Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus
Autoren: Arlette Cousture
Vom Netzwerk:
serai plus le fils de Tomasz et Zofia Pawulscy. Est-ce que c’est ce que tu veux pour elle? Tu m’entends, papa? Je vais réécrire ma vie comme tu as réécrit l’histoire de Pologne. Je ne conserverai qu’Élisabeth comme souvenir du passé.
    Il sortit de la chambre à la course pour ouvrir à Boisvert qui venait d’appuyer sur la sonnette. Boisvert monta à folle allure et se précipita auprès de Michelle. En trois secondes, il sut qu’il était en train de perdre sa patiente et il l’ausculta, cherchant, lui aussi, à entendre battre un cœur. Jan avait cessé de respirer et Élisabeth, que la course de Denis dans l’escalier avait ramenée à la réalité, tenait son frère par la main, en transpirant de peur. Elle fit un grand effort pour taire les tremolos qui lui agitaient les cordes vocales.
    – Denis va s’en occuper, Jan. Crois-moi, Denis peut faire des miracles.
    Denis se tourna vers eux et leur annonça d’une voix monocorde qu’il avait entendu les deux cœurs. L’ambulance arriva à ce moment et Michelle fut portée à toute vitesse par les brancardiers pendant que Jan enfilait un pantalon et une chemise et courait derrière eux en sautillant, essayant de fermer sa braguette. Il monta à l’arrière de l’ambulance avec Boisvert, qui laissa sa voiture immobilisée, une roue sur le trottoir, devant la porte du garage. Personne ne parla à Élisabeth. Elle fut étonnée d’avoir été oubliée mais, se ressaisissant, elle remonta chez les Favreau et ne se gêna nullement pour les sortir du lit.
    – Vite! Il faut aller à l’hôpital.
    – Michelle a des contractions?
    M me Favreau était presque joyeuse à l’idée que le bébé arrivait enfin. M. Favreau se leva en grommelantde plaisir, enfila son pantalon sur ses sous-vêtements sans même se soucier de la présence d’Élisabeth et sortit en glissant son haut de pyjama dans son pantalon.
    – Grouille, Yvonne, grouille!
    Élisabeth le regarda partir, n’ayant pas encore réussi à donner une seule explication. La porte extérieure s’était à peine refermée que déjà il la poussait et remontait.
    – Il y a un imbécile qui a stationné sa voiture devant la porte du garage. Je ne peux pas sortir l’auto.
    – C’est le docteur Boisvert.
    – Qu’est-ce que tu dis?
    – C’est l’auto du docteur Boisvert.
    M. et M me Favreau se regardèrent, leur brève euphorie déjà passée. Élisabeth leur expliqua rapidement la situation pendant que M. Favreau tentait désespérément de joindre une station de taxis. À la limite de perdre patience, il appela un client qu’il savait chauffeur de taxi et ce dernier vint les chercher rapidement. Ce n’est qu’une fois montés qu’ils songèrent à aviser les Dupuis. Ils firent donc un détour par la rue de Grand-Pré. M. Favreau laissa son doigt appuyé sur la sonnette jusqu’à ce qu’on allume la lumière de l’entrée.
    Ils trouvèrent Jan désespérément seul dans une grande salle d’attente et s’approchèrent de lui en essayant de ne pas trop faire de bruit. Quand il les aperçut, il tenta de leur sourire, heureux de les voir à ses côtés. Il n’avait eu aucune nouvelle depuis que Denis s’était engouffré derrière la porte à deux battants qu’Élisabeth reconnut à sa petite fenêtre en losange.
    Les Dupuis arrivèrent une quinzaine de minutes après eux et M me Dupuis embrassa Jan avec unedouceur qui lui fit énormément de bien. Elle lui frotta les cheveux en bataille, faisant et refaisant le geste de les placer.
    – Ça va aller. Notre fille tient beaucoup trop à la vie. Crois-moi, ça va aller.
    Elle s’assit ensuite à sa gauche et lui prit la main. Jan était maintenant encadré d’elle et d’Élisabeth et il sentit qu’il reprenait vie. Quant à M. Dupuis, il marchait de long en large comme il l’avait fait à trois reprises quand sa femme avait accouché, mais, cette fois, il avait si peur qu’il avait du mal à conserver son équilibre. M. Favreau, néophyte, alla lui emboîter le pas.
    Ils restèrent tous les six silencieux jusqu’à ce que Denis Boisvert revienne de la salle d’opération vers les quatre heures. Ils retinrent leur souffle, ne sachant s’il leur était encore permis de vivre.
    – Un garçon. Je l’ai fait mettre en incubateur, mais uniquement pour un jour ou deux. Il est en grande forme.
    Tous les six savaient qu’ils auraient dû se réjouir et se féliciter, mais ils avaient tous la bouche fermée et les yeux attachés
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher