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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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son interlocuteur, Bomilcar dépêcha en ville des messagers afin de
convoquer les sénateurs. Vers le milieu de la matinée, une foule nombreuse et
bruyante se pressait autour du temple situé sur la colline de Byrsa et
commentait avidement l’arrivée des principaux magistrats de la cité dont le
visage reflétait l’inquiétude. Escorté par une garde impressionnante, Carthalon
fut le dernier à pénétrer dans l’édifice dont les imposantes portes de bronze
se refermèrent sur lui.
    Ses pairs
l’observèrent remonter lentement la nef du temple, s’arrêtant parfois pour
saluer certains de ses partisans ou pour écarter d’un geste méprisant un vil
opportuniste qui tentait de se concilier, mais trop tard, ses faveurs. Après
s’être incliné devant la statue du dieu, il se tourna vers les assistants et,
d’une voix ferme, prononça ces mots :
    — Carthaginois,
j’ai une triste nouvelle à vous annoncer et j’ai tenu à réunir les membres de
votre auguste assemblée pour vous en donner la primeur car elle risque fort de
provoquer des troubles en ville dès qu’elle sera connue. Notre réunion nous
permettra de prendre les mesures adéquates pour prévenir tout désordre.
    À
l’annonce de ce danger imprévu, un frisson parcourut l’assistance et Hannon le
grand, l’un des hommes les plus influents du Conseil des Cent Quatre, ne put
s’empêcher de gronder :
    — Carthalon,
au lieu de nous faire perdre notre temps avec tes sous-entendus et de ménager
tes effets, va droit au but. Quelle catastrophe es-tu chargé de nous annoncer ?
    — Hamilcar
Barca est mort.
    Un long
silence suivit cette annonce, brisé bientôt par les cris, les vociférations et
les larmes des partisans du fils d’Adonibaal. L’un d’entre eux, Himilkon,
s’avança, l’air menaçant, vers l’orateur :
    — Dis
la vérité ! Toi et les tiens l’avez condamné à mort sous un faux prétexte
et tu étais chargé par tes complices de faire exécuter la sentence. C’était
donc là le but de ton voyage à Rosh Laban.
    — Himilkon,
tu déraisonnes et je pourrais exiger que tu sois durement châtié. Je ne le
ferai pas car tu parles sous l’effet du chagrin et je respecte ta douleur.
Sache que, moi aussi, je pleure la mort de notre vaillant général. Je le
connaissais depuis que nous étions enfants et je l’appréciais même si nous
étions souvent en désaccord quant à la conduite des affaires publiques. Sa mort
est un rude coup pour notre cité dont la richesse dépendait en partie des
convois d’or, d’argent et de fer qu’il nous faisait parvenir chaque année. Il a
péri les armes à la main, en tentant de repousser une attaque des montagnards
orisses alors qu’il assiégeait la cité d’Héliké, désormais aux mains de nos
troupes. J’ai veillé personnellement à ce que des funérailles grandioses soient
organisées en son honneur à Gadès où il repose dans l’enceinte sacrée du temple
de Melqart, la divinité protectrice de sa famille. En accord avec son gendre
Hasdrubal, que j’ai désigné comme chef de notre armée en Ibérie, j’ai fait
voile immédiatement vers Carthage pour vous annoncer cette terrible nouvelle et
je suis porteur d’une requête formulée par le gendre d’Hamilcar.
    — Quelle
est-elle ? fit Hannon le grand. Veut-il que nous le désignions comme
suffète et que nous lui remettions les rênes du pouvoir ? Cette impudente
exigence ne m’étonnerait pas de la part d’un membre de la famille Barca.
    — Là
encore, tu es dans l’erreur et c’est à ton tour de céder à la colère et à la
jalousie sans avoir, comme Himilkon, l’excuse de la douleur. Non, Hasdrubal
souhaite simplement, afin de pouvoir continuer l’œuvre de son beau-père en
Ibérie, que nous autorisions ses beaux-frères, les fils Barca, Hannibal, Magon
et Hasdrubal le jeune, à le rejoindre à Rosh Laban afin qu’il puisse leur
apprendre le métier des armes et qu’ils lui succèdent un jour.
    — Cette
touchante sollicitude familiale ne doit pas nous abuser : voilà Hasdrubal
transformé en protecteur de l’orphelin, fit Hannon le grand. J’en pleurerais
presque pour de bon. C’est là l’ultime ruse de ce perfide qui a dû son
élévation rapide dans la hiérarchie aux faveurs contre nature qu’il a accordées
à son beau-père dont nous connaissons tous les mœurs dépravées, héritées de
celles des Grecs. La chose est limpide comme l’eau qui coule de nos
fontaines : sans
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