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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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d’éteindre précautionneusement le feu avec un seau d’eau. Elle insistait toujours pour le faire. Cela vous facilita la tâche. Le soir de sa mort, le seau n’était pas rempli d’eau, mais d’huile.
    Corbett admira in petto le sang-froid de son adversaire.
    — Il y eut une explosion, le feu s’étendit à la cheminée tout entière, lécha des gouttes sur le sol et, en quelques secondes, transforma Dame Frances en torche vivante. Votre secret était sauf.
    Agatha joignit les mains, les doigts sur les lèvres, comme un professeur taquinant un bon élève :
    — Messire, vous m’avez expliqué la manière dont je suis censée avoir tué cette pauvre femme, mais pas la raison.
    — Ne jouez pas à ce petit jeu, lança Corbett d’une voix tranchante. Vous la connaissez aussi bien que moi. Simon de Montfort s’était rebellé contre le roi ; il comptait un Deveril parmi ses connétables. Selon les archives, la lignée des Deveril s’éteignit après la défaite de Montfort. Cette femme appartenait probablement à une lignée bâtarde dont les membres avaient fui en Gascogne. C’est là qu’elle fut sans doute élevée dans la haine d’Edouard d’Angleterre.
    — Et le roi aurait permis à une Deveril de rentrer au pays ?
    — Non, à moins qu’elle n’eût pris un nom d’emprunt. Comme je l’ai déjà dit, je suppose qu’elle était orpheline et que, sous ce faux nom, elle a écrit à Dame Amelia pour solliciter son admission dans la congrégation des Dames de Sion en faisant don de ses biens, comme le veut la coutume. Sa requête fut acceptée. Elle obtint la permission d’entrer en Angleterre.
    Corbett ne quittait pas Dame Agatha des yeux :
    — Allons, quel nom choisit-elle ?
    Agatha lui rendit son regard.
    — Je vais essayer autrement, reprit Corbett. Quel nom avez-vous donné en entrant au prieuré ?
    Dame Agatha gloussa comme si Corbett avait posé une devinette.
    — J’ai pris, en religion, le nom d’Agatha, qui était le mien, en fait, mais si vous le demandez à la prieure, elle vous répondra que je suis entrée ici sous le nom de Marie Savigny.
    Corbett soupira :
    — C’est donc Marie Savigny que vous avez assassinée en forêt de Godstowe.
    Dame Agatha se mordit les lèvres.
    — Admettons, Messire Corbett. Comment aurais-je pu apprendre que cette Marie Savigny était en réalité une Montfort et qu’elle venait en Angleterre ourdir un complot et peut-être même un assassinat ? Et comment aurais-je su la date de son arrivée et son itinéraire ?
    — Comme si vous ne connaissiez pas la réponse à cette question ! C’est le roi lui-même qui vous en a informée. Vous êtes son tueur à gages !
    — Si Dame Deveril avait changé de nom, pourquoi garder la devise de sa famille ?
    Corbett haussa les épaules.
    — Peu de gens l’auraient identifiée comme celle de nobles bannis quarante ans auparavant. Combien de religieuses à Godstowe, sans parler des barons de la Cour, auraient reconnu cette devise ?
    — Mais cette Marie devait parler français couramment ! objecta Agatha.
    — Comme vous, et comme bien d’autres dans ce fichu endroit !
    Agatha s’approcha en remettant son capuchon pour se protéger des gouttes qui tombaient des branches du chêne.
    — Oh, Hugh ! murmura-t-elle. Le roi avait raison. Vous êtes un peu trop scrupuleux, mais vous faites preuve d’une logique implacable.
    — Pas toujours ! rétorqua brutalement le clerc. Marie Savigny, alias Dame Deveril, est assassinée dans la forêt au moment où vous apparaissez au prieuré : j’aurais dû tirer immédiatement la conséquence logique de cette coïncidence ! Mais, bien sûr, la venue de Marie Savigny était prévue à Godstowe. Après son arrivée, on n’attendit plus personne.
    Corbett se tut.
    — Allons, Hugh ! murmura Agatha. Ne vous blâmez pas ! Cette femme était une étrangère, voyageant sous un faux nom et dissimulant sa véritable identité. Qui m’aurait soupçonnée d’un tel crime, moi, une religieuse si dévote ?
    Elle releva fièrement la tête :
    — Et, le cas échéant, qui s’en serait soucié ? Marie Savigny allait se rendre coupable de haute trahison alors que moi, j’agis sous protection royale !
    Elle sourit :
    — Je n’ai jamais eu l’intention de rester assez longtemps pour être menacée par qui que ce soit. Il n’y a aucun mystère, en fait !
    Corbett leva la main et toucha le chêne creux derrière lui.
    — Vous avez
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