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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche
Autoren: Sven Hassel
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grenades qu’il en devenait invisible. Le premier qui émergea fut Barcelona Blom. Il essuya sa figure maculée et jeta un coup d’œil autour de lui. Au loin s’entendait encore l’éclatement des grenades lourdes.
    – Bon Dieu ! Quelle merde ! Et Gœbbels qui dit qu’Ivan a perdu la guerre !
    – Orgues de Staline du plus gros calibre, constata Petit-Frère qui se mit à maudire l’univers.
    Barcelona montra en riant les membres du conseil de guerre toujours cloués dans la boue.
    – Allez-y ! Flairez la terre russe ! cria-t-il ironiquement. Vous ne vous imaginez tout de même pas que vous allez vivre éternellement. Vous êtes poussière et vous retournerez en poussière !
    Petit-Frère grognait, graillonnait et se fourrait les doigts dans le nez.
    – Debout, les héros ! La guerre continue.
    Tous se relevèrent, hébétés ; le feldgendarme pleurait en silence. Petit-Frère cracha vers lui.
    – Qu’est-ce qui te prend, fumier ? C’est fini. Jusqu’à la prochaine fois, naturellement. Et ce n’est rien à côté de ce que Le Borgne va vous passer. Attendez seulement de le voir ! Le Borgne va vous râper les fesses !
    Il s’assit, fourragea dans sa tignasse et ramassa le melon gris clair qu’il -se colla sur le crâne. C’était comique mais personne ne rit.
    – Voyez-vous, les héros, je suis Petit-Frère, de Saint-Paul. Trois mille corps à corps, tellement de collègues zigouillés qu’on ne pourrait pas les compter. Il n’existe aucune c orme de cette saleté de guerre que je connaisse. Je suis la mascotte de la compagnie. J’ai pataugé dans la mer Noire, j’ai mangé du caviar pourri au bord de la Volga, j’ai plus d’une fois enfoncé ma tête dans le ventre d’un Ivan. J’ai tout un sac de dents en or venant de héros crevés, et dès que vous aurez crevé j’aurais aussi les vôtres. C’est pour après la guerre. Je vendrai l’or pour urne auberge. A Fagen, ces chiens m’ont battu comme on ne croit pas qu’on puisse être battu. Mails je vous le dis. je n’ai jamais eu peur de rien, même quand je croyais qu’ils allaient me désosser. C’est-il vrai, amateur d’oranges ?
    – Très vrai, apprécia Barcelona qui arrangeait son fusil mitrailleur.
    La voix de Petit-Frère baissa jusqu’au chuchotement et ses yeux devinrent fixes. Il éleva ses mains comme pour se protéger d’une vision terrible.
    – Eh bien, tel que vous me voyez, un jour j’ai tremblé comme un lapin devant un boa, le blédard a eu les foies, et tous les copains l’ont bouclé. Et qui c’était qui leur flanquait une telle trouille ? Le grand-père Mercédès : Le Borgne.
    Le major, que ce discours semblait horripiler, ne put cependant résister à l’envie de demander qui était ce fameux borgne. Sans doute un vieux feldwebel, lequel avait réussi à se faire respecter de cette bande de voyous ?
    – Imbécile ! s’écria Petit-Frère en oubliant totalement à qui il parlait, tu le sauras bientôt. Cinq minutes avec Le Borgne et tu en auras la chiasse pour cinq jours. Amateur d’oranges, dis-leur qui est Le Borgne.
    Barcelona s’essuya les mains sur son derrière et humecta ses lèvres.
    – Le Borgne, dit-il avec une quasi-vénération, c’est le commandant de notre régiment. Il pèse 118 kilos. Aucun casque n’est assez grand pour sa tête, aussi met-il toujours un calot russe.
    – Votre commandant ! s’écria le major avec ahurissement. Et c’est lui que vous osez appeler Le Borgne en présence d’un officier ? Je veillerai à ce qu’il soit fait un rapport.
    – D’accord, ricana Petit-Frère, mais attends d’abord de voir Le Borgne. Il te pètera au nez.
    Le major cramoisi ouvrit la bouche mais Barcelona lui coupa la parole.
    – Notre commandant, le colonel Cari Ulrich Mercédès, qui pèse 118 kilos, n’a qu’un œil. L’autre est couvert d’un bandeau noir. Quand on se bat, et que le commandant est là, et il y est toujours, il veut que tout le monde se tutoie, et qu’on l’appelle « Borgne ». Ceux qui ont oublié de le faire ne sont plus parmi nous. Dès que la bataille est terminée et qu’on est au repos, on revient instantanément à la discipline. Caserne- caserne. Il est aussi arrivé que quelques-uns l’oublient, mais eux non plus ne sont plus parmi nous. Au combat, Le Borgne ne supporte aucune distinction, aucune décoration, aucune épaulette. – Et Barcelona regardait insolemment les épaulettes dorées de ses
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