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Titus

Titus

Titel: Titus
Autoren: Max Gallo
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jalouseraient et chercheraient à le compromettre.
    J’ai cité le nom du gouverneur de Libye, Catullus, évoqué les aveux qu’il avait extorqués à ce sicaire, Jonathan, la jubilation avec laquelle Lupus, gouverneur d’Alexandrie, m’avait rapporté cette conjuration dont il attendait la condamnation de Josèphe et des Juifs de l’entourage de Vespasien et de Titus.
    — L’empereur déjouera ce complot ourdi contre moi, m’a répondu Flavius Josèphe.
     
    J’ai suivi, haletant, les péripéties de cette affaire, l’arrivée à Rome de Catullus et de son prisonnier enchaîné.
    J’ai vu ce Jonathan comparaître devant les juges, répéter ses accusations d’une voix hésitante. Et j’ai vu l’empereur et Titus entrer dans la salle d’audience, écouter, ordonner qu’on ouvrît une enquête et qu’on interrogeât à nouveau Jonathan en usant de tous les moyens nécessaires.
    Il avoua, disculpa Flavius Josèphe, la reine Bérénice, d’autres encore. Il révéla qu’il n’avait fait qu’obéir à Catullus en distillant ses calomnies.
    Titus exigea qu’on acquittât les accusés, ainsi lavés de tout soupçon, et qu’on célébrât leur fidélité à l’empereur.
    On tortura Jonathan, puis il fut brûlé vif.
    Quant à Catullus, gouverneur, magistrat de Rome, il n’écopa que d’un simple blâme.
    — Dieu le punira, m’a répété Flavius Josèphe.
    Quelques mois plus tard, il me raconta la fin atroce de celui qu’il qualifiait de scélérat.
    Catullus avait été terrassé par une maladie compliquée, incurable. Mais il n’avait pas été châtié seulement dans son corps.
    — Dieu a frappé son âme, insista Flavius Josèphe. Chaque nuit, Catullus est réveillé par des apparitions terrifiantes. Il a ordonné la mort de plus de trois mille Juifs. Chacune de ses victimes se dresse devant lui. Il hurle comme s’il était soumis à la torture. Et il l’est !
    La maladie ne cessant de s’aggraver, Catullus en vint à évacuer ses intestins, rongés d’ulcères, et en mourut.
    — Dieu se charge, Serenus, de châtier les scélérats.
     
    Mais Rome bruissait encore de rumeurs empreintes de jalousie et de haine.
    On s’en prenait à Bérénice, trop belle, trop altière, orientale, juive.
    On disait que l’empereur répétait à Titus qu’il ne pourrait accéder au trône si on le suspectait de vouloir épouser la reine de Judée.
    Certains murmuraient que les épousailles avaient déjà été célébrées.
    Un soir, Flavius Josèphe est entré dans ma demeure et s’est allongé sur le lit, près de la table, en face de moi.
    — Bérénice embarque demain à Ostie sur une trirème impériale, me dit-il. Titus l’a renvoyée en Judée. Malgré lui, malgré elle.
    Il a ajouté :
    — Personne, sinon Dieu, ne peut changer la réalité du monde.

 
     
     
     
     
SEPTIÈME PARTIE

 
     
45
    Dans les mois qui ont suivi le départ de Bérénice, j’ai perdu tout désir de connaître la réalité du monde.
    J’avais assez vécu pour imaginer la douleur de Titus, mesurer la sagesse politique de sa décision, et deviner ce qu’elle annonçait : la mort prochaine de l’empereur Vespasien et l’accession au trône de son fils.
    J’étais comme un spectateur assis sur le plus haut gradin de l’amphithéâtre et qui a tant vu de croix dressées, de corps dévorés par les fauves, de gladiateurs égorgés, de femmes livrées à la furie d’un taureau, qu’il ne peut plus être surpris, même s’il éprouve encore du dégoût.
    Il me suffisait ainsi d’apercevoir Domitien, le frère cadet de Titus, pour deviner l’ampleur de sa jalousie.
    Elle déformait ses traits. Son visage tordu par l’envie et la cruauté me rappelait celui de Néron. Cet homme-là régnerait sans doute un jour sur l’Empire, et il tuerait avant qu’on ne le tue.
    On murmurait qu’il s’enfermait chaque jour dans une pièce de son palais et que, plusieurs heures durant, il s’occupait uniquement à prendre des mouches qu’il transperçait à l’aide d’un poinçon très effilé. Certains prétendaient qu’ainsi il les sodomisait. On rappelait ses mœurs dépravées, les termes d’une lettre dans laquelle Domitien s’offrait pour une nuit au préteur Clodius Pollion ; il s’était également prostitué avec le consul Nerva, qui, assurait-on, se tenait aux aguets, prêt à bondir sur le pouvoir si les circonstances s’y prêtaient.
    Qu’avais-je encore à faire de ces complots du vice,
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