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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
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une tape sur l’épaule de Barcelona. Tu deviendras un très bon cueilleur d’oranges quand la guerre à Adolf sera perdue.
    Ils se levèrent tout contents. Le gendarme fut retourné sur le dos et on lui fit les poches d’une main exercée. Petit-Frère exhiba une pince. Du canon de son revolver il ouvrit la bouche du major et trois dents en or disparurent dans le petit sac.
    – Ce péteux de colonel m’en a volé deux, dit-il. Et il crache dans la direction des cheveux blancs qui émergeaient encore de la vase.
    – Le conseil de guerre s’est ajourné pour l’éternité, pouffa Barcelona. Allez au diable, tas de salauds !
    Ils s’assirent un instant pour faire le compte du butin de Petit-Frère : quatre-vingt-six dents d’or. Leur propriétaire en essaya une là où une dent manquait à sa propre mâchoire.
    – Tu crois qu’il faut que j’en prenne une pour moi ?
    – Ça non, c est trop dangereux. Tu sais bien que Porta en fait aussi collection. Moi j’aimerais -pas en avoir dans ma bouche.
    Petit-Frère remit les dents dans son sac.
    – Des fois qu’il en aurait ? dit-il en montrant le cadavre du gendarme. Je les aurais bien vues quand il nous engueulait, mais on peut toujours vérifier. – Il saisit des deux mains la mâchoire du mort et inspecta sa dentition. – Quelle misère ! Il lui en manque trois et presque toutes les autres sont noires. Etre feldwebel et pas soigner ses dents ! C’est honteux !
    Tous deux se remirent sur leurs pieds et continuèrent leur chemin. Tous les sens en éveil, ils avançaient pas à pas. Soudain, quelque chose remua dans les roseaux. Petit-Frère tira de la hanche et des cris perçants attestèrent qu’il avait touché juste.
    – Une veine ! C’étaient les candidats au suicide avec leurs couteaux à maïs. S’ils nous étaient tombés dessus, on avait la gorge tranchée.
    – C’est dégoûtant de crever par ici. On s’enlise avec ses dents sans qu’un pauvre type ait sa chance !
    La nuit tombait lorsque les deux soldats rentrèrent dans la petite ville roumaine, et le récit de leurs aventures se fit à grand renfort de vodka et de saucisson. Le Vieux tirait sur sa pipe à couvercle et graillonnait.
    – Pas à en douter, nous sommes coupés. Julius et Sven ont été vers l’arrière et sont tombés sur une compagnie d’infanterie soutenue par des chars. – Il montra Porta. – C’est toi et le Roumain qui avez été sur la plage ? Avez-vous vu des tirailleurs ?
    – Assez pour emmerder l’existence. On n’a pas du tout envie de faire une saison de bains de mer.
    – Hmmm ! – Alte tirait sur sa pipe de plus en plus fort. Il se pinça le nez, signe de réflexion profonde. – Comment passer au travers ?
    – Les Russes arrivent ? cria une des filles vêtue de lingerie verte qui jouait aux dés avec un caporal roumain.
    Personne ne répondit. Elle fit cameron et oublia les Russes. Le Vieux étala une carte, sur laquelle il se pencha en compagnie du légionnaire.
    – Ici, je crois qu’on pourrait passer, dit le légionnaire dont le doigt glissa le long d une ligne verte ondulée.
    – Soixante kilomètres de marais et de forêts denses, murmura Alte après avoir coté la ligne, mais c’est notre unique chance.
    Petit-Frère, qui buvait goulûment, demanda soudain :
    – Où est notre boxeur de piano ? J’aime bien la musique quand on mange.
    – S’est foutu une balle dans le crâne, répondit Heide.
    Le géant bondit sur ses pieds :
    – Pas possible ! Où est le macchabée ?
    – Tu peux t’éviter la peine, ricana Porta. – Et il exhiba une dent en or.
    Alte se leva et rectifia son armement.
    – On file. A chaque instant Ivan peut être là, alors vous savez ce qui nous attend. Toi, Heide, débrouille-toi pour que les filles aient chacune un revolver.
    – Mais on ne sait pas tirer ! dit l’une d’elles.
    – Vous cognerez avec la crosse. Entre les deux yeux.
    Nous sortîmes de la ville en hâte, direction des marais. En tête, trottaient Petit-Frère et Porta qui étaient de première force pour repérer un chemin. Au cours d’une brève halte dans un bois épais, nous entendîmes derrière nous une violente fusillade.
    – Ivan est arrivé, gloussa Porta.
    – Vite ! En avant !
    La curieuse colonne reprit la route. Cinq fantassins russes qui gardaient un pont oublièrent de tirer, telle fut leur stupeur devant le soldat qui sortit du bois ; ce soldat avait sur la tête un haut-de-forme
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