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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Max Gallo
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Personne, ni les Perses, ni les Daces, ni les Romains, n’avait jamais pu les réduire en esclavage. C’était ce désir d’être aussi libre qu’un loup qui l’avait fait s’enfuir du camp des auxiliaires. S’il avait refusé d’être humilié par le centurion Nomius Castricus ou le tribun Calvicius Sabinius, ce n’était pas pour se soumettre à des dieux plus exigeants encore, désireux eux aussi d’enchaîner les hommes.
    — Libre ou mort ! énonça Spartacus.
    Tout à coup, il saisit son glaive et redressa la tête.
    Un homme se tenait devant lui, mains ouvertes, bras tendus.
    Apollonia s’approcha à son tour, s’apprêtant à bondir sur lui.
     
    Sous sa houppelande de laine grise, l’homme paraissait frêle. Son visage était osseux, ses joues creusées. Des boucles de cheveux noirs lui couvraient le front.
    D’un geste, Spartacus demanda à Apollonia de ne pas se jeter sur cet homme désarmé qui s’était accroupi en face de lui.
    — Ils t’ont blessé ? murmura l’inconnu.
    Il écarta les pans de sa houppelande. Il portait une tunique blanche serrée à la taille par une large ceinture de cuir à laquelle était accrochée une sacoche. Il l’ouvrit, en tira une poignée de feuilles sèches, se tourna vers Apollonia, les lui tendit, lui demandant de les disposer sur la plaie qui partageait le front de Spartacus.
    Elle hésita, mais Spartacus se pencha vers elle afin qu’elle pût appliquer les feuilles qui étanchèrent en quelques instants le sang, formant sur la plaie une croûte rouge sombre.
     
    L’homme s’assit près de Spartacus.
    — Tu es téméraire, dit-il. Tu t’es jeté au milieu d’un troupeau d’hommes enragés, aveugles, en plein délire.
    Il s’interrompit, inclina la tête.
    — Je connais tous les dieux. Ma terre est la Judée. Je suis Jaïr, Juif de Jéricho. On m’appelle aussi Jaïr le guérisseur.
    Il dévisagea longuement Spartacus.
    — Je t’ai vu, je t’ai entendu. Tu veux que l’homme soit libre ?
    Il sourit.
    — Les Romains ont fait de moi un esclave. Puis ils ont découvert que je connaissais l’art de guérir. Alors ils m’ont libéré de mes chaînes et je suis devenu un esclave domestique. J’ai soigné le tribun Calvicius Sabinius qui commande la VII e Légion. Je t’ai vu quand ils t’ont poussé vers lui et que tu n’as pas baissé la tête. Ils auraient pu ou peut-être dû te la trancher. J’ai su que tu t’étais enfui et j’ai quitté le camp peu de jours après. Mais je n’ai pas fui. Les Romains me laissent aller à ma guise. J’ai besoin de liberté pour cueillir les herbes, les écorces, les plantes, ou récolter le venin des serpents. Je suis toujours rentré au camp. Qu’est-ce qu’être libre dans un monde tout entier soumis ? La liberté, tu la portes dans ton corps et dans ton esprit. Elle est dans le Livre. Un jour, je te parlerai de l’enseignement du Maître de Justice. Tu es digne de le connaître…
    Il s’était tourné vers Apollonia et l’avait longuement dévisagée à son tour.
    — Il te faudra tout abandonner, dit-il à Spartacus. Car n’est libre que celui qui vit dans le dénuement, avec pour seule richesse sa pensée et pour seul pouvoir celui qu’il exerce sur son corps. Non pour le mutiler, comme les hommes esclaves des divinités, mais pour le purifier, afin qu’il soit si léger que l’esprit se sente aussi libre qu’un oiseau, capable de voler si haut qu’il frôle la pensée de Dieu.
    Il regarda à nouveau Apollonia, puis, se penchant vers Spartacus, il ajouta :
    — Mais tu n’es pas prêt à renoncer. Tu veux être libre dans ce monde enchaîné. Tu auras alors à combattre. Car les Romains entendent soumettre tous les hommes. Tu as pu mesurer la puissance des légions. Elle vient de la force de leur désir. Ils veulent conquérir le monde. Faire de Rome la plus grande de toutes les villes, drainant vers elle toutes les richesses, le savoir, le grain. Celui qui n’est pas citoyen de Rome est esclave. Je le suis. Tu l’as été et, si tu restes de ce monde, tu le seras. Tu es vigoureux, audacieux ; les Romains t’obligeront à combattre tes frères ou des bêtes fauves. Tout esclave n’est pour eux qu’un animal doué de parole. Tel est ton destin si tu restes en ce monde.
    Il hocha la tête.
    — À moins que tu n’entreprennes le long voyage… Je t’indiquerai le chemin des grottes de Judée où nous écoutons le Maître de Justice nous parler du Dieu
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