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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Max Gallo
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marqués au fer rouge sur les joues et le front, comme des bêtes de somme.
    C’était donc cela, Rome ?
    Autant mourir !
    Mais, à l’instant où il allait bondir, Apollonia lui saisissait les poignets, le forçait à repousser son glaive dans le fourreau.
    — Ne te bats pas, murmurait-elle. Les dieux, je le sais, te réservent un autre destin. Dionysos veille sur nous. Laisse-moi agir !
     
    Elle s’approchait des légionnaires en compagnie des trois jeunes prêtresses de Dionysos. Elle s’accrochait au cou de l’un d’eux, l’entraînait. Elle demandait à boire.
    Les jeunes prêtresses commençaient à danser. On célébrait Dionysos. Les Romains oubliaient Spartacus qui s’éloignait, faisant lentement le tour du campement, poings serrés, la rage lui nouant la gorge.
    Au-delà de l’espace autour du campement qui avait été déboisé par les soldats, il regardait la forêt, les sommets enneigés. Pourquoi les dieux l’avaient-ils aveuglé en lui suggérant de se mettre au service de Rome alors qu’elle n’offrait que honte et servitude ?
    Autant mourir !
    Les sentinelles lui intimaient l’ordre de s’éloigner des fossés et des palissades. S’il s’y refusait, elles alerteraient les légionnaires romains et Spartacus connaîtrait le sort que le centurion Nomius Castricus réservait à ceux qui tentaient de fuir. Ils étaient accusés de trahison, parfois mutilés, toujours réduits en esclavage ; quelques-uns d’entre eux avaient été crucifiés à la porte du camp afin que chacun les vît et entendît leurs râles, les cris et les battements d’ailes des rapaces qui venaient leur picorer les yeux, le visage.
     
    Spartacus regagnait la tente. Il retrouvait Apollonia accroupie, traçant à l’aide d’une branchette des signes dans la terre, puis les effaçant de sa paume, murmurant à Spartacus :
    — Je suis lisse comme cette terre : Dionysos efface ce qui ne doit pas rester en moi. Le vin dispense la joie et l’oubli. Bois, Spartacus !
    Elle lui tendait une amphore, peut-être le cadeau de l’un de ces légionnaires. Spartacus l’écartait de ses lèvres. Il serrait la nuque d’Apollonia, ployait son corps. Elle se laissait prendre et il avait l’impression qu’elle l’entraînait dans une danse et une ivresse qu’il ne pouvait maîtriser, qui, au lieu de l’épuiser, lui insufflait de la force, la certitude que les dieux allaient le reconduire vers les forêts, là où il serait libre, et non pas soldat de Rome, traité comme un esclave, un chien qui doit aboyer et mordre quand ses maîtres lui en crient l’ordre.
    Il aspirait à revivre dans la liberté du loup.
     
    — Il faut repartir vers les forêts, avait-il murmuré à Apollonia.
    Elle s’était redressée, de nouveau elle avait tracé avec la branche des arabesques sur le sol, les avait effacées, en avait composé d’autres, balançant la tête au gré d’un mouvement de plus en plus ample.
    Elle l’avait enfin enlacé, ses mains lui enserrant la verge, sa langue lui léchant les lèvres et le cou.
    — Laisse-toi guider, avait-elle dit.
    Il n’avait su que fermer les yeux.
     
    Apollonia lui avait ainsi appris chaque nuit la maîtrise du corps et de l’âme. Elle le forçait à ouvrir ses poings que la colère fermait comme des coquillages. Elle lui massait les doigts, ses propres mains glissant le long des phalanges, du poignet, des bras, caressant les épaules, le cou et la nuque.
    Mais Spartacus était comme un chien enragé.
    Le centurion Nomius Castricus l’avait humilié une nouvelle fois, le contraignant à sortir des rangs afin de s’agenouiller, lui, descendant d’une lignée royale, celle des Mèdes de Kertch, devant l’aigle de Rome.
    Spartacus avait hésité. Mais Nomius Castricus se tenait à plusieurs pas, entouré de sa garde, le défiant du regard. Et il s’était incliné devant l’enseigne, enfonçant ses genoux dans la neige.
    Castricus lui avait alors lancé :
    — Rentre dans le rang, Thrace ! Et n’oublie jamais qu’un citoyen de Rome a droit de vie ou de mort sur les peuples qu’il a soumis. Un citoyen de Rome ne se bat pas contre un esclave ou un Barbare. Il punit. Il égorge. Mais il sait aussi récompenser.
    Puis, se retournant, il avait crié :
    — Baisse les yeux, Spartacus, ou je te les fais crever !
     
    — Il ouvre des pièges devant toi, avait expliqué Apollonia.
    Elle avait enduit la poitrine et les cuisses de Spartacus d’une mince pellicule
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