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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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Introduction
    Carthage
s’éveillait à peine lorsqu’une lourde quinquérème, sa grande voile rouge
déployée, se présenta à l’entrée du port marchand. Arrivé bien après le coucher
du soleil en vue de la ville, le navire avait dû mouiller dans la baie toute la
nuit. La règle ne souffrait aucune exception. Chaque bateau se présentant alors
que la pesante chaîne de fer barrant l’accès au chenal avait été abaissée
devait attendre qu’elle soit relevée, au matin, par de robustes esclaves
libyens. Parce qu’ils étaient astreints à cette tâche essentielle à la sécurité
de la cité, ces hommes n’étaient pas traités comme une quelconque main-d’œuvre
servile. Ils étaient abondamment nourris mais l’usage du vin leur était
interdit car on devait pouvoir compter sur eux à tout moment. Cette
restriction, dont la transgression valait au contrevenant la mort, était bien
peu de chose à côté des soins attentifs dont ils étaient l’objet. Des masseurs
veillaient à assouplir les muscles des esclaves et à oindre leurs corps d’huile
avant le début de leur labeur. Les contremaîtres, pourtant réputés pour leur
exigence, y réfléchissaient à deux fois avant de les faire fouetter et un tel
châtiment était en réalité appliqué avec parcimonie à quelques jeunes recrues
dont il fallait briser la volonté.
    Ce ne
serait pas le cas aujourd’hui. Dès l’annonce de la présence du bateau à
proximité des ports, des ordres avaient fusé de partout. Du haut de la tour de
l’Amirauté, Bomilcar, l’officier de garde, avait en effet reconnu l’un des
navires envoyés il y a plusieurs mois de cela à Rosh Laban, en Ibérie, avec, à
son bord, le sénateur Carthalon. Un détail retint toutefois son attention :
l’on ne voyait pas, à la proue, les pommes de pin et les mains de Baal,
emblèmes traditionnels de la cité d’Elissa. C’était là une marque de deuil et
chacun, dans l’arsenal, se mit à supputer quel personnage important avait pu
succomber au cours de ce long périple.
    — Le
fils de Baalyathon, ce maudit Carthalon, n’a pas supporté la fatigue du voyage
jusqu’aux colonnes de Melqart, murmura un aide de camp. Son père a eu tort de
vouloir se débarrasser d’Hamilcar, son vieil ennemi, car c’est dans sa propre
maisonnée que les pleurs et les cris retentiront bientôt. Cela nous réserve
quelques surprises car les siens chercheront à venger la mort de son rejeton,
soit sur les partisans des Barca, soit sur ceux de ses amis qui lui avaient
suggéré de confier cette mission à son fils. Il faut dire que ce dernier est
plus fait pour le commerce que pour les affaires militaires et politiques.
    — Surveille
tes dires, lui rétorqua Bomilcar. Tu as peut-être raison mais n’oublie pas que
Carthalon a des espions partout, y compris dans cette enceinte, et que tes
propos pourraient lui être rapportés. Au mieux, ils te vaudront l’exil, au pis
la croix.
    — Merci
de ton avertissement. Ma franchise prouve simplement la confiance absolue que
j’ai en toi. Patientons donc jusqu’à ce que la quinquérème accoste pour en
savoir plus.
    Après
d’interminables minutes d’attente, le vaisseau pénétra dans le cothôn, le port
militaire, et se rangea devant une loge encadrée par deux hautes colonnes de
marbre blanc et surmontée d’une frise de stuc. Les officiers eurent la surprise
de voir Carthalon, qu’ils s’imaginaient mort, arpenter fiévreusement le pont
puis s’engager à petits pas prudents sur la passerelle jetée à partir du quai.
L’homme avait l’air sombre et inquiet.
    — Salut
à toi, noble sénateur. Je suis heureux de te savoir en vie et te souhaite la
bienvenue à Carthage, fit Bomilcar. Pourquoi ces signes de deuil sur ton
navire ? Es-tu porteur de mauvaises nouvelles ?
    — Je
ne puis rien te dire avant d’avoir rendu compte de ma mission devant le Conseil
des Cent Quatre et le Sénat. Fais prévenir tous ses membres que je suis de
retour et qu’ils me retrouvent au temple d’Eshmoun le plus rapidement possible
pour entendre une communication de la plus haute importance. En attendant que
tous répondent à cette convocation, je prendrai un peu de repos dans tes
appartements si tu n’y vois pas d’inconvénient.
    — Tes
ordres seront exécutés sur-le-champ. Suis-moi, je te conduis jusqu’à ma chambre
où mes esclaves se tiendront à ta disposition pour satisfaire le moindre de tes
désirs.
    Dès qu’il
eut installé
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