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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Max Gallo
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unique. Nous nous mettrons en route. Peut-être n’arriverons-nous jamais, car les Romains et les hommes en délire peuplent le monde. Mais, à chaque pas, tu te sentiras plus léger, plus pur. Tu te seras approché de la vraie et seule liberté. Tu ne posséderas plus rien, et pourtant tu te sentiras plus fort, parce que tu seras le maître de toi-même, et ta richesse sera infinie.
    Il se leva, s’éloigna, puis se ravisa et revint vers Spartacus.
    — Si tu refuses ce choix, tu ne connaîtras que l’esclavage, même si les Romains ne te chargent pas de chaînes. Et même si tu les combats. Au bout de cette route-là, tu n’obtiendras ni la liberté ni la vérité, mais la mort la plus cruelle, celle à laquelle les Romains te condamneront.
    Jaïr s’assit à nouveau en face de Spartacus.
    — J’ai vécu en Sicile parmi les bergers qui ne craignent ni les hommes ni les loups. Ils m’ont raconté quel fut le destin des esclaves qui s’étaient rebellés contre leurs maîtres. Veux-tu que je te fasse le récit de ces guerres serviles qui causèrent plus de morts qu’il n’y a de vivants dans Rome ? Et l’on dit qu’ils sont un million !
    Spartacus inclina la tête et Jaïr le Juif, qu’on appelait aussi Jaïr le guérisseur, parla.

 
     
8
    — C’était comme le feu ou bien ce fléau qui frappa l’Afrique…, commença Jaïr le Juif.
    Mais, après ces quelques mots, il s’interrompit et ferma les yeux. Il ne reprit qu’après un long silence :
    — Les esclaves, étaient si nombreux en Sicile à creuser la terre, à semer le grain, à récolter le blé sur des propriétés si vastes qu’on ne connaissait pas leurs limites, qu’aucun maître ne pouvait compter les têtes de ces outils parlants qui se reproduisaient, prolifiques comme des bêtes, et dont on mettait les enfants au travail dès qu’ils étaient en âge de marcher.
    Les régisseurs frappaient, mutilaient, violaient, tuaient qui bon leur semblait. Personne ne se souvenait des paroles pleines de sagesse de Caton l’Ancien qui avait dit que le zèle à l’ouvrage des outils parlants, des esclaves, était d’autant plus grand qu’on les maniait de façon libérale, en leur accordant chaque jour une relâche dans leur travail. Mais qui respectait cette mesure de raison alors que débarquaient dans les ports de Sicile des milliers d’esclaves, Thraces, Parthes, Syriens, Juifs, Grecs, que les légions avaient poussés devant elles comme un troupeau captif ?
    Jaïr posa la main sur le genou de Spartacus.
    — J’ai été l’un de ces esclaves, plus tard. Mais le souvenir de ces grandes battues, dans tous les pays qui bordaient la Méditerranée, était encore vif, comme si ç’avait été la veille qu’on avait vu légionnaires et marchands d’esclaves vendre ou acheter les prisonniers, les entasser à fond de cale comme des sacs de grain ou des billots insensiblesh à bord des navires qui se dirigeaient vers la Sicile. Parce que là étaient les grands domaines où l’on semait et récoltait le blé dont Rome, la Rome insatiable, avait besoin pour nourrir ses citoyens, enrichir ses sénateurs, ses tribuns, payer ses légions.
    Tant d’hommes et de femmes y débarquaient, tant d’enfants y naissaient que les maîtres et leurs régisseurs croyaient pouvoir agir comme ils l’entendaient, traiter ces corps plus durement que s’il s’était agi de ceux d’animaux de trait.
    Quand on manquait de bras, on passait commande aux marchands qui, installés à Délos, avaient organisé le plus vaste marché d’esclaves de toute cette mer serve qu’était devenue la Méditerranée…
    Jaïr rejeta la tête en arrière.
    — J’ai été vendu à Délos, murmura-t-il. Chaque jour, sur le marché aux esclaves de cette petite île, il y avait plus de dix mille ventes. Nous étions serrés les uns contre les autres comme les abeilles dans un essaim.
    Il croisa les bras et sourit.
    — Je te parlais du feu et du fléau qui frappèrent l’Afrique. Ainsi furent les guerres serviles. Les bergers, qui étaient enfants quand elles éclatèrent, en parlaient encore avec effroi, même si leurs yeux brillaient comme ceux de l’ivrogne à l’évocation du vin.
    La révolte commença quand quatre cents esclaves, près de la ville d’Enna, se rebellèrent parce qu’ils se savaient voués à la mort, et parce que celui qui ne craint plus pour sa vie ne peut plus être gouverné. Ils se rassemblèrent autour d’un Syrien, un homme
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