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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
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roi Tewdric
de Gwent était notre allié, mais, croyant la victoire impossible, il avait
refusé d’envoyer ses hommes à Lugg Vale. Le roi était notre débiteur désormais,
car nous avions gagné sa guerre à sa place, mais Arthur n’était pas homme à garder
rancune.
    « Je lui
demanderai d’envoyer des hommes à l’est pour affronter les Saxons, mais je
dépêcherai aussi Sagramor. Cela devrait suffire pour tenir la frontière pendant
l’hiver. Tes hommes méritent le repos », conclut-il en me gratifiant d’un
léger sourire.
    Le sourire me
fit comprendre qu’il n’y aurait point de repos. « Ils feront ce que tu
demandes », répondis-je docilement. Je marchais avec raideur, las des
ombres qui tournoyaient et faisant de ma main droite le signe contre le mal.
Certaines âmes, fraîchement arrachées à leur corps, ne trouvent point l’entrée
des Enfers, mais errent plutôt à la surface de la terre en quête de leurs
dépouilles et cherchent à se venger de ceux qui les ont trucidés. Cette
nuit-là, nombre de ces âmes rôdaient dans Lugg Vale, et je les craignais, mais
Arthur, oublieux de leur menace, se promenait insouciant à travers ce champ de
mort, relevant d’une main les bords de son manteau pour le protéger de l’herbe
trempée et de la boue épaisse.
    « Je veux
tes hommes en Silurie, reprit-il d’un ton décidé. Œngus Mac Airem voudra la
piller, mais il faut l’en empêcher. » Œngus était le roi irlandais de
Démétie, qui avait changé de camp dans la bataille et donné la victoire à
Arthur : le prix de l’Irlandais était une part des esclaves et de la
richesse du royaume du défunt Gundleus. « Il peut prendre une centaine d’esclaves,
décréta Arthur, et un tiers du trésor de Gundleus. Il y a consenti, mais il
essaiera de nous flouer.
    — Je
veillerai qu’il n’en fasse rien, Seigneur.
    — Non,
pas toi. Confierais-tu tes hommes à Galahad ? »
    Je consentis d’un
signe de tête, dissimulant ma surprise.
    « Mais qu’attendez-vous
donc de moi ?
    — La
Silurie est un problème », poursuivit Arthur, feignant d’ignorer ma
question. Il s’arrêta, fronçant les sourcils en pensant au royaume de Gundleus.
« Il a été mal gouverné, Derfel, mal gouverné. » On devinait dans ses
paroles un dégoût profond. Pour nous autres, un gouvernement corrompu était
aussi naturel que neige en hiver ou fleurs au printemps, mais Arthur en était
sincèrement horrifié. De nos jours, on se souvient d’Arthur comme d’un seigneur
de la guerre, l’homme resplendissant dans son armure étincelante qui a fait
entrer une épée dans la légende, mais il eût aimé qu’on se souvînt simplement
de lui comme d’un chef bon, honnête et juste. Si l’épée lui donna le pouvoir,
il remit ce pouvoir à la loi. « C’est un royaume sans importance,
poursuivit-il, mais il nous créera des ennuis sans fin si nous n’y mettons de l’ordre. »
Il pensait tout haut, tâchant d’imaginer tous les obstacles qui séparaient
encore cette nuit d’après la bataille de son rêve d’une Bretagne unie et
pacifiée. « L’idéal serait de le partager entre Gwent et Powys.
    — Pourquoi
pas ?
    — Parce
que j’ai promis la Silurie à Lancelot », répondit-il d’une voix qui ne
souffrait aucune contradiction. Je ne dis mot, me contentant d’effleurer la
garde d’Hywelbane, afin que le fer protégeât mon âme des vilaines choses de
cette nuit. J’avais les yeux braqués vers le sud où les morts formaient un
remblai près des arbres où mes hommes avaient combattu l’ennemi tout au long de
la journée.
    Il y avait eu
bien des braves dans cette bataille, mais pas Lancelot. Cela faisait des années
que je combattais pour Arthur et que je connaissais Lancelot, mais je ne l’avais
encore jamais vu dans le mur de boucliers. Je l’avais vu donner la chasse à des
fuyards mal en point, je l’avais vu faire défiler des captifs devant la
populace excitée, mais jamais je ne l’avais vu en sueur dans le choc de la
mêlée, dans le fracas de deux murs de boucliers qui s’affrontent. Il était le
roi en exil de Benoïc, détrôné par la horde des Francs surgis de la Gaule pour
effacer le royaume de son père, mais pas une seule fois, à ma connaissance, il
n’avait porté la lance contre une bande de guerriers francs, et pourtant les
bardes n’en finissaient pas de s’époumoner à chanter sa bravoure. C’était Lancelot,
le roi sans terre, le héros de cent
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