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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
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lentement, le canon bougea ; son œil se colla au viseur ; avec précaution, il arqua le doigt sur la détente et on aurait dit qu’il en jouissait. Barcelona regardait le doigt qui s’arquait.
    – Finis, je te dis ! Ils nous auront. Le Vieux a bien dit de ne pas tirer !
    – Tu vas me cafarder ? Ces salauds y passeront. C’est pas tous les jours qu’on en trouve d’assez crétins pour descendre de leur brouette ! Cueilleur d’oranges, faut punir ces soldats de carton !
    Les coups giclèrent un à un. Il y eut un écho éclatant. Les grenouilles eurent peur, le bois parut disparaître un instant.
    Les trois soldats de chars tombèrent les uns sur les autres comme des poupées de son. L’officier feldgendarme se dressa et cria terrifié en levant les bras au-dessus de sa tête :
    – Tovaritch, tovaritch ! Pas tirer !
    – T’as vu le héros fatigué ? ricana Barcelona en se relevant sur un genou. Un vrai, avec plaque et toute la merde qui s’est rendu à Ivan. Tue-le, Petit-Frère ! Je hais cette engeance.
    – Himmel ! (Ciel !) cria Petit-Frère en se relevant lui aussi. Tout un conseil de guerre ! Je n’ai pas vu un troupeau de Mongols comme ceux-là depuis bien dix ans. Qu’est-ce que pouvait vouloir Ivan à cette mer-douille ?
    Barcelona, remis sur ses jambes, se répandait en signes d’invitation à l’aide de son fusil mitrailleur.
    – Allons, venez, petits !
    Toute la bande se mit en route. Avec précaution, comme s’ils marchaient sur du verre, les officiers du conseil de guerre s’avancèrent vers les deux soldats sordides qui riaient parmi les sapins. Petit-Frère très excité chatouilla amicalement le ventre du colonel en chantonnant une chanson de son cru.
    – Ces messieurs d’abord ! ricana Barcelona en désignant le sentier de branchages qui traversait le marais.
    Tous semblaient paralysés. Il n’y avait que Barcelona et le géant à être de merveilleuse humeur.
    – Parlez bas, chers camarades, gloussa ce dernier, sans ça une balle d’Ivan arrivera pour vous cueillir !
    Au même instant, une salve crépita au milieu des buissons.
    – Des pétards, expliqua Barcelona au major tremblant qui faisait l’office de procureur avant l’entrée inopinée des Russes.
     – Pourquoi tirent-ils comme ça ? demanda le feldgendarme.
    – Ta sale gueule ne leur revient pas, répondit effrontément Petit-Frère.
    Arrivé près d’un épais taillis, Barcelona fit halte :
    – Qu’est-ce que tu crois ? On tente la chance ou on reste ici jusqu’à ce qu’il fasse nuit ? Je crois qu’Ivan à la gratte dans les abattis, c’est comme s’il savait qu’on a ces merdeux avec nous. – Il sourit au colonel du conseil de guerre.
    – Pisse-moi dans l’œil, gronda Petit-Frère en se jetant sur la terre humide.
    Barcelona s’assit à ses côtés et tira de sa poche quelques mégots mouillés ; avec beaucoup de soin, pour ne pas en perdre une miette, il roula une cigarette dans du papier de journal, ferma les deux bouts et la tendit à Petit-Frère ; puis il s’en fabriqua une pour lui-même, un peu plus petite, mais c’était normal, le camarade devait avoir la meilleure.
    – Par Notre-Seigneur î Une belle journée, soupira le géant en s’allongeant.
    La mousse humide était douce et il ne s’apercevait même pas qu’il se trempait. Il écrasa un bataillon de moustiques.
    – Ces cigarettes valent quelque chose ? demanda goguenard le juriste du conseil de guerre en regardant de toute sa hauteur les deux soldats invraisemblablement crasseux étalés dans la boue devant lui.
    – Pas un pet, ricana Petit-Frère. Et tu sais pourquoi, monsieur le chef des chasseurs de têtes ? – Il accentua le mot « chef ». – C’est parce que tu es là devant moi, panjemajo ?
    Le juriste étouffa. Quelque chose d’aussi énorme ne lui était encore jamais arrivé. Ce soldat au front bas, à la gueule de malfaiteur… Une nouvelle salve de projectiles les éclaboussa de terre.
    – Mon Dieu ! gémit le colonel en se mordant les Sèvres.
    – Pas avoir peur, pas avoir peur, dit Barcelona moqueur. Ivan veut simplement montrer qu’il est là pour qu’on ne s’imagine pas qu’on est vainqueur.
    – Pourquoi diable ne continuons-nous pas ? demanda avec impatience le major qui regardait Barcelona assis en tailleur à côté de Petit-Frère, lequel se vautrait sur la mousse boueuse, un étui de masque à gaz sous la nuque. Ni l’un ni l’autre
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