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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
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le corps du roi
Gorfyddyd.
    Je me
retournai. Arthur m’observait : « Je ne trouve pas le sommeil,
Seigneur », avouai-je.
    Il se fraya un
chemin à travers les guerriers endormis. Il portait l’un de ces longs manteaux
blancs qu’il affectionnait tant et, dans la nuit embrasée, on aurait cru qu’il
brillait. Il n’y avait ni boue ni sang, et je compris qu’il avait dû le mettre
en lieu sûr pour avoir un habit propre à passer après la bataille. Nous autres,
ça nous était bien égal de finir la bataille nus comme un ver du moment que
nous étions encore en vie, mais Arthur a toujours été un homme délicat. Il
était tête nue, et sa chevelure portait encore les marques imprimées par son
casque sur son cuir chevelu. « Je n’ai jamais bien dormi après la
bataille, dit-il, pas avant une semaine au moins. Puis vient une bienheureuse
nuit de repos. »
    Il me sourit.
    « Je suis
ton débiteur.
    — Non,
Seigneur. » Mais en vérité, il l’était ; Sagramor et moi avions tenu
Lugg Vale toute cette longue journée, bataillant dans le mur de boucliers
contre une horde d’ennemis sans nombre, et Arthur n’avait pu voler à notre
secours. L’heure de la délivrance avait enfin sonné, et celle de la victoire
aussi, mais de toutes les batailles qu’avait livrées Arthur, c’était la plus
proche d’une défaite. Jusqu’à la dernière bataille.
    « Si tu l’oublies,
moi, au moins, je saurai me souvenir de ma dette, dit-il avec chaleur. Il est
temps de vous enrichir, Derfel, toi et tes hommes. » Il sourit et me prit
par le coude pour me conduire vers un coin de terre nue, où nos voix ne
troubleraient pas le sommeil agité des guerriers qui dormaient tout près des
feux fumants. La terre était trempée et la pluie avait noyé les balafres
laissées par les sabots des gros chevaux d’Arthur. Je me demandai si les
chevaux rêvaient de bataille, puis me demandai si les morts arrivés aux Enfers
frissonnaient encore au souvenir du coup d’épée ou de lance qui avait expédié
leur âme de l’autre côté du pont des épées. Arthur m’arracha à mes songeries :
    « Gundleus
est mort, j’imagine ?
    — Mort,
Seigneur. »
    Le roi de
Silurie était mort en début de soirée, mais je n’avais pas revu Arthur depuis l’instant
où Nimue avait extirpé la vie de son ennemi.
    « Je l’ai
entendu hurler, dit Arthur d’un ton prosaïque.
    — La
Bretagne entière a dû l’entendre hurler », répondis-je tout aussi
sobrement. Nimue avait retiré l’âme noire du roi, morceau après morceau, se
vengeant en fredonnant de l’homme qui l’avait violée et lui avait pris l’un de
ses yeux.
    « La
Silurie a donc besoin d’un roi », conclut Arthur, parcourant du regard la
longue vallée où les formes noires dérivaient dans la brume et la fumée. Les
flammes faisaient danser les ombres sur son visage rasé de près et lui
donnaient l’air d’un géant. Ce n’était pas un bel homme, mais il n’était pas
laid non plus. Il avait plutôt un visage singulier : long, osseux et fort.
Au repos, c’était un visage lugubre, suggérant la sympathie et la prévenance,
mais dans la conversation l’enthousiasme l’illuminait d’un sourire radieux. Il
était encore jeune à cette époque, tout juste trente ans, et il n’y avait
aucune trace de gris dans ses cheveux coupés court. Il me prit par le bras et
fit un geste en direction de la vallée.
    « Vous
allez marcher parmi les morts ? »
    J’eus un
mouvement de recul, épouvanté. Pour ma part, j’aurais attendu que l’aube eût
chassé les goules avant de m’aventurer loin des feux protecteurs.
    « C’est
nous qui en avons fait des morts, Derfel, toi et moi. Ce sont donc eux qui
devraient avoir peur de nous, n’est-ce pas ? »
    Jamais il ne
fut un homme superstitieux, comme nous autres qui brûlions de bénédictions, chérissions
nos amulettes et étions à chaque instant à l’affût de signes qui pussent nous
prévenir des dangers. Arthur évoluait à travers ce monde des esprits tel un
aveugle. « Viens », fit-il en me touchant à nouveau le bras.
    Ainsi,
avançâmes-nous dans l’obscurité. Ce n’étaient pas tous des morts, ces choses
qui gisaient dans la brume, car certains appelaient pitoyablement à l’aide,
mais Arthur, d’ordinaire le meilleur des hommes, restait sourd à leurs faibles
cris. Il pensait de nouveau à la Bretagne.
    « Demain,
je vais dans le sud, je m’en vais voir Tewdric. »
    Le
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