiera, mais je veux en être sûr. Je veux
que l’un de mes hommes aille à Caer Sws témoigner de notre amitié. Rien de
plus. Je veux juste que quiconque serait tenté de le défier sache qu’il devra m’affronter
moi aussi bien que Cuneglas. Si tu vas là-bas, et que chacun voit que tu es son
ami, le message sera clair.
    — En ce
cas, pourquoi ne pas envoyer une centaine d’hommes ?
    — Parce
que ce serait donner l’impression que nous imposons Cuneglas sur le trône du
Powys. Je ne veux pas de cela. J’ai besoin de lui comme d’un ami, et je ne veux
pas qu’il retourne au Powys en donnant l’impression d’un vaincu. Qui plus est,
ajouta-t-il dans un sourire, tu vaux bien cent hommes, Derfel. Tu l’as prouvé
hier. »
    Je fis la
moue, parce que les compliments extravagants m’ont toujours mis mal à l’aise.
Mais si l’éloge voulait dire que j’étais l’homme de la situation pour être l’émissaire
d’Arthur au Powys, j’en étais fort aise, car ainsi je serais de nouveau près de
Ceinwyn. Je chérissais encore le souvenir de son toucher sur ma main, de même
que je chérissais la broche qu’elle m’avait donnée de longues années plus tôt.
Elle n’avait pas encore épousé Lancelot, me disais-je, et la seule chose que je
désirais, c’était l’occasion de caresser mes espoirs impossibles.
    « Mais
une fois Cuneglas acclamé, que dois-je faire ?
    — Tu m’attends,
répondit Arthur. J’irai dès que possible au Powys, et sitôt que nous aurons réglé
la paix et que Lancelot sera dûment fiancé, nous rentrerons. Et l’an prochain,
mon ami, tu conduiras les armées de Bretagne contre les Saxons. » Il
évoquait l’art de la guerre avec un rare plaisir. Il était bon au combat, et il
y goûtait même dans la bataille les frissons extatiques qu’elle procurait à son
âme d’ordinaire si prudente. En revanche, jamais il ne cherchait la guerre si
la paix était à sa portée, parce qu’il se méfiait des incertitudes de la
bataille. Les aléas de la victoire et de la défaite étaient par trop
imprévisibles. Et Arthur n’aimait pas voir le bon ordre et la prudence diplomatique
abandonnés aux hasards de la bataille. Mais jamais la diplomatie et le doigté
ne seraient venus à bout des envahisseurs saxons qui se propageaient comme la
vermine à travers l’ouest. Arthur rêvait d’une Bretagne paisible, bien ordonnée
et gouvernée dans le respect de la loi, et les Saxons ne faisaient point partie
de ce rêve.
    « Marcherons-nous
au printemps ? demandai-je.
    — Dès les
premières feuilles.
    — Alors,
je vous demanderai d’abord une faveur.
    — Je t’écoute,
répondit-il visiblement ravi que j’attendisse quelque récompense de l’avoir
aidé à remporter la victoire.
    — Je
voudrais d’abord marcher avec Merlin. »
    Il marqua un
temps de silence. Il fixait le terrain trempé où traînait une épée dont la lame
était presque pliée en deux. Quelque part dans l’obscurité, on entendit un
homme geindre puis crier et, de nouveau, ce fut le silence.
    « Le
Chaudron, dit enfin Arthur d’une voix grave.
    — Oui,
Seigneur. » Merlin était venu à nous en pleine bataille et avait prié les
deux camps d’abandonner le combat pour l’aider dans sa quête du Chaudron de
Clyddno Eiddyn. Le Chaudron était le plus grand trésor de la Bretagne, un don
magique des Dieux. Et voilà des siècles qu’il était perdu ! Merlin avait
voué sa vie à cette quête des Trésors, et il n’en était de plus précieux à ses
yeux que le Chaudron. Si seulement il pouvait le retrouver, il rendrait la
Bretagne à ses dieux légitimes.
    Arthur secoua
la tête.
    « Tu
crois vraiment que le Chaudron de Clyddno Eiddyn est resté caché tout au long
de ces années ? Tout au long des années de pouvoir romain ? Il a été
emporté à Rome, Derfel, et il a été fondu pour en faire des épingles, des
broches ou des pièces de monnaie. Il n’y a pas de Chaudron !
    — Merlin
dit que si, Seigneur.
    — Merlin
a trop écouté les histoires de bonnes femmes, répondit Arthur
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