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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
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désir.
    « Pour
moi, ça n’a pas de sens non plus, confessa-t-elle, alors j’ai demandé à Iorweth
ce que voulait dire cette prophétie, et il m’a dit de cesser de m’inquiéter. Il
m’a expliqué que la prophétesse parle par énigmes parce qu’elle est incapable
de dire des choses sensées. J’ai dans l’idée que cela veut dire que je ne me
marierai pas, mais je n’en sais rien. La seule chose que je sache, Seigneur
Derfel, c’est que je ne me marierai pas à la légère.
    — Alors,
vous savez deux choses. Dame. Vous savez que mon serment tient toujours.
    — Je le
sais également, dit-elle en me gratifiant à nouveau d’un sourire. Et je suis
ravie que tu sois ici, Seigneur Derfel. » À ces mots, elle s’enfuit pour
regrimper dans le char, me laissant tout perplexe, bien incapable de trouver à
son énigme une réponse qui pût apaiser mon âme.
    Arthur arriva
à Caer Sws trois jours plus tard. Il vint avec vingt cavaliers et une centaine
de lanciers. Il était accompagné de bardes et de harpistes, mais aussi de
Merlin, de Nimue, et de tout l’or ramassé sur les morts à Lugg Vale. Guenièvre
et Lancelot étaient également du voyage.
    Je fis la
grimace en voyant Guenièvre. Nous avions remporté la victoire et fait la paix.
Mais je trouvais cruel de la part d’Arthur de venir avec la femme pour laquelle
il avait repoussé Ceinwyn. Guenièvre avait insisté pour suivre son mari, et
elle arriva donc à Caer Sws sur un char à bœufs garni de fourrures, tendu de
draps de couleurs et drapé de branches de verdure en signe de paix. La reine
Elaine, la mère de Lancelot, lui tenait compagnie, mais c’était Guenièvre, non
la reine, qui attirait tous les regards. Elle se leva lorsque le char franchit
lentement la porte et resta debout jusqu’à ce que les bœufs l’eussent rapproché
de la grande salle de Cuneglas, où elle avait jadis été exilée malgré elle et
où elle revenait aujourd’hui en conquérante. Elle portait une robe de lin
teintée d’or, de l’or autour du cou et aux poignets, tandis qu’un anneau d’or
enfermait son ample chevelure rousse. Elle était enceinte, mais la grossesse ne
se voyait pas sous la précieuse étoffe dorée. On aurait dit une déesse.
    Mais si
Guenièvre avait l’air d’une déesse, c’est comme un dieu que Lancelot entra dans
Caer Sws. Beaucoup de gens imaginèrent que c’était Arthur tant il était
resplendissant sur son cheval blanc drapé d’un linge blanc clairsemé de petites
étoiles dorées. Il portait son armure d’écaillés émaillées de blanc, son épée
dans un fourreau blanc et un long manteau blanc doublé de rouge accroché aux
épaules. Son beau visage basané était encadré par les rebords dorés de son
casque maintenant couronné d’ailes de cygne déployées, non plus des ailes d’aigle
qu’il avait arborées à Ynys Trebes. En le voyant, les gens restaient bouche bée
et j’entendis le bruit se répandre à travers la foule : tout compte fait,
ce n’était pas Arthur, mais le roi Lancelot, le tragique héros du royaume perdu
de Benoïc, l’homme qui allait épouser leur princesse Ceinwyn. J’en eus le cœur
tout chaviré, car je craignais que sa splendeur n’éblouît Ceinwyn. C’est à
peine si la foule remarqua Arthur, qui portait un pourpoint de cuir et un
manteau blanc et paraissait gêné de se retrouver à Caer Sws.
    Ce soir-là, il
y eut un banquet. Je doute que Cuneglas se soit réjoui de la venue de
Guenièvre, mais c’était un homme patient et délicat qui, à la différence de son
père, se gardait de prendre la mouche au moindre soupçon d’affront imaginaire.
Il traita donc Guenièvre comme une reine. Assis de l’autre côté de Guenièvre, Arthur
rayonnait. Il avait toujours l’air heureux quand il était avec sa Guenièvre, et
ce devait être pour lui un vif plaisir de la voir ainsi traitée avec tant de
cérémonie dans la salle même où il l’avait pour la première fois aperçue au
fond de la salle au milieu du petit peuple.
    Arthur se
montra plein d’attentions pour Ceinwyn. Tous, ici, savaient qu’il l’avait
autrefois repoussée et qu’il avait brisé leurs fiançailles pour épouser une
Guenièvre désargentée. Et beaucoup d’hommes du Powys s’étaient juré de ne
jamais pardonner cet affront à Arthur : mais Ceinwyn lui avait pardonné et
elle fit en sorte que nul ne l’ignorât. Elle lui sourit, posa une main sur son
bras et se pencha vers lui ; plus tard, au
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