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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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bureau et, quand elle les releva, le clerc n’était déjà plus là.

CONCLUSION
    Dans le Grand Hall de Westminster, Édouard d’Angleterre siégeait sous l’impressionnante charpente d’où pendaient de longues bannières écarlate et or. Les membres de sa Maison avaient tendu les murs de soie et d’épais tissus d’or et d’argent. Ils venaient aussi de balayer le plancher devant l’estrade, de le recouvrir de joncs fraîchement coupés sur les rives de la Tamise et de le parsemer d’herbes odorantes. Des sergents, revêtus de pied en cap de leurs armures d’acier, étaient postés en rangs serrés de chaque côté du trône, épées dégainées, pointes en bas. Le monarque, entouré des représentants de la puissance temporelle et spirituelle du royaume, faisait face aux clercs importants de l’Échiquier et de la Chancellerie, assis à une longue table sur tréteaux protégée de damas. Corbett se tenait au centre. La table, devant lui, avait été débarrassée de tous les parchemins, sauf un : le contrat de fiançailles, rédigé et scellé à l’instant même, entre Édouard, prince héritier du trône d’Angleterre, et Isabelle, « seule et bien-aimée fille » de Philippe IV de France.
    Sous le regard attentif du clerc anglais, Amaury de Craon s’approcha et apposa le sceau du roi de France au bas du document. Puis il alla placer sa main sur l’énorme évangéliaire que tenait, dans ses doigts noueux, Robert Winchelsea, archevêque de Cantorbéry. Superbe dans son pelisson de samit bleu et blanc, il proclama en français, d’un ton sec, que « Philippe, roi de France, se réjouissait de ces fiançailles, clef de voûte d’une paix durable et de l’amitié entre l’Angleterre et la France ».
    Corbett dissimula son émotion sous un masque diplomatique et contempla Craon qui appelait Dieu et ses anges à témoin de la bonne volonté française. En d’autres circonstances, il aurait éclaté de rire : Craon sauterait sur n’importe quelle occasion pour rompre ou contourner les clauses de ce traité aussi souvent que cela lui chanterait ou plairait au fourbe qui régnait au Louvre. Craon s’arrêta enfin de parler. Corbett se leva, et, au nom d’Edouard d’Angleterre, lui répondit par le même tissu de mensonges officiels. Puis il fit le tour de la table pour échanger le baiser de paix avec son ennemi juré. Sous ses paupières tombantes, le roi observait la scène. Son esprit était ailleurs et il tremblait de fureur : son fils avait préféré rester à Woodstock avec son bien-aimé plutôt que d’assister à la cérémonie de fiançailles. Sous prétexte qu’il était souffrant ! Le roi grinça des dents. Il lui en donnerait des raisons d’être souffrant, et ce avant la fin de la semaine ! Il se pencha : Corbett et Craon se donnaient l’accolade et échangeaient le dernier baiser de paix. Ensuite, Craon recula, un rictus aux lèvres, et siffla entre ses dents :
    — Un jour, Corbett, je vous tuerai !
    Corbett marmonna en le saluant :
    — Vous essayerez un jour, Monsieur , et vous échouerez une fois de plus, comme vous l’avez fait récemment !
    On fit à nouveau assaut de courbettes et de sourires diplomatiques, puis les sonneries stridentes des trompettes d’argent retentirent dans la galerie haute et la cérémonie s’acheva. Après s’être incliné vers le trône, Corbett fit péremptoirement signe à ses collègues de le suivre et sortit en hâte du Grand Hall. Édouard se leva, dégrafa sa cape tissée d’or et la jeta à Warenne.
    — Dieu merci, cette comédie est finie ! Warenne, je veux voir Corbett dans mes appartements sur-le-champ. Seul à seul !
    — Cela va de soi, Sire !
    Édouard plissa les yeux.
    — Ne soyez pas si sarcastique, Surrey ! Ensuite, vous enverrez votre courrier le plus rapide à Woodstock. Il devra dire à mon fils bien-aimé que je désire m’entretenir avec lui demain – ici !
    Le roi pointa un doigt menaçant vers le comte :
    — J’ai également un message à l’adresse de Lord Gaveston. S’il se trouve encore en Angleterre à la fin de cette semaine, je le proclamerai criminel et hors-la-loi. N’importe qui pourra l’abattre sans avertissement !
    Édouard donna une claque vigoureuse sur l’épaule du comte.
    — Et ensuite, en route pour le Nord : nous allons donner aux Écossais une leçon qu’ils n’oublieront pas de sitôt !
    Lorsque Corbett entra, le monarque était confortablement
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