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Titus

Titus

Titel: Titus
Autoren: Max Gallo
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demeurasse à Rome auprès de lui.
    L’empereur avait, à l’entendre, besoin de l’aide de tous ceux qui craignaient les complots de Domitien et l’accession au trône de cet être cruel, fantasque, peut-être encore plus pervers que Néron.
    Flavius Josèphe me rapporta que Domitien vouait une haine tenace à ceux qu’il appelait les « démons orientaux », Juifs et disciples de Christos, dont il s’était persuadé qu’ils avaient tout fait pour le perdre en conseillant Vespasien et à présent Titus.
    J’ai été sensible aux raisons de Josèphe.
    Titus non seulement ne persécutait ni les Juifs ni les chrétiens, mais il les écoutait et protégeait l’un de ses cousins, Flavius Clemens, dont on murmurait qu’il avait rejoint la secte de Christos.
     
    Durant ces mois-là, j’ai senti renaître en moi un peu d’espoir. Peut-être les hommes de la nouvelle foi pouvaient-ils changer la réalité du monde ?
    Je pensais à Anan, au rabbi Gamaliel, à Flavius Josèphe, à ce peuple juif auquel Christos appartenait et dont la souffrance avait marqué le destin. Flavius Josèphe me répétait :
    — Serenus, j’ai étudié et médité le destin de mon peuple. De toutes les nations, depuis l’origine des temps, j’estime que c’est celle des Juifs qui détient le record absolu du malheur…
     
    Il semblait m’approuver quand je lui rappelais le sort de Christos, crucifié, dont le supplice annonçait celui de tous ces prisonniers cloués sur des centaines de croix, face aux remparts de Jérusalem.
    Le malheur, la souffrance étaient-ils signe d’élection ?
    Mais Dieu, sans doute, avait assez châtié son peuple.
    Je l’ai espéré.
     
    Le règne de Titus s’annonçait enfin paisible. Lui, homme jeune et vigoureux, mesuré, généreux, était celui que la plèbe appelait « l’amour et les délices du genre humain ».
    Dans le Colisée, il avait offert des combats de gladiateurs, mais en gardant le pouce levé, évitant ainsi qu’on égorgeât les vaincus.
    Il avait fait entrer dans l’arène, en un seul jour, cinq mille bêtes sauvages de toutes espèces sans que des hommes leur fussent livrés.
    Et la plèbe avait acclamé ce spectacle.
    Le désespoir et la tristesse qui m’étreignaient depuis que j’avais perdu Léda avaient quelque peu desserré leur étreinte.
     
    J’ai quitté Rome pour Capoue avec, au fond de l’âme, pour la première fois après tant de mois, une flammèche d’allégresse.
    J’ai pensé aux jeunes esclaves.
    J’ai même imaginé que je pourrais affranchir l’une d’elles, en faire une épouse et une mère.
    Que valait la vie sans descendance ?
    J’ai marché parmi les orangers et les lauriers.
    J’ai mordu dans la chair des figues, et souvent me revenait le souvenir des lèvres de Léda, et je ressentais aussitôt une douleur fulgurante qui me poignait le ventre, faite d’angoisse et de désir mêlés.
    J’hésitais pourtant à choisir une esclave, me contentant de regarder ces jeunes domestiques dont les voiles me frôlaient.
    Le désir n’était plus assez vif en moi pour que je me comporte en prédateur.
    J’avais été témoin de trop de cruautés pour ne pas être incertain de l’avenir et pour lancer avec innocence une vie dans la réalité du monde.
    Je me souvenais de la mère de Jérusalem dévorant son propre fils.
    Je me souvenais des enfants égorgés de Massada.
    Je savais que la mort guettait.
    Je relus le récit écrit par mon ancêtre Gaius Fuscus Salinator et qu’il avait intitulé Histoire de la guerre servile de Spartacus.
    Le temps des croix dressées le long de la via Appia, de Capoue à Rome, était-il révolu, ou bien Dieu s’apprêtait-il à soumettre le genre humain à une nouvelle épreuve ?
    J’ai retrouvé les lettres de Sénèque et plusieurs manuscrits que j’avais retirés de sa bibliothèque de Rome et transportés ici à Capoue, peu après sa mort, quand j’attendais que le messager de Néron vînt m’apporter l’ordre de l’empereur d’avoir à m’ouvrir les veines.
     
    Un matin du mois d’août, j’ai lu avec une émotion que je ne m’expliquai pas ces premières lignes d’un de ces manuscrits :
    « Une trombe de feu fondra sur vous ; des torches ardentes vous brûleront durant l’éternité, mais ceux qui auront adoré le vrai Dieu, infini et unique, hériteront de la vie, habitant à jamais le riant jardin céleste, mangeant le doux pain qui descend du ciel étoilé. »
    J’ai relevé
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