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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Max Gallo
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dorée et sculptée.
    Mais jamais Spartacus n’a pu s’approcher du proconsul.
    Il a tué plusieurs soldats ainsi que deux centurions de l’escorte de Crassus qui s’étaient avancés.
    Puis je l’ai vu tomber à genoux. Sans doute l’un des javelots, l’une des flèches que les Romains lançaient vers lui l’a-t-elle blessé à la cuisse.
    Personne, sinon un dieu, n’aurait pu l’arracher à la mort.
     
    J’ai commencé à reculer pas à pas.
    Je voyais Spartacus combattre à genoux, seul au milieu de cette nuée qui s’abattait sur lui puis s’écartait. Autour de lui, les soldats levaient leurs glaives sanglants.
    J’ai couru jusqu’aux pentes du mont Albume.
    Je me suis enfoncé dans la forêt de petits chênes et d’oliviers. J’ai atteint les rochers du sommet.
    J’ai vu la plaine couverte de morts et le Silarus qui charriait des centaines de corps.
    J’ai vu ce troupeau de milliers d’hommes qui n’avaient pu mourir et que les Romains avaient attachés les uns aux autres, qu’ils poussaient comme on le fait du bétail, à coups de verge ou du plat de la lame.
    Maintenant que la guerre de Spartacus était finie, ils étaient redevenus des animaux.
    Curius s’est tassé. Il est resté longuement silencieux puis s’est redressé :
    — Jaïr, a-t-il murmuré, il faut qu’on se souvienne que nous avons été libres, vaincus mais libres !
    Il m’a laissé lui poser la main sur l’épaule.

 
     
     
     
     
ÉPILOGUE
 
Jours du printemps de l’an 71
avant Jésus-Christ

 
     
    Dieu l’Unique, mon Maître de Justice, Tu as voulu que je voie et que je me souvienne du supplice infligé aux esclaves révoltés, vaincus et capturés – plus de six mille – par le proconsul Licinius Crassus, et traités, sous un ciel d’un bleu intense, dans la lumière vive de ces jours de printemps, comme jamais les animaux ne le sont.
     
    Dans la cahute à outils située au fond du domaine du légat Fuscus Salinator, Curius m’avait dit que les Romains, au lieu d’égorger ou de mutiler leurs prisonniers sur le champ de bataille, les avaient liés les uns aux autres.
    Depuis le sommet du mont Albume, il avait vu ce troupeau docile se mettre en marche sous les coups de verge et de lame, vers la via Appia et Capoue.
    Puis, après avoir quitté les forêts de chênes et les bois d’oliviers des versants et marché dans la campagne, Curius s’était tenu éloigné de la via Appia et avait évité la ville de Capoue, gagnant directement le domaine de Gaius Fuscus Salinator où il pensait me trouver.
    Mais sur tous les chemins menant à Capoue il avait vu des esclaves abattre des arbres, en tailler les troncs, débiter de longues planches et commencer à en ajuster certaines en forme de croix.
    Il avait vu des forgerons porter des sacs de longs clous aiguisés. Il connaissait le sort infamant qu’on réservait aux esclaves qui fuient leurs maîtres.
     
    Je n’ai pas révélé à Apollonia ni à Posidionos le Grec la présence de Curius ni ce qu’il m’avait confié. Ils vivaient enfermés dans les bâtiments du domaine réservés aux affranchis.
    Posidionos lisait, écrivait, enseignait à certains des affranchis comme un paisible rhéteur grec.
    Apollonia honorait Dionysos et les dieux.
    J’avais guéri le légat Fuscus Salinator et ses premiers mots avaient été pour me dire qu’il m’affranchissait, que je devenais son guérisseur attitré, que j’étais donc libre d’aller et venir à ma guise, de me rendre à Capoue si bon me semblait, que je pouvais y acheter les plantes, les sucs, les venins dont j’avais besoin pour mes mixtures et mes élixirs.
    J’étais sous sa protection. Et il m’avait offert une bague dont le chaton portait la lettre « S ».
    Un matin de ce mois de printemps, j’ai donc gagné Capoue par des chemins de terre qui dessinent comme les rameaux d’un tronc qui serait la via Appia.
     
    J’ai vu les croix dressées de part et d’autre de la voie.
    J’ai entendu les coups de marteau et les cris.
    J’ai vu les soldats battre les prisonniers pour qu’ils s’allongent sans résistance sur le montant de la croix puis qu’ils écartent les bras.
    Alors ils clouaient les chevilles et les poignets.
     
    Puis, avec des cordes, ils hissaient et dressaient les croix côte à côte, et c’était comme une double haie de part et d’autre de la via Appia. Elle se perdait à l’horizon, vers Rome.
     
    Le troupeau marchait lié, entravé derrière ses
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