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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Max Gallo
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sanctuaire.
    Quelques hommes s’agenouillaient, d’autres chancelaient. Tous criaient le nom de Cybèle, la grande Mère, pour qui ils versaient leur sang afin de célébrer leurs épousailles avec elle.
    Spartacus rejoignit Apollonia. Les yeux exorbités, elle entonnait les chants des autres femmes.
    Elle se tourna vers Spartacus et parut effrayée quand elle découvrit son expression de dégoût et l’entendit crier que se lacérer de la sorte était un acte de pure folie.
    On ne devait verser son sang que dans les combats, pour défendre sa liberté, sa terre, sa lignée, mais non pas dans ces danses au cours desquelles des hommes se mutilaient, fiers, ivres de leurs blessures et de leurs souffrances, leurs chairs taillées exhibées comme des trophées.
    Il fit un pas, écartant la foule d’un mouvement des épaules, et leva le poing, menaçant, tout en repoussant Apollonia qui tentait de le retenir et répétait :
    — C’est le jour du sang ! Il faut honorer la grande déesse Cybèle, Mère des dieux. Elle exige ce sacrifice. Elle se nourrit du sang des hommes pour enfanter les dieux !
    Spartacus parut ne point l’avoir entendue. Il marcha à la rencontre des hommes nus dont le corps n’était plus qu’une plaie. Ils se frappaient les uns les autres, se tenant par les épaules afin de demeurer debout, enlacés, se tailladant le dos, puis essayant d’avancer, jambes flageolantes, cuisses rougies. De leur moignon de sexe le sang coulait.
    Spartacus se plaça devant eux, bras écartés.
    — Vous n’obéissez pas aux dieux de la vie, aux dieux protecteurs, aux dieux généreux, leur cria-t-il, mais aux puissances des ténèbres et des abîmes ! Vous êtes les esclaves des forces souterraines. Vous traitez votre corps comme s’il s’agissait de celui d’un animal. Vous insultez les dieux. Libérez-vous !
    Il saisit son glaive, essaya de les désarmer, mais les hommes nus se débattirent et l’écartèrent cependant que la foule hurlait, comme prise de folie.
    Des femmes s’enfuyaient, d’autres se tordaient les bras, s’abattaient sur le sol.
    — La grande déesse, Mère des dieux, ne veut pas cela ! cria Spartacus. Ne soyez pas les esclaves des divinités noires. Elles sont les ennemies des dieux. Elles veulent la destruction de leur œuvre. Elles dévorent les hommes, s’abreuvent de leur sang. Soyez libres !
     
    Il se précipita dans le sanctuaire d’où s’échappèrent peu après en hurlant des femmes en tunique blanche.
    Elles criaient d’une voix aiguë qu’un homme avait éteint le feu sacré, saccagé les offrandes, renversé les statues, profané le sanctuaire de la grande déesse. Le malheur allait s’abattre sur les hommes, le ciel s’obscurcir, les vents souffler en tempête, arracher arbres et toits, emporter les enfants, et des armées invincibles débarqueraient, réduisant les peuples de Macédoine et de Thrace en esclavage.
    Ces femmes en furie entourèrent Spartacus, s’agrippèrent à lui, lui griffant les épaules et les joues, s’accrochant à ses cuisses, le mordant alors qu’il s’ébrouait comme un fauve prisonnier des mailles d’un filet que les chasseurs piquent de leurs javelots.
     
    Apollonia se précipita, tirant les femmes par les cheveux, les renversant, les piétinant, découvrant que Spartacus avait le visage en sang et qu’une large plaie – celle dont elle avait eu la vision, lors de leur rencontre – lui partageait le front.
    Elle l’entraîna alors qu’il vacillait, tête penchée, la démarche hésitante. La foule s’était dispersée et les quelques femmes qui restaient s’écartèrent, leur lançant des injures puis se détournant, se penchant sur les corps des hommes nus, pantelants, agenouillés ou étendus autour du sanctuaire.
    — Libres ! répétait Spartacus, qu’Apollonia tirait vers la forêt de pins. L’homme doit être libre ! Eux sont esclaves !
    Pour elle plus que pour lui, elle murmurait qu’être soumis aux dieux, les honorer, leur donner son sang et même sa vie, ce n’était pas être esclave. Cybèle était la Mère des dieux de l’Olympe. En la célébrant, en s’unissant à elle par le sang, on pénétrait dans leur royaume.
     
    Ils étaient parvenus à la lisière du bois.
    Spartacus se laissa tomber, cherchant à s’adosser à un arbre. Il objecta qu’il était issu d’une lignée qui n’avait jamais été soumise, qui ne célébrait que les dieux de joie, de force et de liberté.
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