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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Max Gallo
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fermés.
     
    Mais, le plus souvent, il la repoussait d’un mouvement brusque. Elle se laissait tomber sur le sol, laissant Spartacus s’éloigner, reprendre de l’avance.
    Elle ne se relevait qu’au moment où elle apercevait Jaïr le Juif qui les suivait à plusieurs centaines de pas, ne les retrouvant qu’à la nuit tombée, quand Spartacus avait choisi le lieu et l’instant de la halte, et déjà allumé un feu, battant les pierres à silex sur des brindilles et de fines branches sèches.
    Jaïr ne s’approchait pas du feu, il s’asseyait là où la nuit n’était pas ébréchée par la lueur des flammes. Il croisait les bras, le menton sur la poitrine, se nourrissant des baies qu’il avait cueillies au cours de la marche, et parfois on entendait crisser sous ses dents la carapace d’un insecte qu’il mâchonnait longuement, indifférent au grésillement et au parfum de la viande qu’Apollonia avait placée sur les braises et dont elle tendait des morceaux, au bout d’une fine branche, à Spartacus. Celui-ci allait et venait, s’arrêtant souvent devant Jaïr le Juif, décidant enfin de s’asseoir en face de lui. Jaïr tendait la main vers le front du Thrace, effleurait du bout des doigts la cicatrice qui, comme une ride profonde, lui partageait le front en deux.
    — C’est facile de soigner la peau, le corps, murmurait Jaïr. Mais, pour guérir de ce qui ronge les pensées, il faut plusieurs saisons, et parfois une vie entière n’y suffit pas.
    Il se penchait vers Spartacus.
    — Je sais que tu songes aux révoltes des esclaves de Sicile. Tu rêves…
    Il s’interrompait, secouait la tête.
    — Jamais, dans aucun royaume, aucune province de la République – et, pourtant, les esclaves s’étaient déjà révoltés en Italie, près de Rome, en Attique et même à Délos –, on ne vit révolte aussi puissante. Je t’ai dit : un fléau, qui parut capable de s’emparer de toute la Sicile. Puis les consuls ont débarqué avec des légions. Et ç’a été cette hécatombe de sauterelles. Pourquoi veux-tu que j’en recommence le récit ? Je t’ai vu remuer les lèvres, tu te le marmonnes toute la journée en marchant. Si tu connaissais le Maître de Justice, il te parlerait de notre Dieu, de ce qu’il enseigne aux hommes. Et tu comprendrais enfin comment il faut vivre.
    Jaïr le Juif posait les mains sur les épaules de Spartacus.
    — Il n’y a pas d’esclave ni de maître. L’un obéit et l’autre commande, l’un souffre et l’autre croit jouir, mais tous deux meurent. L’un vaut l’autre quand vient le jugement de Dieu. Alors celui qui fut le maître n’est pas mieux traité que l’esclave. Pour celui qui sait, les hommes sont égaux. Le maître peut être esclave, et l’esclave, maître. Ce n’est pas la chaîne ni l’empreinte au fer rouge qui font l’esclave, mais ce qu’il pense.
    Il appuyait ses paumes sur les épaules de Spartacus.
    — Apprends à penser, Spartacus !
    Celui-ci se levait, scrutait le ciel dont on apercevait des lambeaux entre les branches des arbres.
    C’était déjà l’aube.
    Il dispersait de la pointe de son javelot les braises du foyer.
    Alors commençait une nouvelle journée de marche.
     
    Parfois, la large saignée d’une voie ouvrait dans la forêt une plaie vive. Les troncs abattus s’amoncelaient sur chacune de ses lèvres. Spartacus s’accroupissait derrière eux et Apollonia le rejoignait. Jaïr se tenait à distance, dans la futaie.
    Un jour, sur l’une de ces voies, passa, précédée par les porte-enseigne et les centurions, une cohorte romaine avançant de son pas inexorable.
    Sur un autre chemin, plus tard – c’était déjà la fin de l’été –, s’avança, accompagné d’aboiements, un troupeau. Les chiens qui couraient tout autour s’arrêtèrent à quelques pas de Spartacus et d’Apollonia.
    Spartacus bondit sur le berger et lui plaça le tranchant de son glaive sur la gorge, le questionnant.
    L’homme apeuré dit d’une voix lasse que les patrouilles romaines parcouraient tout le pays, qu’une nouvelle légion avait établi son camp non loin du sanctuaire de Dionysos. Les soldats pillaient les villages, s’emparaient des troupeaux et des femmes. Ils avaient crucifié Cox, l’oracle qui avait voulu les empêcher de pénétrer dans le temple de Dionysos. Ils enchaînaient les hommes les plus jeunes, les conduisaient jusqu’à la côte où on les embarquait sur des galères.
    — Nous ne sommes
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