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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
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interlocuteurs.
    – S’il fallait croire à cette histoire, dit le colonel au major, cela passerait l’entendement. Une enquête s’impose. Tout cela est des plus louches.
    – Pas très malin, gloussa Petit-Frère, mais tu deviendras plus futé quand tu auras causé avec Le Borgne.
    Cette fois, le colonel explosa :
    – J’exige d’abord que vous changiez de ton quand vous me parlez. Ensuite, vous verrez ce qui se passera quand j’aurai devant moi votre commandant.
    – Dodo, murmura Petit-Frère.
    Toute couleur quitta le visage du colonel. Il avala sa salive, sa gorge laissa fuser de drôles de bruits. Petit-Frère souriait, attendant la suite. Il n’y eut pas de suite, mais le major, le procureur du tribunal, avança d’un pas et porta sa main là où aurait dû se trouver son revolver. Soudain, il se souvint qu’il ne l’avait plus, les Russes s’en étaient emparés. Sa main s’arrêta un instant, hésita, puis retomba à son côté.
    – Je vous ferai passer en conseil de guerre, gronda-t-il.
    – Ou. avec la potence ou le mur. On connaît. – Et Petit-Frère se tourna vers Barcelona. – Tu as une sèche ?
    Sous eux, le sentier de branchages qui traversait le marais roulait comme un esquif sur de longues houles. Petit-Frère marchait en tête, le fusil mitrailleur pointé de biais ; derrière lui, Barcelona était prêt à faire feu au moindre signe suspect. Pas un arbre ne leur échappait. Partout guettait la mort.
    Le colonel, peu habitué à ces sentiers mouvants, marchait péniblement. Il avait perdu toute sa jactance ; son uniforme gris clair n’était qu’une plaque de boue, le haut col à moitié arraché, les culottes de cheval déchirées. Ses cheveux blancs brillaient çà et là entre les taches vertes de l’eau sale.
    il soufflait, il avait peur… C’était un monde inimaginable, un rêve atroce, un cauchemar… Lui, un colonel juriste, juge au conseil de guerre, se voir parmi ces soldats puants, ces repris de justice ! Mon Dieu, retrouver au plus tôt un lit, un lit blanc et parfumé…
    Tout à coup, il trébucha sur le dangereux sentier, perdit l’équilibre et glissa comme une couleuvre au marais. U poussa un cri perçant. Ses lèvres tremblaient. En se débattant, il agrippa une branche qui cassa net, et il nota qu’il s’enfonçait lentement. Il criait avec désespoir. Un oiseau effrayé s’envola. Il saisit une autre branche qu’il cassa comme la première.
    Petit-Frère et Barcelona s’arrêtèrent.
    – Qu’est-ce que tu fais là-dedans ? dit Petit-Frère avec une brutale gaieté.
    Aucun d’eux ne fit un geste pour porter secours au vieil homme qui ne supportait pas l’odeur de soldat mal lavé.
    Le major s’agenouilla pour essayer d’atteindre le colonel, mais n’y parvint pas ; le gendarme enleva sa veste et la lança au malheureux qui l’attrapa au vol. A eux deux, ils se mirent à tirer l’enlisé mais sans succès. L’homme était comme vissé. Le marais ne lâche pas si facilement sa proie.
    – Tu ferais mieux de rester tranquille, camarade, recommanda Petit-Frère. Tu t’enfonceras moins vite et la vie durera plus longtemps. – Il roula une cigarette qu’il partagea avec Barcelona et tous deux restèrent silencieux à regarder l’homme qui disparaissait. – Il en a pour au plus cinq minutes, prédit le géant. Ensuite, il lui faudra manger le marais s’il veut remonter.
    Le major se releva d’un bond :
    – Aidez-nous tout de suite ! C’est un ordre !
    – Ta gueule ! gronda Petit-Frère.
    L’officier ramassa une grosse branche. Lentement, il marcha vers les deux hommes qui le regardaient curieusement, et il leva la branche. Petit-Frère sourit et le coup de feu claqua. Un claquement sec. Méchant. Le major lâcha la branche, leva les bras et tomba.
    Les deux soldats du même mouvement se collèrent au sol.
    – Où est l’autre ? chuchota le géant en serrant son arme contre son épaule.
    – Je pense là-bas, dans les sapins. Mais le cochon aura moins de patience que nous ; on va bien voir.
    Petit-Frère eut un rire de gorge :
    – On l’aura. Je sens qu’il nous guette. Ne bouge pas.
    Le gendarme s’était en effet jeté par terre à côté du major mort. Il redressa un pied et ce fut suffisant. Un coup claqua. Il tenta de se lever. Un autre coup, et un corps couvert de brindilles roula sur le sentier. Le casque et le fusil de précision brillèrent.
    – Tu as bien fait ça, dit Petit-Frère en donnant
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