Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
Vom Netzwerk:
arrière-petits-enfants soient les témoins d’un tel
événement.
    — Nous
sommes des êtres patients et le temps ne compte pas pour nous. La guerre de
Troie, si lointaine pour toi, est pour nous un épisode récent de notre
histoire. C’est pourquoi je crois à cette prédiction. Tôt ou tard, une lueur
viendra de l’Orient et sa flamme ravagera Rome, à la plus grande joie de tous
nos peuples.
    — Cessons
avec tes prophéties et allons dormir. Une partie de chasse nous attend demain
et j’entends bien ramener plus de prises que toi.
    L’équipée
n’eut pas lieu. Tard dans la nuit, un messager venu de Brusia avertit que Titus
Quinctius Flaminius était arrivé la veille à Brusia. Reçu en audience par
Prusias, il avait ordonné au monarque de conclure un nouveau pacte d’amitié
avec le Sénat et, en gage de bonne volonté, de lui livrer son invité. Faute de
quoi, les légions stationnées à Pergame marcheraient contre son royaume et le
détruiraient. Terrorisé, le souverain bithynien n’avait pas hésité un seul
instant. Des soldats de sa garde étaient déjà en route pour le palais du chef
punique, accompagnés par deux revenants, Cléarchos et Diophanès, les
contremaîtres fugitifs qui connaissaient les plans de la demeure et avaient
proposé leurs services au consul.
    Aussitôt,
Hannibal ordonna à ses serviteurs de préparer quelques affaires et d’embarquer
à bord de son navire les coffres contenant le reste de sa fortune. Il voguerait
vers l’est à la recherche d’un nouveau refuge où il pourrait peut-être enfin
édifier la cité destinée à accueillir ses derniers partisans. La mine défaite,
l’intendant ne tarda pas à revenir :
    — La
maison est déjà cernée par les hommes de Prusias.
    — Prenons
les souterrains. Si la chance nous sourit, l’une des issues n’est peut-être pas
gardée.
    — Elles
le sont toutes. Tes anciens contremaîtres ont fait diligence et seront sans
doute largement récompensés pour leur trahison.
    — Fais-moi
apporter une coupe de vin. Je crois que ma longue vie s’achèvera ici
aujourd’hui.
    — Pourquoi
ne pas périr les armes à la main ? lui suggéra Aristée.
    — Trop
de sang a déjà été versé, mon ami. Ils n’en veulent qu’à ma personne et vous
laisseront libres de repartir, une fois leur forfait accompli.
    — Si
tu meurs, je veux mourir à tes côtés.
    — Souviens-toi
de notre dernière discussion. Tu es le dépositaire de ma mémoire et je t’ai
désigné comme mon héritier puisque je n’ai pas de descendant direct. Voici les
documents rédigés de ma main et qui te donnent tous mes biens. J’apprécie ta
fidélité sans faille mais il faut bien qu’un homme investi de ma confiance soit
là pour accueillir le fameux souverain dont tu me parlais avec autant de
conviction.
    L’intendant
remit à Hannibal la coupe de vin qu’il avait demandée. Le fils d’Hamilcar y
versa le poison contenu dans le chaton de ses bagues puis, se tournant vers
Aristée, lui dit :
    — Après
tant d’années, les Romains tremblent comme des femmes dès qu’on mentionne mon
nom et ma présence dans un lieu. Ils n’ont pas la patience d’attendre que la
maladie les débarrasse de moi. Je ferai donc preuve de mansuétude à leur égard
en les délivrant de leurs peurs. Titus Quinctius Flaminius va remporter sa
dernière victoire qui ne lui vaudra pas un triomphe dans les rues de sa cité.
Plus tard, les poètes et les historiens le maudiront et l’accableront de
reproches. À juste titre. Toutefois, j’espère qu’ils réserveront leurs flèches
les plus perfides à Prusias qui a trahi les lois les plus sacrées de
l’hospitalité. Puisse-t-il être maudit et son royaume être détruit
prochainement ! En cet instant fatidique, c’est à Melqart, le dieu
protecteur de ma famille, que j’adresse ma prière. Je souhaite qu’il me tienne
compagnie dans la longue route qui s’ouvre devant moi et où nul être humain ne
pourra me servir de guide. Adieu à vous tous. Je suis fier de vous avoir eus
pour amis et pour serviteurs et votre présence me procure une joie qui
atténuera mes souffrances d’un moment.
    Au loin,
l’on entendit du bruit, des pas courant en tous sens. Les soldats de Prusias
avaient forcé l’entrée du palais et se répandaient dans les pièces, à la
recherche de leur proie. Hannibal porta la coupe à ses lèvres et la but d’une
traite. Un long frisson secoua son corps et il s’écroula
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher