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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu
Autoren: Bernard Cornwell
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cours du banquet, lorsque l’hydromel
eut dissipé toutes les vieilles rancœurs, le roi Cuneglas prit la main d’Arthur,
puis celle de sa sœur, et les serra entre les siennes sous les vivats de la
salle, ravie de ce signe de paix. Un vieil affront était enterré.
    Un instant
plus tard, en un autre geste symbolique, Arthur prit la main de Ceinwyn et la
conduisit à un siège demeuré vacant à côté de Lancelot. La salle retentit à
nouveau de hourras. D’un visage de marbre, je regardai Lancelot se lever pour
recevoir Ceinwyn, puis s’asseoir à côté d’elle et lui servir du vin. Il retira
de son poignet un bracelet d’or massif qu’il lui offrit et, bien que Ceinwyn
fît mine de refuser le généreux présent, elle finit par le glisser à son bras
où l’or resplendit à la lueur de la chandelle à mèche de jonc. Les guerriers de
la salle voulurent voir le bracelet et Ceinwyn leva timidement le bras pour montrer
le gros anneau d’or. Moi seul ne lançai point de vivats. Je restai assis dans
le vacarme assourdissant et le crépitement de la pluie sur le toit de chaume.
Elle avait été éblouie, j’en étais sûr, elle avait été éblouie. L’étoile du
Powys avait succombé à la sombre et élégante beauté de Lancelot.
    J’aurais
volontiers quitté la salle pour porter ma misère sous la pluie battante si
Merlin n’avait alors traversé la salle d’un pas majestueux. Au début du
banquet, il était assis à la table haute, mais il l’avait quittée pour
rejoindre les guerriers, s’arrêtant ici ou là pour écouter une conversation ou
chuchoter quelques mots à l’oreille d’un homme. Sa chevelure blanche dégageait
sa tonsure en une longue tresse nouée par un ruban noir, tandis que sa longue
barbe était pareillement tressée et nouée. Son visage, aussi foncé que les
châtaignes romaines qui étaient l’un des délices de Dumnonie, était long,
creusé de rides et amusé. Il concoctait quelque malice, pensai-je, et je m’étais
fait tout petit pour éviter d’en être la victime. J’aimais Merlin comme un père
mais je n’étais pas d’humeur à supporter de nouvelles énigmes. Je voulais juste
m’éloigner aussi loin de Ceinwyn et de Lancelot que les Dieux voudraient bien
me laisser aller.
    J’attendis que
Merlin fût à l’autre extrémité de la salle afin de pouvoir me retirer sans me
faire remarquer. Mais c’est alors que je le croyais à l’autre bout que je l’entendis
chuchoter à mon oreille. « Tu me fuis, Derfel ? » demanda-t-il
avant de s’asseoir à mes côtés en lâchant un grognement étudié. Il aimait à
feindre la faiblesse du grand âge et se donnait en spectacle en massant ses
genoux tout en geignant. Puis il me prit des mains la corne d’hydromel et la
vida. « Regarde la princesse vierge, dit-il en faisant un grand geste en
direction de Ceinwyn avec la corne vide, elle va au-devant de son sinistre
destin. Voyons voir ça. » Il se gratta le menton entre ses tresses de
barbe en réfléchissant à ce qu’il allait dire. « Quinze jours avant les
fiançailles ? Le mariage une semaine plus tard, puis quelques mois avant
que l’enfant ne la tue. Aucune chance qu’un bébé ne sorte de ces hanches
étroites sans la déchirer en deux. » Il rit. « Comme une minette
donnant naissance à un bouvillon. Une horreur, Derfel. » Il me dévisagea,
se réjouissant de mon malaise.
    « Je
croyais, dis-je avec aigreur, que vous aviez lancé un charme de bonheur sur
Ceinwyn ?
    — Je l’ai
fait, répondit-il d’un air narquois, mais quoi ? Les femmes aiment avoir
des bébés, et si le bonheur de Ceinwyn consiste à être éventrée en deux moitiés
sanguinolentes par son premier né, mon charme aura opéré, n’est-ce pas ?
reprit-il dans un sourire.
    - « Elle
ne sera jamais en haut », dis-je, citant la prophétie que Merlin avait
formulée à peine un mois plus tôt dans cette même salle, « et elle ne sera
jamais en bas, mais elle sera heureuse. »
    — Quelle
mémoire as-tu pour des vétilles ! Tu ne trouves pas le mouton exécrable ?
Pas assez cuit, tu vois. Et pas même chaud ! Je ne supporte pas la
nourriture froide. » Ce qui ne l’empêcha pas de m’en subtiliser une
portion dans ma gamelle. « Tu trouves ça glorieux d’être reine de Silurie ?
    — Ah non ?
demandai-je avec aigreur.
    — Non,
mon cher, non. Quelle idée absurde ! Il n’y a pas sur terre de pays plus
désolé que la Silurie. Rien que des vallées
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