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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
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véreuses, des plages de pierres et
des gens affreux. » Il frissonna. « Ils brûlent le charbon, plutôt
que le bois, et du coup la plupart des gens sont aussi noirs que Sagramor. Je
ne crois pas qu’ils sachent ce que se laver veut dire. » Il se cura les
dents et en retira un bout de cartilage qu’il lança à l’un des chiens qui s’affairaient
parmi les convives. « Lancelot en aura bientôt assez de la Silurie !
Je ne vois pas notre galant Lancelot supporter bien longtemps ces affreuses
brutes encharbonnées, si bien que, si elle survit aux couches, ce dont je
doute, la pauvre petite Ceinwyn se retrouvera seule avec un tas de charbon et
son petit braillard. Ce sera sa mort ! » Cette perspective ne
semblait pas pour lui déplaire. « Tu n’as jamais remarqué, Derfel ?
Tu découvres une jeune femme au faîte de sa beauté, avec un visage à faire
pâlir d’envie les étoiles ; et un an plus, tard, tu la retrouves qui pue
le lait et la merde de son moutard, et tu te demandes comment diable tu as
jamais pu la trouver belle ? Voilà le sort que les bébés réservent aux
femmes, Derfel, alors regarde-la bien, regarde-la maintenant, car jamais plus elle
ne sera aussi ravissante. »
    Elle était
ravissante et, pis encore, elle paraissait heureuse. Ce soir-là, elle portait
une robe blanche et, autour du cou, une étoile d’argent suspendue à une chaîne.
Ses cheveux d’or étaient noués par un filet d’argent, tandis que des gouttes de
pluie d’argent pendaient à ses oreilles. Et Lancelot, ce soir-là, était aussi
marquant que Ceinwyn. On le disait le plus bel homme de Bretagne, ce qu’il
était si l’on aimait son visage sombre, mince, long, presque reptilien. Il
était vêtu d’un manteau noir rayé de blanc ; il portait un torque d’or
autour du cou tandis qu’un anneau d’or rassemblait ses longs cheveux noirs
huilés et plaqués sur son crâne avant de lui descendre en cascade dans le dos.
Sa barbe taillée en pointe était également huilée.
    Je me confiai
à Merlin tout en sachant que je révélais trop le fond de mon cœur à ce vieil
homme méchant :
    « Elle m’a
dit qu’elle n’était pas certaine d’épouser Lancelot.
    — Ah bon,
elle a dit ça, vraiment ? » répondit Merlin négligemment, tout en
faisant signe à un esclave qui portait un plat de porc vers la table haute. Il
fourra dans la basque de sa robe d’un blanc douteux une pleine poignée de côtes
sur lesquelles il se jeta aussitôt, puis reprit : « Ceinwyn est une
petite écervelée qui a le goût du roman. Elle s’est convaincue qu’elle
épouserait l’homme de son cœur, bien que les Dieux seuls sachent pourquoi une
idée pareille germe dans la cervelle d’une jeune fille ! Naturellement,
ajouta-t-il la bouche pleine de porc, tout change aujourd’hui. Elle a rencontré
Lancelot ! Et il va lui tourner la tête. Peut-être qu’elle n’attendra même
pas le mariage ? Qui sait ? Peut-être, cette nuit même, dans le
secret de sa chambre, elle va se faire le bougre. Mais probablement que non, c’est
une fille très conventionnelle ! » Il prononça les trois derniers
mots d’un ton méprisant. « Prends une côte, me proposa-t-il ensuite. Il
est temps que tu te maries, toi aussi.
    — Il n’est
personne que je désire épouser », répondis-je d’un air maussade. Sauf
Ceinwyn, naturellement, mais quel espoir avais-je contre Lancelot ?
    « Le
mariage n’a rien à voir avec le désir, trancha Merlin avec mépris. Arthur l’a
cru, et quel imbécile il fait avec les femmes ! Ce que tu désires, Derfel,
c’est une jolie fille dans ton lit, mais seule une tête de linotte ira croire
que la fille et la femme doivent être la même créature. Arthur pense que tu
devrais épouser Gwenhwyvach. » Il lâcha le nom comme en passant.
    « Gwenhwyvach ! »
Je réagis trop bruyamment. C’était la petite sœur de Guenièvre, une fille
lourde et insipide à la peau claire que Guenièvre ne pouvait pas souffrir. Je n’avais
aucune raison particulière de la détester, mais je ne me voyais pas épouser une
fille aussi grise, inexpressive et malheureuse.
    « Et
pourquoi pas ? répliqua Merlin en feignant l’indignation. Un bon parti,
Derfel. Qui es-tu, après tout, sinon le fils d’une esclave saxonne ? Et
Gwenhwyvach est une authentique princesse. Sans argent, c’est entendu, et plus
vilaine que la truie sauvage de Llyffan, mais imagine un peu combien elle
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