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Titus

Titus

Titel: Titus
Autoren: Max Gallo
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rendre à Césarée ?
    Ironique et soupçonneux, il a pris les tribuns à témoin :
    — Tu aimes donc tant que ça la Judée, Serenus ? Et sans doute aussi les Juifs ? Serais-tu de ces citoyens qui préfèrent les superstitions et les prophéties de l’Orient au respect dû à nos divinités, à notre César ?
    Il a hoché la tête, puis m’a mis en garde.
    Des bandes de sicaires continuaient à rôder entre Gaza et Césarée. Cette vermine s’était répandue dans tout l’Orient.
    Le gouverneur de Libye, Catullus, avait dû faire face à une attaque de ces brigands. Il en avait tué plus de trois mille, avait capturé leur chef, un certain Jonathan, et celui-ci avait avoué qu’il disposait de complices parmi les Juifs qui se prétendaient romains, citoyens et même magistrats de l’Empire, Il avait livré leurs noms.
    J’ai voulu m’éloigner, mais Lupus était de ces accusateurs et de ces délateurs qui répandent leur poison sur tous ceux qu’ils approchent.
    Il m’a retenu, me serrant le bras, disant d’un ton mielleux qu’il ne me classait pas – il a ri : « Pas encore, Serenus ! » – parmi ces traîtres à Rome, ceux que les Juifs, les Syriens ou les Égyptiens, ou encore ces disciples de Christos avaient corrompus.
    — Mais tu seras surpris, Serenus, quand tu connaîtras les noms des complices des sicaires !
    Il a ajouté que Catullus comptait se rendre à Rome pour faire comparaître le Juif Jonathan devant l’empereur. Il fallait que celui-ci entendît de ses propres oreilles les noms des alliés des criminels de Judée, et il aurait la surprise de reconnaître nombre de Juifs qu’il accueillait en son palais.
    — Toi aussi, Serenus, tu es l’ami de certains d’entre eux. Tu connais cette reine juive dont on dit qu’elle s’apprête à épouser Titus. Crois-moi, écarte-toi des Juifs, même de ceux qui prétendent avoir renié leur foi. Un Juif reste un Juif. Si tu les avais vus comme moi refuser sous la torture, un fer rouge planté dans les yeux, de reconnaître l’autorité de notre César, tu saurais quels démons ils sont. Et les enfants, les vieillards, les femmes sont aussi déterminés, habités par les mêmes puissances du mal. Ils haïssent tout ce que nous respectons et célébrons, nos dieux, l’empereur. Ils refusent de faire des sacrifices au pied des statues de nos divinités. Eux et toutes leurs sectes sont les ennemis du genre humain.
    Il s’est tourné, a toisé Anan avec mépris.
    — Il n’y a pas de Juif esclave, Serenus. Ils s’imaginent supérieurs à tous les autres peuples. Et toi – il a tendu le bras, son index touchant ma poitrine –, tu les sauves, tu les affranchis. Vas-tu devenir juif ? Il te faudra accepter qu’on te tranche le bout du phallus. Ou alors, sois chrétien : on dit que ces Juifs-là ne sont pas circoncis. Pour moi, ils sont tous enfants des forces obscures et je les crucifie, les brûle ou les donne en pâture aux fauves. Mais à Rome on les protège, on les écoute. Ils conseillent notre empereur. Et toi, ici…
    Il m’a repoussé, m’a ordonné de quitter la ville au plus vite, à défaut de quoi j’y perdrais mon esclave, et peut-être même la vie.
     
    J’ai repris ma route, marché vers Yavné, ville dont Anan m’avait dit qu’elle était l’un des derniers refuges pour les Juifs. Un rabbi, Gamaliel, y avait rassemblé autour de lui des survivants, de jeunes élèves. Ils lisaient ensemble la Torah. Ils essayaient de comprendre ce que voulait Dieu, ce qu’il attendait du peuple juif, et pourquoi il avait laissé les Romains détruire le Temple et la ville sacrée.
    J’écoutais Anan.
    Je savais que, une fois rentré à Rome, je ne retournerais plus en Judée. Je ne marcherais plus sous son ciel. Je ne contemplerais plus cette étendue d’un bleu vif, si étincelante que, parfois, elle en paraissait blanche.
    Je ne la verrais plus, à la tombée du jour, se couvrir d’or, puis être inondée de rouge, ensanglantée, avant de s’envelopper dans les voiles du deuil nocturne.
    Mais nous sommes arrivés à Yavné alors que se déchirait cette tunique funèbre et qu’une lumière vive renaissait de la mer.
    C’était l’aube, et les rues étaient déjà pleines d’une foule active. J’ai vu Anan se redresser, rejeter le poids de l’humiliation et de la servitude pour marcher droit, comme un homme libre.
    C’est lui qui m’a guidé vers Gamaliel.
     
    J’ai écouté. Autour du rabbi, on se
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