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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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l’empêcher de voir ce qui se tramait derrière elle.
    — Admettons, déclara-t-elle d’un ton égal, que tout cela se soit bien déroulé tel que vous l’avez décrit. La disparition d’une cape, je l’avoue, serait passée inaperçue, mais celle d’une bague de valeur ? N’oubliez pas que la prieure a trouvé le cadavre au bas de l’escalier.
    — C’est faux et vous le savez ! La prieure s’inquiétait pour Lady Aliénor. Après avoir quitté le réfectoire, elle a regagné le bâtiment principal, plongé dans le noir. Ses compagnes et elle ont découvert Lady Aliénor gisant sans vie dans sa chambre. Redoutant les conséquences, elles ont transporté le corps au bas de l’escalier pour faire croire à un accident. Il faisait sombre, elles étaient affolées, elles n’ont pas remarqué l’absence de bague. Si elles l’avaient fait, elles auraient logiquement pensé que le bijou s’était égaré. Ensuite, elles ont tout naturellement fait appel à vous pour ramener la dépouille dans sa chambre. C’est à ce moment-là que vous avez remis la bague au doigt de la défunte.
    Corbett s’accorda une petite pause.
    — Très subtil de votre part ! reprit-il. Vous saviez que Dame Amelia trouverait le corps et qu’elle essaierait de faire passer cela pour un accident afin de sauvegarder la réputation de Godstowe. Vous, une tueuse à gages, avez habilement manipulé des religieuses innocentes comme Dame Amelia et Dame Martha pour vous protéger. Elles sont devenues vos complices, bien malgré elles, et ont tellement brouillé les pistes qu’on ne risquait plus de découvrir la vérité.
    Alarmé par le sourire maléfique qu’arborait Dame Agatha, Corbett dégaina son poignard en enchaînant :
    — Cela aurait pu en rester là, si Dame Martha n’avait pas éprouvé le besoin de parler et menacé de s’en ouvrir à la prieure. Aviez-vous percé à jour sa devinette ?
    Agatha se contenta de sourire.
    — La tuer fut facile, poursuivit Corbett. Elle s’était préparé un bain. Elle avait mis un paravent et fermé sa porte à clef. Vous, la soeur si attentionnée, êtes arrivée à la porte, avec sans doute un morceau de savon à la main. Elle est sortie du cuveau, répandant de l’eau sur le sol, et vous a ouvert. Vous lui avez donné le savon en bavardant gaiement tandis qu’elle se replongeait dans son bain. C’était une vieille dame, elle a dû mourir rapidement. Vous l’avez peut-être tirée par les chevilles, entraînant sa tête sous l’eau. Un marin vous dirait que l’afflux soudain d’eau dans la bouche et le nez vous fait rapidement perdre conscience. Vous avez repris votre savon et êtes sortie aussi discrètement que vous étiez entrée.
    Agatha acquiesça.
    — Parfaitement logique, murmura-t-elle. Quel récit concis et lucide !
    Elle ricana, lèvres entrouvertes :
    — Vous auriez dû enseigner à Oxford…
    — … et ne pas venir ici ! acheva Corbett. J’ai fait échouer vos petits stratagèmes, hein ? Mais d’autres ont effacé vos traces, sans le vouloir : le père Reynard et ses messages à Craon, Gaveston et ses molosses, le prince héritier et son amour pour son favori, sans oublier, bien sûr, termina amèrement Corbett, notre souverain le roi, dont le goût pour le mystère et le secret est notoire.
    S’avançant vers elle, il s’écria sèchement :
    — La seule bonne action que vous ayez faite, je suppose, fut de dissuader Lady Aliénor de prendre les poudres envoyées par Gaveston. Le mignon du prince a dû se poser bien des questions.
    — En effet, répondit Agatha, un rictus aux lèvres. J’avais ordre d’épier ses manigances. Il fallait à tout prix éviter que Lady Aliénor ne meure empoisonnée, car on aurait pu se douter de quelque chose. Si la belle dame devait périr, il était primordial qu’on ne pût établir de lien avec le prince. Une petite énigme qui mystifierait tout un chacun.
    Elle ajouta avec un haussement d’épaules :
    — J’avais à coeur de surveiller Craon, également.
    — Mais le reste ? demanda Corbett. La mort de ces deux religieuses ? Le roi ne l’a sûrement pas ordonnée !
    Dame Agatha tendit la main, paume ouverte, en murmurant :
    — Je n’ai pas de poignard, Hugh ! Je me suis contentée de suivre les instructions du roi.
    Elle lui donna brusquement un parchemin jaunissant.
    — Lisez !
    Corbett déroula le petit rouleau de vélin et le parcourut rapidement.
    Edouard, par la grâce de
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