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Titus

Titus

Titel: Titus
Autoren: Max Gallo
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de l’ambition et de la jalousie conjugués ?
    Je n’étais qu’un chevalier romain qui avait survécu à Néron, qui avait vu tant d’hommes suppliciés, tant de corps amoncelés dans les ravins du Cédron et de la Géhenne, ou dans les ruines de Massada, qu’il était las des jeux du monde.
     
    Je songeais donc à quitter Rome, à me retirer dans la villa de mon ancêtre Gaius Fuscus Salinator, à Capoue.
    Mais comment aurais-je pu ne pas assister aux funérailles de l’empereur, mort comme je l’avais prévu quelques mois à peine après que Titus, « malgré lui, malgré elle », s’était séparé de Bérénice ?
    C’avait été un homme mesuré, qui n’avait jamais ordonné la mort par plaisir ou cruauté – qu’espérer de plus d’un empereur qui disposait de tous les pouvoirs sur le genre humain !
    J’avais détesté que les rhéteurs et ceux qui se disaient philosophes tournassent en dérision ce soldat et ce paysan avare, aux manières rugueuses, au corps lourd, dont les grimaces déformaient le visage. On colportait ce mot d’un amuseur auquel l’empereur avait demandé qu’il se moquât de lui et qui avait répondu : « Je le ferai quand vous aurez fini de soulager votre ventre ! »
    C’était à croire qu’on préférait trembler devant les folies et la cruauté de Néron plutôt que de respecter un homme que la plèbe elle-même, pourtant flattée par Néron, avait appelé « Adamato » – Vespasien le Bien-Aimé.
    Comment ne pas honorer sa dépouille, sachant que, la mort s’étant glissée en lui, lui ayant tordu le ventre, ayant répandu sur sa couche les excréments et le sang qu’il ne pouvait plus retenir, il s’était redressé avec la dignité et le courage d’un soldat qui, blessé, attend le coup fatal, et avait dit : « Un empereur doit mourir debout. »
     
    Vespasien n’avait entraîné personne dans sa mort. Et Titus lui avait succédé sans qu’il fut nécessaire de soudoyer la garde prétorienne.
    Les soldats l’avaient acclamé. Il était le vainqueur de Jérusalem. J’avais été témoin de ses tentatives pour obtenir la reddition des rebelles. Peut-être n’avait-il pas souhaité l’incendie et la destruction du Temple, celle de la ville sacrée des Juifs ?
    Je me devais d’assister à son intronisation.
    Je me suis incliné devant lui.
    Son visage était apaisé. Il a murmuré :
    — C’est le destin qui donne le pouvoir suprême.
    Puis, se penchant vers moi, il a ajouté à mi-voix :
    — Je connais tes pensées, Serenus. Sache que j’aimerais mieux mourir que de faire mourir quelqu’un à seule fin de protéger mon pouvoir. Je serai impitoyable pour les ennemis de Rome. Tu étais avec moi en Judée, tu le sais, tu m’as vu combattre et châtier. Mais l’Empire ne se confond pas avec l’empereur. Quand la mort me prendra, Rome continuera de vivre. Pourquoi dès lors devrais-je persécuter, massacrer ceux qui ne sont que mes ennemis et qui ne menacent pas l’Empire ?
    Il m’a semblé que son regard, un bref instant, s’était arrêté sur son frère Domitien, dont on savait qu’il conspirait déjà, rêvant de succéder à Titus, et les délateurs venaient à tout instant rendre compte à l’empereur de ce qu’ils avaient appris des intentions de son cadet.
     
    J’étais encore à Rome quand Titus a fait pourchasser et arrêter par toute la ville ceux qui, sous tous les règnes, vivaient d’espionner les citoyens, de rapporter les faits et paroles au palais, de calomnier pour recevoir une récompense, de répandre les rumeurs pour susciter des conspirations, des rivalités, trouver ainsi matière à bénéfice pour leur délation.
    Ils étaient plusieurs centaines que les soldats avaient enchaînés.
    J’ai vu Titus s’approcher d’eux qui demandaient grâce, dont chaque mimique, chaque geste révélait la lâcheté.
    Il a ordonné qu’on les pousse dans cet immense amphithéâtre commencé par Vespasien et dont il venait d’achever la construction. Les gradins de ce Colisée étaient remplis qu’une foule hurlante. Et j’ai craint qu’il ne livrât ces délateurs aux fauves, que la cruauté ne ternît ainsi la justesse de sa décision.
    Mais ils furent seulement battus, puis envoyés dans les îles sauvages, et le peuple de Rome fut débarrassé pour quelques mois de cette vermine.
     
    Je remettais mon départ pour ma ville de Capoue.
    Flavius Josèphe, qui voyait chaque jour Titus, insistait pour que je
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