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Titus

Titus

Titel: Titus
Autoren: Max Gallo
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la tête, j’ai regardé le ciel et j’ai vu l’horizon fermé par un immense rideau noir.
    J’ai su que la mort, là-bas, était à l’ouvrage.

 
     
46
    Je ne m’étais pas trompé.
    J’ai vu surgir des hommes couverts d’une poussière noire. Ils avançaient, hébétés, chancelants, trébuchant sous les orangers, certains restant couchés le visage contre terre.
    L’un d’eux a titubé jusqu’à moi. Esclave ou citoyen ? Ce n’était qu’un homme qui racontait que des flammes et les cendres brûlantes avaient jailli de la montagne et enseveli plusieurs villes : Pompéi, Herculanum. Le feu avait même gagné la mer.
    On mourait étouffé par cette poussière noire.
    Il passait ses doigts sur ses joues, me montrait ses mains.
    Plus tard, des courriers qui chevauchaient vers Rome se sont arrêtés, confirmant que des milliers d’habitants avaient disparu sous les cendres, qu’on ne pouvait s’approcher des lieux où avaient existé des villes prospères dont ils répétaient en tremblant les noms : Pompéi, Herculanum, Stabies, Oplontis, d’autres encore.
    Certaines avaient été englouties par un torrent de terre brûlante qui avait glissé le long des pentes du Vésuve, cette montagne de feu dont le flanc semblait s’être fendu.
    Je me suis enfermé.
    Le règne de Titus, l’empereur dont on disait qu’il était « l’amour et les délices du genre humain », commençait par la mort.
    J’étais sûr, maintenant, qu’elle ne cesserait plus de frapper.
    J’ai attendu, recroquevillé, guettant chaque jour de nouveaux malheurs.
    Ils sont venus.
     
    Par milliers d’autres hommes sont tombés, certains gonflés comme des outres, d’autres exsangues.
    La mort avait pris le visage de la peste.
    C’étaient les temps terribles qui recommençaient.
     
    Le régisseur me rapporta qu’à Capoue la plèbe murmurait que Néron avait survécu, qu’il rassemblait une armée, très loin, au-delà de l’Euphrate, et qu’il se vengerait avec l’aide des plus humbles. Une fois rétabli sur le trône, il distribuerait les richesses, les terres aux plus pauvres des citoyens.
    Ils ont exulté quand ils ont appris que les flammes ravageaient plusieurs quartiers de Rome. Les dieux avaient donc abandonné Titus et protégeaient, guidaient l’armée de Néron !
     
    J’avais vu le corps mort de Néron. Je ne croyais pas à sa résurrection. Mais la mort se grimait avec son souvenir, usurpait son nom pour frapper à grands coups.
    Je n’ai pas été surpris quand j’ai appris que Titus, après seulement deux ans, deux mois et vingt jours de règne, était décédé dans la villa où son père avait expiré.
    J’ai reçu un courrier de Flavius Josèphe qui pleurait – « comme tous les hommes qui ne sont pas des scélérats », disait-il – la disparition de l’empereur.
    Il me rapportait que les derniers mots du défunt avaient ému aux larmes ceux qui l’entouraient.
    Titus s’était plaint avec amertume.
    — La vie m’est enlevée malgré mon innocence, avait-il dit. Aucun de mes actes ne me laisse de remords, à l’exception d’un seul.
    Quel était cet acte ?
    Certains pensaient qu’il regrettait d’avoir entretenu des relations coupables avec la femme de son frère Domitien. Et certains murmuraient que celui-ci s’était vengé en l’empoisonnant.
    Mais peut-être Titus regrettait-il plutôt de n’avoir pu empêcher la destruction du Temple de Jérusalem ?
     
    Je ne suis plus retourné à Rome. Domitien y régnait. Je connaissais sa cruauté.
    J’ai marché parmi les orangers et les lauriers.
    J’ai lu, puis décidé de commencer à rédiger Les Annales de ma vie.
    Je les achève. Ma mort s’avance. Je prie le Dieu crucifié et ressuscité.
    Un jour, un ouvrage m’est parvenu.
    L’homme qui l’avait déposé ne m’avait pas attendu. C’était, à en croire mon régisseur, un voyageur qui venait de Judée ou peut-être d’Alexandrie, la ville qui pour moi gardait le visage de Léda Ben Zacchari.
    J’ai pensé que ce pouvait être Anan.
    Avait-il lui-même écrit ce texte ou bien n’en avait-il été que le porteur ? Pour le compte de qui ? D’un disciple de Christos qui connaissait ma foi ?
    Je l’ai lu et l’ai fait mien au terme de ma vie et de ces Annales.
    Je le recopie pour ceux qui seront parvenus jusqu’ici, au bout de mon destin :
     
    « Ah, malheureux mortels, changez de conduite, ne poussez pas le grand Dieu aux derniers accès de la
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