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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
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y eut un banquet dans la salle solitaire qui se dressait au sommet du
Dolforwyn. Ce fut un maigre repas, plus riche en hydromel et en bière qu’en
bonne chère, mais ce fut aussi l’occasion pour Cuneglas de confier à ses guerriers
ses espoirs pour son règne.
    Il commença
par évoquer la guerre qui venait de s’achever. Il nomma les morts de Lugg Vale
et promit à ses hommes que ces guerriers n’étaient pas morts en vain : « Ce
qu’ils ont accompli, c’est la paix entre les Bretons. La paix entre le Powys et
la Dumnonie. » Ces propos suscitèrent quelques grognements parmi les
guerriers, mais Cuneglas les fit taire d’un geste de la main. « Notre
ennemi, reprit-il d’une voix soudain rude, ce n’est pas la Dumnonie. Notre
ennemi, c’est le Saxon ! » Il s’arrêta, et cette fois nul ne maugréa.
Tous attendaient en silence et observaient leur nouveau roi, qui en vérité n’était
point un grand guerrier, mais un brave et honnête homme. Ces qualités se lisaient
clairement sur son visage juvénile, rond et sans malice, auquel il avait
vainement tenté d’ajouter quelque dignité en se laissant pousser de longues
moustaches tressées qui lui pendaient sur la poitrine. Sans doute n’était-il
pas un guerrier, mais il était assez malin pour savoir qu’il devait offrir à
ses hommes l’occasion d’une guerre, car la guerre seule permettait à un homme d’acquérir
gloire et richesse. Ratae, leur promit-il, serait reconquise et les Saxons
châtiés pour les horreurs qu’ils avaient infligées à ses habitants. Les Saxons
seraient boutés hors du Llœgyr, les Pays Perdus, et le Powys, redevenu le plus
puissant des royaumes bretons, s’étendrait de nouveau des montagnes jusqu’à la
mer de Germanie. Les villes romaines seraient reconstruites, leurs murs
retrouveraient leur gloire et les routes seraient refaites. Il y aurait des terres
à cultiver, du butin et des esclaves saxons pour chaque guerrier du Powys. Tous
applaudirent cette perspective, car Cuneglas offrait à ses chefs déçus les
récompenses que les hommes de cette trempe ont toujours attendues de leurs
rois. Mais il fit taire les hourras et reprit : la richesse de Llœgyr ne
serait pas reconquise par la seule Powys. « Désormais, annonça-t-il à ses
partisans, nous marchons aux côtés des hommes du Gwent et avec les lanciers de
Dumnonie. S’ils ont été les ennemis de mon père, ce sont mes amis, et c’est
pourquoi mon seigneur Derfel est ici. » Il m’adressa un sourire et
poursuivit : « Et c’est pourquoi, à la prochaine pleine lune, ma
chère sœur sera fiancée à Lancelot. Elle deviendra reine de Silurie, et les
hommes de ce pays marcheront avec nous, avec Arthur et avec Tewdric pour
débarrasser le pays des Saxons. Nous détruirons notre véritable ennemi. Nous
détruirons les Saïs ! »
    Cette fois,
les vivats furent sans restriction. Il les avait conquis. Il leur offrait la
richesse et le pouvoir de la vieille Bretagne, et ils claquèrent des mains et
frappèrent des pieds pour montrer leur approbation. Cuneglas marqua un temps d’arrêt,
laissant se poursuivre l’acclamation, puis s’assit en souriant, comme s’il savait
qu’Arthur eût approuvé tout ce qu’il venait de dire.
    Plutôt que de
rester sur le Dolforwyn pour la beuverie qui allait durer toute la nuit, je
retournai à Caer Sws derrière le char à bœufs qui portait la reine Helledd, ses
deux tantes et Ceinwyn. Les dames royales voulaient être rentrées au crépuscule
et je tenais à les suivre : non que je fusse mal à l’aise parmi les hommes
de Cuneglas, mais parce que je n’avais pas trouvé l’occasion de parler avec
Ceinwyn. Ainsi, tel un veau hébété, je me joignis à la petite troupe de
lanciers qui leur servaient d’escorte. J’avais soigné ma toilette ce jour-là,
pour faire bonne impression à Ceinwyn : j’avais nettoyé ma cotte de
mailles, décrotté mes bottes et mon manteau, puis ramené mes longs cheveux
blonds en une tresse qui me tombait dans le dos. Je portais sa broche sur mon
manteau, en signe de mon allégeance envers elle.
    Je crus qu’elle
m’ignorait, car tout au long du chemin, elle resta assise sans poser les yeux
sur moi, mais enfin, lorsqu’au détour de la route on aperçut la forteresse,
elle se retourna et mit pied à terre pour m’attendre au bord du chemin. Les lanciers
de l’escorte s’écartèrent pour me laisser la rejoindre. Elle sourit en
reconnaissant la broche mais n’y
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