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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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dont ils rêvent.
    — Tu
oublies que nous sommes là, nous les Barcides, les partisans fidèles jadis
d’Hamilcar, aujourd’hui, d’Hasdrubal, et demain, s’il le faut, d’Hannibal.
    — La
belle affaire ! Des partisans sans chefs, voilà ce que nous sommes
désormais. Il n’y a véritablement pas de quoi se réjouir.
     
    ***
     
    À Mégara,
loin des remous secouant le Conseil des Cent Quatre, la vie s’écoulait
paisiblement. Renvoyés à Carthage après un bref séjour à Gadès auprès de leur père,
Hannibal, Magon et leur cadet Hasdrubal avaient grandi en compagnie du fils de
Juba, Hamilcar le Numide, sous la houlette bienveillante d’Epicide. Quand ce
dernier mourut, emporté par une fluxion de poitrine, il fut remplacé par
Sosylos, un Grec de Tarente, aussi habile rhétoricien qu’amateur de lutte et
d’équitation. Au fil des ans, la vieille maison construite par Adonibaal avait
été considérablement embellie en dépit de l’absence prolongée de son
propriétaire. La fortune amassée sur les rives du Bêtis avait permis à Hamilcar
d’ordonner la construction de nouvelles ailes et la rénovation des parties les
plus anciennes du palais familial. Pour ce faire, les marbres les plus précieux
avaient été acheminés de Sicile et l’on avait fait venir à grands frais
d’Athènes des peintres réputés pour couvrir les murs de fresques retraçant les
exploits de Melqart ou ceux d’Alexandre le Grand. Ornés de motifs d’or et
d’argent, les meubles en bois précieux, aux essences odoriférantes,
s’entassaient dans les pièces tout comme les torchères de bronze et les tables
aux pieds délicatement ouvragés. Quant au jardin, il avait été considérablement
agrandi et les plantes les plus rares y poussaient, entretenues par des
dizaines d’esclaves arrachés à leur terre natale.
    A l’issue
de la période rituelle de deuil qu’ils observèrent, reclus et prostrés, dès
qu’ils avaient appris la mort de leur père, les trois fils d’Hamilcar reçurent
la visite d’Himilkon, chargé de leur annoncer, au nom du Sénat, leur prochain
départ pour Gadès. D’emblée, le chef du parti barcide fut frappé par les
changements intervenus chez Hannibal depuis leur dernière rencontre, plusieurs
mois auparavant. L’enfant était devenu un adolescent aux cheveux bouclés, au
nez aquilin et au regard empreint d’une mâle assurance. De haute taille et bien
proportionné, il avait une musculature puissamment développée par la pratique
quotidienne des jeux du stade. N’eût été son teint cuivré propre aux
Phéniciens, on l’eût volontiers pris pour un éphèbe athénien à la peau hâlée
par le soleil d’Afrique. Ses frères se tenaient respectueusement à ses côtés et
le dévoraient des yeux.
    — Hannibal,
fit Himilkon, la voix tremblante d’émotion, le peuple de Carthage s’associe à
votre chagrin et conservera toujours vivante en son cœur la mémoire de votre
père, grâce auquel nos emblèmes continuent à flotter des deux côtés de la
grande mer. Son gendre, Hasdrubal, a souhaité que toi et tes frères le
rejoigniez à Rosh Laban et le Conseil des Cent Quatre a donné son accord. Quand
pouvez-vous partir ?
    — Sur
l’heure s’il le faut, répondit l’aîné.
    — J’apprécie
ton sens de la discipline mais je gage que tu dois auparavant régler bien des
détails.
    — Je
n’ai aucune raison de retarder notre départ. Notre intendant sait ce qu’il y a
à faire et administrera fort bien nos propriétés. Il me tarde de retrouver les
rives du Bêtis et le temple de Gadès où mon père nous conduisit jadis pour
consulter un oracle.
    — Un
certain Azerbaal, prêtre fugitif du sanctuaire de Baal Hammon.
    — Comment
le sais-tu ?
    — Mon
devoir est de tout connaître de ce qui peut concourir à la gloire des Barca.
    — Tu
n’ignores donc pas qu’il m’a prédit une destinée exceptionnelle.
    — Celle
dont ton père rêvait pour toi et tes frères. Ici même, alors que vous étiez des
bambins à peine capables de tenir debout sur vos jambes, il me disait en vous
désignant : voici les jeunes lionceaux que j’élève pour qu’ils attaquent
un jour la louve romaine. Le temps est venu pour vous de faire la preuve qu’il
ne se trompait pas.
    — Melqart
y veillera. J’ai une faveur à te demander.
    — Laquelle ?
    — Hamilcar
le Numide, le fils de Juba, a grandi à mes côtés et je souhaite
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