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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus
Autoren: Arlette Cousture
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père. Toute la maison où j’ai ma clinique m’appartient.
    Élisabeth fut impressionnée et, elle dut le reconnaître, envieuse.
    – Qu’est-ce qu’il faisait, ton père?
    – Médecin, évidemment.
    Denis éclata de rire et regarda Élisabeth. Son expression passa de rieuse à songeuse, inquiétant un peu Élisabeth qui se demanda si le moment de la demande en mariage n’était pas venu. Denis lui prit la main sans ménagement, la tira vers l’automobile, embraya et se dirigea vers le chemin de la Côte-des-Neiges, qu’il monta jusqu’au chemin de la Côte-Sainte-Catherine, suivant ensuite celle-ci jusqu’au boulevard Saint-Joseph. Élisabeth tenta vainement de lui tirer les vers du nez, ne sachant où ils allaient. Il tourna finalement dans la rue Nelson et stationna tout près de l’intersection. Il ouvrit la portière du côté d’Élisabeth et la pria de l’accompagner. Il prit une clef de son lourd trousseau et entra dans une maison de brique comportant deux logements et monta à l’étage. Élisabeth le suivit dans un appartement immense, calqué en presque totalité sur ses rêves. Les pièces étaient cependant encore plus vastes... Elle découvrit trois chambres à coucher, la cuisine était équipée d’une cuisinière et d’un réfrigérateur, avec assez d’espace pour qu’elle évite de heurter les coins de table et de comptoir.
    – Est-ce qu’il y a un balcon derrière?
    – Non, pourquoi?
    Élisabeth ne répondit pas, essayant de comprendre ce qui lui arrivait. Si elle avait bien saisi, Denis lui offrait le logement, il ne parlait pas de l’épouser. Peut-être voulait-il s’assurer de ses propres sentiments. Il était si accaparé par son travail qu’il avait peu de temps à consacrer à une famille, elle le savait. Elle se réjouit de voir qu’elle pourrait, le cas échéant, continuer de travailler. Jamais elle ne saurait vivre sans violon et sans personne à qui l’enseigner.
    – Combien est-ce que tu peux payer pour ton logement, mon amour?
    Elle se figea, avala péniblement et se surprit à respirer rapidement, comme si elle n’osait aller chercher son souffle trop profondément, craignant de distraire son cœur de la joie qui venait de l’inonder. Elle réussit à marmonner un chiffre et Denis répondit «Adjugé!» sans poser d’autre question. Élisabeth se précipita dans ses bras qu’il avait ouverts et sanglota comme une enfant. Denis lui essuya les yeux de son mouchoir initialé.
    La salle à manger était presque vide. Cela arrivait toujours quand avril était trop beau et que les femmes préféraient ratisser leurs pelouses pour prendre l’air et s’emplir les yeux du vert de la chlorophylle. Des vendeuses du rayon des chapeaux avaient dit à Élisabeth qu’il arrivait fréquemment que les femmes demandent des chapeaux de paille verte, pour s’harmoniser avec leur environnement.
    – Ça n’existe pas, la paille verte.
    Elle faisait son service, le bonheur irradiant de sa figure. Depuis que Denis lui avait avoué l’aimer autant qu’elle l’aimait, elle avait la tête bourrée de nuages. Il lui arrivait bien parfois de repenser à Marek, mais ses traits s’étaient complètement estompés, comme s’ils avaient été de sable et le temps une marée anesthésiante. Denis et elle avaient même fait quelques petits projets: visiter la ville de Québec et faire le tour de l’île d’Orléans. Élisabeth le freinait constamment, lui rappelant que des patients comptaient sur lui, et Florence, sur elle. Elle accompagna deux dames, la mère et la fille à en juger par l’étonnante ressemblance, et n’entenditrien de la conversation sauf le mot «bouquet». Elle comprit qu’elles parlaient de mariage.
    Élisabeth se demandait comment elle pourrait annoncer à son frère qu’elle quittait les Favreau pour aller habiter un immense logement, presque aussi beau que la maison de Cracovie, avec, en sus, des corniches sur lesquelles elle pourrait poser des statuettes. Elle aurait voulu l’inviter à la suivre et à habiter avec elle, mais elle le savait trop orgueilleux et se doutait qu’il ne voudrait pas, pour le moment, s’éloigner de l’épicerie. Elle redoutait sa réaction, sachant qu’il allait être attristé de la voir s’éloigner encore une fois, mais surtout parce qu’il connaissait le prix des logements et qu’il s’interrogerait sur sa relation avec Denis. Élisabeth soupira. Sa relation avec Denis était parfaitement idyllique et
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