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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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ne pouvait être que vous. C’est vous qui avez tué Lady Aliénor, puis Dame Martha et finalement Dame Frances. Mais qui êtes-vous réellement ? murmura-t-il.
    — Mon vrai nom est Agatha de Courcy. Je n’ai donc menti qu’à moitié.
    Elle rit, sans pour autant relâcher sa vigilance.
    — Et qu’est-il arrivé à la religieuse qui est venue de Gascogne ?
    — Allons, Messire ! Ne jouez pas au plus fin et dites-moi ce que vous avez deviné.
    Corbett saisit le pommeau de son poignard, caché sous sa cape. La jeune femme s’approcha et il s’aperçut que ses mains étaient dissimulées sous son habit. Il prit une profonde inspiration et espéra que Ranulf, tapi dans le brouillard, ne perdait rien de la scène qui se déroulait sous ses yeux.
    — Voyons !
    Il s’adossa au chêne.
    — Il y a dix-huit mois, Dame Deveril, sous un nom d’emprunt, partit de Gascogne et arriva à Douvres. C’était une orpheline de noble lignée sans parents proches. Elle se faisait accompagner d’un page, dont le nom a peu d’importance. Ils prirent la route contournant Londres avant de gagner l’ancienne voie romaine qui traverse Oxford, Woodstock et Godstowe. Prévenue de leur arrivée, vous les avez suivis discrètement et rejoints, après qu’ils eurent quitté le village de Woodstock, probablement. Vous les avez rencontrés, comme par hasard. Vous leur avez offert de les accompagner, ce qu’ils ont accepté avec reconnaissance. Je suppose que vous étiez déguisée en damoiseau élégant et qu’après ce qui dut être un long et pénible périple, les Gascons virent en vous un agréable compagnon de voyage. Vous avez été fort habile, Dame Agatha. Votre déguisement était parfait. Pourtant, l’aubergiste vous vit. Comme d’autres, il remarqua ce jeune homme qui passa dans le village à la même époque que les Gascons. Mais, bien sûr, il ne nous est plus d’aucun secours, ayant été mis en pièces par les mastiffs de Gaveston. C’est exact, n’est-ce pas ?
    Agatha de Courcy pinça les lèvres avant qu’un bref sourire radieux n’éclairât son visage : l’espace d’un instant, Corbett revit la jeune religieuse, belle et pieuse, qu’il avait connue.
    — Comment aurais-je pu être au courant de qui débarquerait à Douvres et prendrait la route d’Oxford ? s’étonna-t-elle.
    — Je vous le dirai bientôt. Quant à la suite… Vous réussissez à convaincre Dame Deveril de s’écarter de la route pour se rendre à un endroit choisi par vous ; une sieste et un peu de vin, peut-être. La dame et son page s’assoupissent. En fait, avança Corbett en scrutant la brume derrière la religieuse, ils dorment probablement plus profondément qu’ils ne le voulaient. Le vin que vous leur avez offert est sans doute drogué. Endormis, ils sont des proies faciles. Vous leur tranchez la gorge avant de les dépouiller de leurs vêtements. Puis vous endossez l’habit de religieuse et prenez le nom et les lettres d’introduction de Dame Deveril. Votre seule erreur est son petit chien : ou il s’est enfui ou vous n’y avez pas prêté attention. Quant aux biens de la jeune femme, vous les conservez. Le reste, y compris vos vêtements, gît dans une morasse puante et sans fond. Et les chevaux ?
    Corbett haussa les épaules.
    — Vous en gardez un, bien sûr, ainsi qu’un poney de bât, et lâchez les deux autres dans la nature. Une belle aubaine pour un paysan qui ne pipera mot. Puis vous arrivez à Godstowe, munie des lettres attestant que vous êtes Dame Deveril. Vous prononcez vos voeux et grâce à votre agréable personnalité, vous gagnez la confiance de Dame Amelia et de Lady Aliénor. Et qui pourrait vous soupçonner ?
    Agatha de Courcy confirma d’un murmure :
    — Très bien ! Excellente déduction !
    — La seule qui entrevit la vérité fut cette pauvre Dame Frances. Vous comprenez, j’ai retrouvé le collier du chien. Il portait encore la devise des Deveril : Noli me tangere . Dame Frances s’en souvenait, bien sûr. Elle devait l’avoir remarquée sur certaines affaires de la victime lors de votre admission au prieuré, mais elle ne put se rappeler immédiatement où elle l’avait vue. Et à qui se confier, sinon à Dame Agatha, ce modèle de patience et de dévouement ? Elle devait disparaître, elle aussi ! C’était une femme au caractère posé, à la routine bien établie. Lors de votre séjour de quelques semaines au noviciat, vous aviez noté son habitude
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