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Titus

Titus

Titel: Titus
Autoren: Max Gallo
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lamentait, on s’accusait, on s’interrogeait sur l’abandon du peuple juif par Dieu, sur la pénitence et le châtiment que l’on devait s’infliger pour retrouver son amour, se repentir des sacrilèges commis. J’ai entendu les plus exaltés dire que, puisque le Temple était détruit, il fallait refuser toute joie, ne plus aimer, ne plus donner la vie, agir comme ceux…
    On baissait la voix, mais je n’avais nul besoin qu’on prononçât le nom de Massada pour savoir qu’il était dans toutes les têtes. Ceux-là, les derniers combattants, après avoir lutté, avaient choisi de mourir.
    Pourquoi ne pas suivre leur exemple puisque le Sanctuaire et Jérusalem n’étaient plus que ruines ?
    — Mes enfants, écoutez-moi, disait Gamaliel. Ne pas pleurer ce que nous avons perdu est impossible, mais trop pleurer, choisir la mort, est également impossible. Il faut vivre !
    Il martelait ces derniers mots, les répétait. Il conseillait la patience. Il murmurait, et chacun se penchait pour l’écouter :
    — Juif, tu as bâti le Temple et il a été détruit. Ne le reconstruis pas avant d’avoir entendu une voix du Ciel. Mais ne cesse jamais de rappeler ce qu’il était, continue de te souvenir de ce que tu as perdu. Observe les rites du deuil au jour anniversaire de sa destruction. Dans ta nouvelle maison, n’enduis pas tous les murs, laisse l’un d’eux rugueux, que ta peau s’y écorche en mémoire du Temple qui a été détruit. Et si tu offres un banquet, renonce à l’un des plats pour te priver d’un plaisir en l’honneur de ce que tu as perdu. Et que ta femme se dépouille de l’une de ses parures pour que, dans sa joie, il y ait un peu de la peine que tout Juif doit ressentir en souvenir du Sanctuaire et de Jérusalem.
     
    J’ai suivi durant plusieurs jours les enseignements de Gamaliel.
    J’ai regardé les visages de ces hommes, souvent jeunes, qui l’écoutaient, attentifs, recueillis.
    J’ai acquis la certitude qu’on ne peut détruire la foi d’un peuple quand chaque âme devient un temple, un lieu de prière.
    Que peut alors le soldat qui jette une torche dans un sanctuaire, et quel bélier, quelle catapulte peuvent ébranler les assises de la foi ?
    Il faudrait exterminer tout un peuple, tous ses enfants. Mais l’un d’eux, toujours, échapperait à ce massacre. Et son âme serait un nouveau temple à partir duquel se répandrait la foi.
    J’ai confié ces pensées à Anan. Je l’ai vu sourire pour la première fois, et il a commencé à me parler de Moïse.
    Je l’ai interrogé sur cette religion de Christos qui, lui aussi, affirmaient ses disciples – quelques-uns vivaient à Yavné –, avait échappé à la tuerie des nouveau-nés ordonnée par Hérode.
    — Dieu est Un, a murmuré Anan.
    — Et le fils, qui est-il ?
    — Le fils, nous l’attendons, il n’est pas encore venu.
    — Et celui qui est mort sur la croix ?
    — Tant de nos frères ont été crucifiés, tu les as vus souffrir sur les collines de Jérusalem.
    — Christos, lui, est ressuscité, ai-je murmuré en contemplant le ciel de Judée.

 
     
44
    Lorsque, à Rome, j’ai évoqué pour Flavius Josèphe le ciel étincelant et le sol ocre de Judée, il a d’abord fermé les yeux comme s’il voulait les retrouver en lui, oubliant un instant l’atmosphère poisseuse et puante qui étouffait la ville en ces jours d’été.
    J’ai poursuivi, rapportant ce que j’avais vu et entendu dans la synagogue de Yavné. J’ai répété les propos du rabbi Gamaliel et ceux d’Anan. J’ai dit que j’avais affranchi cet esclave et l’avais laissé parmi les siens, en Judée.
    Flavius Josèphe m’a regardé et j’ai vu son visage s’affaisser en une moue amère.
    Il me recevait pourtant dans ce qui avait été la maison de Vespasien avant que celui-ci ne devînt empereur. Vespasien avait voulu que Flavius Josèphe s’y installât, signe éclatant de l’estime qu’il lui portait et de la haute protection dont bénéficiait Josèphe.
    À Rome, dès mon arrivée, on m’avait murmuré que Flavius Josèphe était le Juif le plus écouté de l’empereur et de Titus. Il recevait une rente de cent mille sesterces. Il vivait entouré d’une nuée d’esclaves. Il avait répudié son épouse et s’était marié à une jeune fille juive issue d’une riche famille de Crète. Il la tenait cachée.
    On avait ricané, dit qu’il agissait avec sagesse, car la luxure et la débauche régnaient à
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