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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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raison. C’est là que commence l’énigme ! Vous êtes venue ici pour surveiller Lady Aliénor et l’empêcher de commettre une folie, comme de s’enfuir ou de provoquer un scandale à la Cour. Quel n’a pas dû être votre effarement en découvrant qu’elle recevait en cachette des messages d’un mystérieux ami lui promettant d’arranger sa fuite ! Le dimanche fatidique, elle a refusé d’aller à complies, contrairement à son habitude, et une personne aussi observatrice que vous n’a pas manqué de repérer ses préparatifs de voyage.
    Corbett mit la main à son poignard, sous sa cape.
    — Alors vous vous êtes rendue dans sa chambre. La porte était fermée à clef, mais Lady Aliénor avait confiance en celle qui était constamment aux petits soins pour elle. Elle vous a ouvert et ensuite…
    Corbett leva les yeux : le soleil d’automne commençait à percer la brume épaisse.
    — En bonne tueuse à gages, vous lui avez rompu la nuque. Cela ne pose aucun problème à un expert, me suis-je laissé dire. Une simple question de toucher ! Il faut savoir où poser les doigts et effectuer un rapide mouvement de torsion.
    Les mains d’Agatha sortirent soudain de sous sa cape. Corbett se raidit, mais la jeune femme ne fit qu’écarter les mèches blondes de son front. Puis elle pencha légèrement la tête de côté, le regard rivé sur le clerc, et esquissa un sourire comme s’il lui avait raconté une histoire drôle ou passionnante.
    — Vous êtes vraiment habile ! lui lança-t-elle, avec un petit air d’innocence. Vraiment ! Mais vous oubliez que j’étais dans la sacristie, en train de préparer l’office de complies !
    — Je n’en doute pas, s’écria Corbett d’un ton rogue.
    — Et rappelez-vous, jeta-t-elle d’une voix moqueuse, que Dame Martha et Dame Élisabeth ont affirmé avoir vu Lady Aliénor déambuler sous leur fenêtre, juste avant complies !
    Elle écarquilla les yeux :
    — Comment une morte peut-elle marcher, saluer et parler ?
    — Elles ont vu quelqu’un. Elles ont cru que c’était Lady Aliénor, revêtue de sa cape et de son capuchon, mais, bien sûr, c’était vous. Après l’avoir tuée, vous avez pris sa bague et l’une de ses capes. Ensuite, dûment déguisée, vous êtes descendue dans la cour et vous êtes dirigée vers la chapelle. Comme vous l’escomptiez, Dame Martha vous a aperçue et hélée. Vous vous êtes retournée et avez crié quelque chose en la saluant de la main. Les deux dames étant sourdes, peu importait ce que vous disiez ou comment vous le disiez ; elles ne soupçonneraient rien. De plus, elles vous confondaient avec Lady Aliénor, à cause de leur mauvaise vue, due à leur grand âge. Après tout, vous et la disparue aviez un petit air de ressemblance : vous étiez, toutes les deux, jeunes et blondes, sans compter que vous portiez sa cape et sa bague.
    Corbett sourit :
    — N’oubliez pas que les gens voient ce qu’ils s’attendent à voir.
    — Mais que serait-il arrivé si quelqu’un m’avait croisée ?
    — Qui aurait osé s’approcher de la hautaine Lady Aliénor ? La prieure se trouvait à la chapelle, les autres religieuses préparaient l’office de complies, et le trajet était très court. Une fois parvenue à la porte de la sacristie, derrière la chapelle, vous avez enlevé et caché habit et bague. Puis, redevenueDame Agatha, la religieuse consciencieuse, vous êtes entrée dans la sacristie. Vous vous êtes arrangée pour faire croire, du moins aux yeux de vos compagnes, qu’au moment où vous arriviez dans la chapelle Lady Aliénor était encore en vie ! Vous avez commis une autre erreur, bien sûr ! Vous espériez que Dame Martha verrait ce que vous vouliez qu’elle vît : une femme portant la cape et la bague de Lady Aliénor et qui ne pouvait être qu’elle. Mais la vieille dame avait toute sa tête ! Lorsque vous avez agité la main, le gros saphir a étincelé au soleil. Elle avait beau avoir une mauvaise vue, elle discerna l’éclat du joyau. Or vous l’aviez passé à la main gauche alors que Lady Aliénor le portait toujours à la main droite. Cela a frappé Dame Martha et explique la phrase énigmatique qu’elle répétait constamment : Sinistra, non dextra . La gauche, pas la droite. Elle ne comprenait pas ce changement.
    Agatha s’approcha encore. Elle avait perdu de son arrogance, mais redoublé de vigilance, remarqua Corbett. Elle lui barrait le chemin, comme pour
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