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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
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Grande-Bretagne occupée par les Saxons,
littéralement « les terres perdues ». En gallois moderne, Llœgr veut dire Angleterre
L LYN C ERRIG B ACH
lac des Petites Pierres, l’actuelle Valley Airfield, Anglesey
L UGG V ALE*
Croix de Mortimer, Hereford et Worcester
M AGNIS
Kenchester, Hereford et Worcester
N IDUM
Neath, Glamorgan
P ONTES
Staines, Surrey
R ATAE
Leicester
L ES P IERRES
Stonehenge
L E T OR
Glastonbury Tor, Somerset
V ENTA*
Winchester, Hampshire
V INDOCLADIA
fort romain près de Winborne Minster, Dorset
Y NYS M ON
Anglesey
Y NYS T REBES*
capitale perdue de Benoïc, Mont-Saint-Michel, France
Y NYS W IT
île de Wight
Y NYS W YDRYN
Glastonbury, Somerset
     

 
     
     
     
     
     
     
     
     
PREMIÈRE PARTIE LA ROUTE DE TÉNÈBRE

 
     
    Aujourd’hui, j’ai
pensé aux morts.
    C’est le
dernier jour de l’année ancienne. Les fougères de la colline ont bruni, les
ormes, au fond de la vallée, ont perdu leurs feuilles, et l’abattage hivernal
du bétail a commencé. Ce soir, c’est la veille de Samain.
    Cette nuit, le
rideau qui sépare les morts des vivants va frémir, s’effilocher et finalement
disparaître. Cette nuit, les morts vont franchir le pont des épées. Cette nuit,
les morts vont quitter les Enfers pour venir dans ce monde, mais nous ne les verrons
pas. Ce ne seront que des ombres dans la ténèbre, de simples courants d’air
dans une nuit sans vent, mais ils seront là.
    Monseigneur
Sansum, le saint qui dirige notre petite communauté de moines, se gausse de
cette croyance. Les morts, assure-t-il, n’ont pas de corps spectraux ni ne
sauraient franchir le pont des épées : ils gisent plutôt dans leurs
froides sépultures, où ils attendent la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Il est bon, dit-il, de se souvenir des morts et de prier pour leurs âmes
immortelles, mais leurs corps ne sont plus. Ils sont corrompus. Leurs yeux ont
fondu pour ne laisser dans leurs crânes que des trous noirs, la vermine
liquéfie leur bedaine et la moisissure recouvre leurs ossements. Le saint nous
l’assure : les morts ne viennent pas troubler les vivants à la veille de
Samain. Pourtant, cette nuit, il prendra soin de laisser une miche de pain à
côté de l’âtre du monastère. Il prétextera quelque étourderie, mais il y aura
tout de même cette nuit une miche de pain et une cruche d’eau à côté des
cendres de la cuisine.
    Quant à moi,
je laisserai davantage. Une coupe d’hydromel et une tranche de saumon. Ce sont
de menus présents, mais tout ce que je puis me permettre, et cette nuit je les
placerai dans l’ombre, à côté de l’âtre, avant de rejoindre ma cellule de moine
et accueillir les morts qui viendront dans cette maison glaciale sur cette
colline pelée.
    Je nommerai
les morts. Ceinwyn, Guenièvre, Nimue, Merlin, Lancelot, Galahad, Dian, Sagramor ;
la liste couvrirait deux parchemins. Ils sont si nombreux. Leurs pas ne
déplaceront pas un fétu de paille sur le sol ni n’effraieront les souris qui
nichent dans le toit de chaume du monastère ; l’évêque Sansum lui-même
sait bien que les chats feront le gros dos et siffleront depuis les recoins de
la cuisine tandis que les ombres qui ne sont point des ombres s’approcheront de
l’âtre pour y trouver les offrandes qui les dissuadent d’accomplir des méfaits.
    Aujourd’hui, j’ai
donc pensé aux morts.
    Je suis vieux
maintenant, peut-être aussi vieux que l’était Merlin, mais loin d’être aussi
sage. Je crois que l’évêque Sansum et moi sommes les seuls survivants de la
grande époque, et moi seul m’en souviens avec tendresse. Peut-être d’autres
vivent encore. En Irlande, peut-être, ou dans les friches au nord de Lothian,
mais je ne les connais pas. Pourtant, je sais une chose : si d’autres
vivent encore, alors eux, comme moi, reculent devant l’arrivée de la ténèbre
comme les chats se font tout petits face aux ombres de cette nuit. Tout ce que
nous aimions est brisé ; tout ce que nous avons fait est abattu, et tout
ce que nous avons semé, les Saxons l’ont récolté. Nous autres, Bretons, nous
accrochons aux terres hautes de l’ouest et parlons de revanche, mais il n’est
point d’épée pour affronter une grande ténèbre. À certains moments, qui ne
reviennent que trop fréquemment ces temps-ci, mon seul désir est d’être avec
les morts. Monseigneur Sansum m’en félicite et m’assure que c’est fort bien
ainsi : je dois brûler d’être au ciel à la droite de
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