Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
Vom Netzwerk:
COMMANDO SPECIAL
    La neige tournoyait sur la steppe sans bornes. D’épais nuages de flocons giflaient les chars qui s’alignaient en compagnies serrées, les unes derrière les autres, sur ce qui devait constituer une chaussée. Les équipages se vautraient sous les véhicules, ou se blottissaient du côté abrité pour protéger leurs visages gelés de la morsure de la tempête.
    Petit-Frère logeait sous notre Panzer 4. Porta s’était confectionné entre les chenilles une espèce de matelas. Il ressemblait à une grosse chouette de neige, sa tête rentrée dans les épaules ; entre ses jambes, le légionnaire s’accroupissait, gelé.
    La folle avance était arrêtée pour le moment, sans que personne nous en ait donné la raison ; d’ailleurs, tout le monde s’en fichait. Demeurer ici à attendre ou faire quelque chose d’autre, peu importait. C’était toujours la guerre.
    Julius Heide, terré dans un trou, proposa une partie de 17-4, mais nos doigts étaient si gourds qu’ils n’auraient pu tenir une carte. Le légionnaire avait de sérieuses gelures aux mains et aux oreilles. Le liniment distribué dans ces cas-là paraissait les aggraver ; Porta l’avait jeté dès le premier jour en disant qu’il puait le caca de chat.
    Alte arriva vers nous en soufflant. Il sortait de chez le commandant. Son fusil mitrailleur tomba dans la neige avant qu’il ne s’y jetât lui-même.
    – Que dit le fumier ? demanda Porta en regardant ses mains couvertes d’engelures purulentes.
    Alte ne répondit pas. Il se mit à bourrer sa pipe, la vieille pipe à couvercle qu’il s’était fabriquée lui-même. Le légionnaire lui tendit son briquet ; c’était le meilleur briquet du monde qui ne ratait jamais ; il l’avait fait d’une boîte de plomb et de quelques chiffons de toile calcinés, d’un bout de bois muni d’un fragment de silex, et d’un morceau de lame de rasoir. La lame tirait une étincelle du silex, les chiffons grésillaient, on allumait pipe ou cigarette, pans tout s’éteignait lorsqu’on fermait le couvercle ; la pire tempête n’empêchait pas le briquet de fonctionner et sa petite lueur était bien moins visible, la nuit, que celle d’une allumette enflammée.
    – Alors, qu’est-ce qu’il a dit ? demanda Porta en crachant avec impatience.
    Petit-Frère se battait les cuisses pour se réchauffer.
    – Jésus, qu’il fait froid ! (Il frotta avec précaution son visage parcheminé.) Croyez-vous que le printemps est encore loin ?
    – Imbécile ! ricana Porta, c’est Noël dans trois semaines. Ça ne fait que commencer. Mais tu n’auras pas de cadeaux, sauf un peut-être, et dans le crâne, de la part d’Ivan !
    Le Vieux sortit une carte de sa tunique blanche. Ses doigts insensibles l’étendirent sur la neige et, d’un index sale, il montra un point sur le papier bariolé.
    – Va falloir aller là avec la section.
    Petit-Frère surgit entre les chaînes du véhicule et essaya d’épeler le nom du village indiqué.
    – L’endroit où nous nous trouvons s’appelle Kotilnikovo, expliqua Alte en nous regardant. C’est à 30 kilomètres des positions allemandes en dehors de Stalingrad.
    De Kotilnikovo, il faut ailler en direction d’Obilnoje pour jeter un œil sur la concentration des troupes russes. En somme, on va en reconnaissance du côté de Sarpa et le long de la mer. Si on est coupé et qu’on ne puisse pas rentrer – le Vieux eut un rire silencieux – l’ordre est de chercher la liaison avec la 4 e armée roumaine qui est au sud-est de la Volga. A supposer qu’elle existe encore quand nous en serons là.
    Porta éclata de rire et péta bruyamment.
    – Dis donc, vous êtes fous, toi ou le fumier ? Ivan n’est pas aveugle. Il verra nos voitures à cent lieues. Quelle cible !
    Le Vieux se frotta le menton et plissa ses paupières.
    – Non, mon gars, c’est plus raffiné que ça. D’abord, une fois par jour, on devra envoyer un message radio au corps d’armée. – Il s’arrêta en tirant sur sa pipe, puis la retira de sa bouche et s’en servit pour se gratter l’oreille. – Ensuite, on met les uniformes russes et on embarque dans les T 34 qu’on a chopés à Ivan.
    – C’est du suicide ! s’exclama le légionnaire. Imagine qu’Ivan nous pince dans ses guenilles et le derrière dans ses boîtes à étoile rouge, on est bons pour la corde.
    – Je préfère la corde à la mont lente à Kolyma.
    – Des blagues ! siffla le
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher