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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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qu’il
m’accompagne.
    — Je
m’attendais à cette requête et j’ai interrogé à ce sujet le Conseil des Cent
Quatre. Ses membres souhaitent que ce jeune homme regagne les États de son
grand-père, le vieux roi Gaïa.
    — Mais
c’est mon ami !
    — Tu
es trop jeune pour comprendre certaines choses et le mal que peuvent faire des
rumeurs infondées sur la nature de l’amitié entre deux jeunes gens.
    — Peu
importe. Nous avons, nous les Barca, une dette envers Juba et les siens.
    — Carthage
aussi. C’est la raison pour laquelle le frère cadet de Juba, Masinissa, ira
servir en Ibérie sous les ordres d’Hasdrubal. Au même titre d’ailleurs qu’un
autre prince d’une tribu rivale de la sienne, Syphax. De la sorte, Massyles et
Masaesyles seront associés comme dans le passé à la gloire et à
l’agrandissement du domaine de notre cité.
    — Hamilcar
me manquera mais il m’en coûterait de désobéir aux ordres de nos magistrats.
Fais-moi savoir en temps utile quand l’heure sera venue pour nous de quitter
notre patrie.
    De longs
mois passèrent avant le grand départ. Hamilcar le Numide repartit, le cœur
lourd, chez les siens. Syphax le Masaesyle et Masinissa le Massyle ne
paraissaient, quant à eux, guère pressés d’abandonner leurs montagnes et leurs
forêts pour se présenter à Carthage. Ils arrivèrent séparément, chacun de leur
côté, comme pour bien montrer que l’alliance de leurs peuples respectifs avec
la cité d’Elissa était leur seul point en commun. Nettement plus âgé, Syphax
était un adolescent à la taille élancée, aux muscles déjà forts et noueux.
Élevé par un précepteur grec, il maniait à la perfection la langue d’Homère et
Sosylos ne manqua pas, dès le début, de se moquer de son amour immodéré de tout
ce qui avait trait à l’Hellade. Masinissa, bien qu’aussi instruit que son
rival, demeurait fidèle aux traditions et aux coutumes de son peuple dont il
rappelait avec fierté les hauts faits, non sans une certaine maladresse.
    Deux jours
à peine après son installation à Mégara, il commit une
faute – était-elle consciente ou inconsciente ? – en
discutant avec Hannibal alors que le soir tombait sur les splendides jardins de
la villa. Les deux adolescents, qui cherchaient à s’impressionner mutuellement,
s’étaient lancés dans une interminable discussion sur l’origine de leurs aïeux
et la noblesse de leur lignage. Croyant amadouer son nouveau compagnon,
Hannibal avait jugé habile de rappeler que les fugitifs conduits par Elissa
n’avaient pu fonder leur ville que grâce à la générosité de Hiarbas, le roi des
Mazyces. Il ne fut pas peu surpris d’entendre son interlocuteur lui répliquer
avec un bel aplomb :
    — Mon
ancêtre a agi sagement et conformément aux lois de l’honneur. Ce serait une
grave faute de notre part que de contester ces acquis immémoriaux mais eux
seuls sont au-dessus de tout litige.
    — Qu’entends-tu
par là ?
    — Vos
droits, à mes yeux, se limitent à la colline de Byrsa et au territoire que
votre reine a délimité en découpant en fines lanières une peau de bœuf. Tout le
reste nous appartient.
    — Mais
tu sais que le domaine de notre cité s’étend bien au-delà de ce site originel
et que nous ne renoncerons pas aux agrandissements opérés par la suite.
D’ailleurs, les traités conclus depuis entre nos deux peuples ont entériné
cette situation. Dois-je conclure que tu ne reconnais pas ces pactes
immémoriaux ?
    — Par
Melqart, ton dieu, tu prends mes propos trop au sérieux. Nous sommes à peine
sortis de l’enfance et voilà que nous nous occupons à faire de la haute politique
et à dépecer nos possessions comme si nous déchiquetions à belles dents un
morceau de viande. Il y a mieux à faire et j’ai simplement voulu te montrer
qu’à trop remuer le passé, l’on prend des risques inutiles.
    Hannibal
se garda bien de faire part à quiconque de cette conversation tout en se
promettant de ne jamais la chasser de sa mémoire. Il avait deviné en son
interlocuteur un être de sa trempe dont il était préférable de gagner l’amitié
et la confiance. Syphax lui faisait cruellement regretter Hamilcar le Numide
dont il n’avait ni l’intelligence ni la prudente réserve. Mais, là encore, le
fils d’Hamilcar Barca prit soin de dissimuler ses sentiments. Réfléchissant aux
propos de son interlocuteur, il estima que celui-ci avait voulu éprouver ses
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