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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
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savants coups de pied atteignaient le soldat dans le dos. Salaud l Tu oses me frapper !
    D’une douloureuse prise de ju-jitsu, il renversa le malheureux et l’entraîna vers la porte.
    Au même instant, trois coups de canon tonnèrent devant le bâtiment. Du plâtre tomba sur le tribunal, des salves résonnèrent dans les longues rues provinciales.
    – Qu’est-ce que c’est que ce bruit ? gronda le colonel Schmidt très irrité, en brossant la poussière de son bel uniforme gris perle.
    L’un des juges, capitaine Laub, du 7 e cycliste, se leva et regarda par la fenêtre. Blanc comme un linge, il se retourna vers le colonel
    – Les Russes !
    – Qu’est-ce que vous dites ? Comment les Russes seraient-ils ici ? Dites donc, capitaine, seriez-vous responsable de fausses nouvelles ?
    Le procureur, major Blank, qui était à l’autre fenêtre, eut un sourire forcé.
    – Malheureusement, le capitaine Laub a raison. Ce sont les Russes.
    – Vous êtes devenu fou, major Blank ? s’écria le colonel en regardant le major qui souriait.
    Le gendarme avait lâché le condamné à mort. La peur lui grimpait dans le dos comme une souris.
    – Ivan ! Seigneur, qu’est-ce qu’il faut faire ?
    Le condamné, qui entrevoyait le salut, se leva d’un bond et se précipita dans le couloir désert ; il déboucha dans la rue où les T 34 crachaient la mort de toute part. De derrière toutes les maisons sortaient des soldats bruns ; leurs casques verts ondulés leur donnaient un aspect bizarre, diabolique dans la lumière des flammes. Un géant en bonnet de fourrure et veste de cuir arrivait par bonds bien balancés vers l’escalier de la mairie. Il enjamba quelques cadavres, repoussa le fantassin, et cria en bon allemand :
    – Qu’est-ce qu’il se passe ici ?
    Le fantassin sursauta, pétrifié, mais pas un son ne sortit de ses lèvres. Levant son fusil mitrailleur, le commissaire lui logea deux balles dans la tête. L’homme roula au bas des marches jusque dans la rue. o Vous voyez, aurait dit le Dr Gcdbbels, les condamnés à mort eux-mêmes se battent pour le III Reich ! » et des millions de naïfs l’auraient cru. Mais le Dr Gœbbels ni personne ne surent jamais ce qu’était devenu le fantassin Wulff. On le rechercha un bout de temps comme déserteur, ses parents et ses proches furent ennuyés, on arrêta sa mère comme otage car elle était soupçonnée de cacher son fils. La vérité était bien plus simple. Le grenadier de chars Pavel Ri’lsky prit le cadavre pour un simulateur et lui jeta quelques grenades à main ; puis un T 34 en reculant écrasa ce qui restait de Wulff, un chien en mangea un petit peu, un porc errant le reste.
    Le commissaire donna un ordre bref. Une demi-douzaine de Sibériens vêtus de brun pénétrèrent dans la maison. Le colonel, penché sur son bureau, les regarda avec stupéfaction. Le capitaine Laub chercha son revolver, mais à la même seconde le caporal sibérien Ba-lama lui envoya une giclée de son fusil mitrailleur. L’étonnement du capitaine devant tout ce bruit se lisait sur son aristocratique visage lorsqu’il tomba.
    Le colonel, qui était non moins bien élevé, ne pouvait cacher son agacement de se voir ainsi dérangé au milieu de ses occupations les plus chères.
    – Messieurs, messieurs, maîtrisez-vous ! cria-t-il avec mécontentement. Nous nous rendons et mettons nos destinées entre vos mains.
    Le caporal Balama cracha et hurla :
    –  Stoi !
    Le feldgendarme qui s’effaçait contre le mur reçut un bon coup de crosse, ce qui fit que, mort de peur, il se précipita vers son chef, lequel en fut incommodé. Le colonel n’avait jamais pu supporter l’odeur des gens malades.
    –  Dawaï, dawai ! commanda le caporal Balama.
    Ses soldats riaient et répétaient : «  Dawaï, dawaï ! » en repoussant les officiers. Un tirailleur sibérien planta lentement sa baïonnette dans la nuque du feldwebel d’artillerie qui avait servi de témoin au cours du jugement. Le greffier laissait trois enfants et une veuve qui avait deux amants : un intendant de la station maritime de Murvik, et un boucher de Neumünster, fabricant de saucissons pour l’armée de l’air. Ces saucissons au lard étaient en somme une bonne idée. Us évitèrent le front pendant plusieurs années à leur fabricant. Une caisse de conserves de porc extra du Danemark avait acheté le capitaine du recrutement ; la guerre pouvait bien durer trente ans ! C’était
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