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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
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fuite.
    Plus tard, ce même capitaine écrivit un mémoire sur la retraite stratégique de Tabar Bunary, et ce livre, en usage à l’heure qu’il est dans les écoles militaires, est considéré comme un modèle de la tactique moderne du repliement. Le capitaine est devenu colonel au grand état-major général et obtint la croix de chevalier pour le succès de sa manœuvre. Plus tard encore, lorsqu’il fut dénazifié par les tribunaux, son livre lui valut de nouveaux honneurs.
    Les T34 qui avaient causé cette panique restaient l’un derrière l’autre sur l’étroit chemin, et poussaient des centaines de soldats éperdus vers l’ouest. Quelques isolés qui essayaient de garder la tête froide furent vite submergés par la horde des fuyards. Un major général vola comme une balle dans le marais. Lorsqu’il en sortit, après des efforts désespérés, il se trouva dans l’arrière-garde de la panique : c’étaient tous les blessés sanglants et amputés que d’autres moins atteints transportaient sur leur dos. Le major pleura, mais les larmes n’arrêtent pas les chars russes, fouettés vers l’avant par des commissaires fanatiques.
    Les salves ininterrompues de mitrailleuses fauchaient le bétail humain. Un instant, le major général regarda cet enfer. Avec désespoir, il arracha son col raide et la croix de chevalier qui pendait à son cou ; il ramassa quelques grenades à main, les attacha en bouquet et courut vers le premier T34. Mais, à mi-chemin, il trébucha ; les grenades roulèrent sous le char suivant sans exploser. Le major vacilla un instant tout près des chenilles, et, en essayant de se raccrocher à quelque chose, empoigna un tuyau d’échappement d’où sortaient de longues flammes qui semblaient tirer la langue ; la main grésilla comme un œuf dans une poêle surchauffée, les chenilles agrippèrent un pan de la capote de l’officier et l’homme fut attiré contre les rouleaux. Son cri fut entendu du commandant du char, lieutenant Pimen du 19 e Cosaque, lequel jeta un regard à travers la fente et vit un bras qui avait l’air de saluer.
    – Un nazi se fait pincer le nez, dit-il en riant au chargeur.
    Comme par un immense hachoir, le major général, baron von Bielow, fut réduit en bouillie. Les chars suivants hachèrent les restes ; les mouches et les coléoptères ne tardèrent pas à arriver.
    En Allemagne, la baronne apprit trois mois plus tard que le major était tombé à la tête de ses troupes au cours d’une attaque contre les positions fortifiées soviétiques. Personne ne tombait jamais au cours d’une retraite.
    – Il l’aura bien voulu, ricana un vieux fantassin couché dans le marais avec quatre camarades qui laissaient l’attaque leur passer dessus. Une tactique que seuls connaissent les vieux soldats.
    A Kita, de l’autre côté de la frontière, un conseil de guerre siégeait dans la maison du maire. On avait oublié de leur dire ce qui se passait. Le conseil de guerre avait sur les bras autant de déserteurs qu’on voulait et condamnait à mort sans débrider. Au moment précis où les T 34 et les grenadiers des chars sibériens entraient par la porte est de cette petite ville toute tirée en longueur, c’était le tour d’un fantassin qui avait jeté ses armes.
    Le colonel président du conseil de guerre s’épanouissait dans les paragraphes ; il les adorait ; il pouvait pendant des heures caresser sa bibliothèque d’ouvrages concernant le droit en campagne, et espérait bien qu’après avoir signé sa deux centième condamnation à mort, il serait promu général et rappelé à Berlin, au Conseil juridique du Reich.
    Malheureusement, on n’en était qu’à la cent trente-septième, et il se complaisait à l’idée qu’il n’avait jamais vu pendre ni fusiller un seul de ses condamnés. Toute scène de violence lui faisait horreur. Ses victimes ne représentaient que du matériel juridique ; un mal nécessaire dans l’immense appareil qu’exigeaient la guerre et la victoire.
    Il jeta un regard indifférent sur le fantassin hébété qui allait mourir pendu pour faire un exemple. Un immense gendarme posa sa lourde main sur l’épaule du soldat en loques et dit gentiment :
    – Allons, viens, camarade, c’est fini, tu es supprimé.
    Le condamné sortit de sa stupeur :
    – Non, non ! criait-il en se débattant.
    Le i ; and gendarme connaissait ça. Toute douceur disparut.
    – Cochon ! sifflait-il en même temps que de
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