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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Max Gallo
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mienne, sa langue fourchue effleurant mes lèvres. Je me suis réveillé et je t’ai raconté cette vision. Tu m’as écouté, les yeux exorbités. Tu étais alors habitée par l’esprit de Dionysos. Tu t’es mise à trembler, à te balancer d’avant en arrière, à danser. Tu m’as dit, et ta voix était si forte que je n’ai pas douté de la vérité de ta prophétie : « Spartacus, ce serpent qui t’enserre et qui t’embrasse est le signe d’une grande et terrible puissance. Elle t’enveloppera, Spartacus ! Elle fera de toi un prince. Les hommes enchaînés appartenant à toutes les races te rejoindront pour redevenir libres. Tu seras à la tête d’une armée. Tu vaincras les légions. Tu t’empareras des enseignes des questeurs et des consuls, des faisceaux des licteurs. Tu prendras des villes. Tu feras trembler Rome !
    Spartacus s’est interrompu, a fait quelques pas, puis, revenant vers Apollonia, il a ajouté :
    — Dionysos ne t’avait pas menti. Rome, oui, Rome a tremblé devant moi, le guerrier thrace, devant moi, le déserteur de son armée, moi, l’esclave, moi, Spartacus le gladiateur, devenu prince des esclaves !
    Il lève les bras et sa cape glisse, découvrant ses épaules massives.
    — Je remercie le fils de Zeus, Dionysos, et tous les dieux de m’avoir dispensé cette joie et cette gloire.
    Il pose ses mains sur la tête d’Apollonia.
    — Tu as dit aussi, Apollonia, que ce destin de prince me conduirait à une fin malheureuse. Même au soir des victoires, je n’ai jamais oublié ces derniers mots de ta prophétie. Je savais que le moment viendrait. Il est là, Apollonia, cette nuit ou demain ; dans peu de temps, nous le rencontrerons. Et il nous pliera, nous courberons la nuque sous sa poigne…
    Apollonia gémit. Elle se voûte, se cache la tête sous la peau de mouton, puis recule, trébuchant à chaque pas, et la nuit peu à peu la dévore.
    Alors Spartacus s’assoit de l’autre côté du feu, en face de Posidionos et de Jaïr.

 
     
2
    Je m’appelle Gaius Fuscus Salinator.
    J’ai été légat du proconsul Licinius Crassus, l’homme le plus riche et le plus puissant de Rome.
    Le Sénat lui avait donné tous les pouvoirs afin qu’il anéantisse l’armée de Spartacus, un ancien gladiateur thrace qui avait rassemblé autour de lui des dizaines de milliers d’esclaves révoltés et de miséreux de la plèbe. Depuis près de deux années, il ravageait avec ses bandes toute l’Italie, du Pô jusqu’à la presqu’île du Bruttium.
    Il écrasait, humiliait, tuait les préteurs, les consuls et leurs soldats qui l’avaient affronté. Il semblait invincible, les cohortes se débandaient et Rome tremblait. Elle avait fini par confier son destin à Crassus qui m’avait choisi comme l’un de ses légats.
    Notre armée, composée de dix légions, s’était mise en marche.
    Je chevauchais constamment près de Crassus et admirais son énergie forcenée, sa volonté de vaincre, en même temps que je découvrais sa sauvage brutalité.
    Mais nous chassions des bêtes féroces plus que des hommes.
    Au bout de quelques semaines de poursuites et de combats, nous avions réussi à contraindre Spartacus à se réfugier dans cette presqu’île du Bruttium qui constitue l’extrémité de l’Italie. C’est là que Crassus avait choisi d’exterminer ses hordes. Il voulait empêcher leur fuite en dressant une palissade de la hauteur de deux hommes et en creusant un fossé de plus de cinq pas de large et trois pas de profondeur.
    Cet obstacle, ce mur qui allait d’une côte à l’autre, de la mer Ionienne à la mer Tyrrhénienne, devait être infranchissable.
    Les vagues et nos légions encerclaient ainsi Spartacus et ses fauves.
     
    Une nuit d’hiver, alors qu’avec deux centurions je longeais, sous la pluie et la neige, la palissade, nous avons été assaillis par une dizaine d’esclaves qui se tenaient en embuscade, sans doute après avoir tué les sentinelles. Les deux centurions ont été égorgés par des hommes qui ont bondi sur eux comme des tigres. Ils n’ont pu ni crier ni se défendre.
    J’ai été blessé, lié, traîné dans le camp des esclaves. J’ai pensé que mes insignes de légat m’avaient sauvé la vie et qu’on me réservait pour l’une de ces exécutions publiques dont les hommes, quels qu’ils soient, apprécient la cruauté.
    J’ai perdu conscience.
     
    La chaleur d’un feu m’a réveillé.
    J’étais allongé sur le sol, au pied
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