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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
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inouï ce que le boucher de Neumünster pouvait obtenir avec ses saucissons : par exemple, un bon numéro dans le Parti, d’avant 1935 naturellement, ou l’envoi au front de l’Est d’un créditeur gênant avec la mention en bleu : « Retour indésirable. »
    Le commissaire en veste de cuir arriva dans le prétoire, repoussa en arrière son bonnet de fourrure et prononça des ordres gutturaux. Les survivants du conseil de guerre 4/6 306 furent brutalement chassés hors du bâtiment et entassés à l’arrière d’un T 34 qui, faute de munitions, retournait en position de départ en emmenant les prisonniers.
    Petit-Frère et Barcelona Blom, tapis dans un bosquet de sapins, entendirent arriver le T 34. Les chenilles cliquetaient, le conducteur faisait tourner son moteur inutilement vite ; il avait peur. Son instinct l’avertissait d’un danger. Déjà, deux fois, on s’était fourvoyé et, pour l’heure, Dieu seul savait où on pouvait bien se trouver ! Le commissaire menaçait le conducteur chaque fois que le moteur toussait.
    – Je t’emmerde, pensait le conducteur mais il ne le disait pas. Ce commissaire était un salaud qui arrivait de l’école politique de Moscou. – Si seulement il y avait quelques Fritz pour lui réchauffer le cul ! chuchota l’homme au chargeur.
    – Des fois que ce serait un cercueil de plomb qui rapplique ! gronda Petit-Frère en se redressant sur ses coudes. Ce crétin cherche le suicide ! Tu es d’accord, amateur d’oranges ? On le descend ? Tu me couvres, moi le meilleur soldat du monde, avec ton mitrailleur pendant que je lui attache un pou.
    – Tes pas cinglé ! cria Barcelona. Laisse ce con foutre le camp ! Nous, on est là pour empêcher Ivan d’arriver sur le bordel, et cette brouette sera bien obligée de rester sur le sentier puisqu’il y a le marais à côté. Dès qu’elle aura filé, on met des mines sur le chemin, et quand elle sera à l’eau faudra bien qu’elle revienne. Alors, adieu les collègues.
    – Jésus ! soupira Petit-Frère en montrant le T 34 qui apparaissait dans le lointain. Tiens ! Y a foule à l’arrière… Des nôtres !
    – Tu vas voir que c’est une bande de héros fatigués en route pour Moscou.
    Le moteur du T34 eut quelques ratés sonores puis s’arrêta. Le starter ronronna vainement. On entendit des voix furieuses.
    Petit-Frère rigola et mit son MG en position, la crosse bien serrée contre l’épaule. Il repoussa le melon sur sa nuque pour mieux viser.
    – Fais pas le con ! jura Barcelona. Je te dis qu’on n’est pas là pour ça. Le Vieux a pas commandé de tirer.
    Petit-Frère, riant toujours, saisit le chargeur et sans aucun bruit le glissa dans la chambre. Dans ce genre d’exercice, il était passé maître ; c’était le légionnaire qui le lui avait enseigné.
    Le premier qui tomba fut le commissaire en veste de cuir. Dans sa rage, il avait sauté du char.
    – Ça vous mènera au bataillon disciplinaire ! cria-t-il en menaçant le chargeur et le chauffeur.
    A cet instant, un coup claqua. Un seul. Le commissaire se dressa de toute sa taille, puis s’écroula comme une planche, le visage en avant. Le chargeur du T34 poussa un cri d’effroi :
    – Qu’est-ce qu’il se passe ?
    Tout était enveloppé d’une ouate de silence. On n’entendait que le vent dans la cime des arbres ; puis les grandes grenouilles du marais se mirent à coasser comme si elles commentaient l’événement.
    A l’arrière du char, les prisonniers se tassèrent craintivement. Le colonel avait perdu sa casquette ; ses cheveux d’un blanc de neige luisaient comme de la soie ; il avait l’air d’un bon grand-père et non d’un juge impitoyable.
    – Qui diable a tiré ? demanda le chargeur.
    Personne ne répondit car personne ne savait au juste ce qui s’était passé. Le commissaire, objet muet du drame, était étendu sur le chemin, la face dans une mare de sang, une mare rouge foncé qui s’élargissait sans cesse et sur laquelle un essaim de mouches faisaient déjà bombance.
    Le chargeur se hissa hors de la coupole et sauta sur le chemin. Peu après suivirent le chauffeur et un tirailleur du front, tous deux peureusement serrés l’un contre l’autre et contemplant leur chef mort. Ils se sentaient invraisemblablement seuls dans ce bois ensoleillé.
    Petit-Frère riait silencieusement.
    – Tout à fait comme dans la cour un jour d’exécution ! chuchota-t-il en caressant son arme.
    Très
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