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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus
Autoren: Arlette Cousture
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à ceux de Boisvert. Élisabeth le suppliait du regard de ne pas les faire languir.
    – Quant à Michelle, elle va s’en remettre. Ce sera long, mais elle pourra certainement être assez bien pour courir derrière son petit.
    Un cri de soulagement balaya la salle d’attente. Jan se laissa tomber sur sa chaise et ne put qu’essuyer les larmes de peur qui lui avaient assailli les joues. Boisvert les quitta, préférant reporter à plus tard l’annonce que Michelle avait accouché pour la première et la dernière fois de sa vie.

65
    Élisabeth descendit du tramway du chemin de la Côte-Sainte-Catherine et marcha jusqu’à la rue Nelson. Depuis son déménagement, elle n’avait plus eu une seule minute à elle. Elle travaillait toujours chez
Eaton
, espérant être mutée au rayon de la musique, et allait chez Florence les lundis, mardis et mercredis soir pendant les heures de bureau de Denis – elles avaient d’un commun accord réduit la fréquence des cours pour que Florence puisse avoir plus d’heures d’exercice. Quand il le pouvait, Denis passait la voir ces soirs-là vers vingt et une heures et la quittait pour aller faire une dernière ronde à l’hôpital. Les jeudis et les vendredis, ils sortaient, habituellement pour un repas et un spectacle, concert ou autre. Elle s’enfermait ensuite presque toute la fin de semaine pour décorer sa nouvelle maison, dont elle raffolait. Ses voisins du rez-de-chaussée étaient un couple de vieux anglophones qui ne sortaient que le dimanche pour aller à l’église.
    Élisabeth soupait tous les samedis chez les Favreau avec Jan et Michelle qu’elle forçait à prendre quelques heures de repos le dimanche pendant qu’elle allait pousser le landau. Plus souvent qu’autrement, elle retrouvait Michelle endormie et Jan dans l’épicerie occupé à faire quelques travaux, allant de l’inventaire à la comptabilité. Élisabeth savait que Denis passait lesdimanches chez sa mère et elle espérait y être invitée à Noël.
    Le baptême avait été amusant et les Dupuis avaient glissé beaucoup trop d’argent dans la housse de Nicolas. Les prénoms Joseph Denis Nicolas avaient été choisis par Michelle qui avait voulu témoigner sa reconnaissance envers Boisvert et s’était souvenue que Nicolas était le nom de la rue qu’habitaient les Pawulscy à Cracovie. Jan ne s’y était pas opposé, aimant le nom de son fils Nicolas Aucoin. Lui-même avait reçu ses papiers de citoyenneté canadienne et il était devenu l’individu immatriculé 215532.
    Élisabeth avait acheté de vieux fauteuils qu’elle avait, avec l’aide de M me Favreau, recouverts de velours bordeaux. La grand-mère de Florence, M me Lagacé, lui avait donné une table de salon dont les pattes en forme de serres d’aigle étaient agrippées à des boules de verre.
    – Si vous aimez cette horreur, je vous la donne. C’était un de mes cadeaux de noces.
    Élisabeth l’avait installée à côté du fauteuil, de biais avec la cheminée. Les Favreau avaient placé une petite annonce à l’épicerie qui leur avait permis de dénicher un mobilier de chambre à coucher plaqué merisier qui devait dater du début du siècle et ils étaient venus le lui porter. Élisabeth et M. Favreau l’avaient collé, poncé et reverni et elle trouvait que sa chambre était la plus jolie pièce de l’appartement. Les parents de Michelle lui avaient offert son mobilier de jeune fille – Michelle leur avait dit ne plus pouvoir en supporter la vue – et Élisabeth en avait meublé la deuxième chambre. Quantà la troisième, elle l’avait métamorphosée en salle de musique et elle y avait placé un vieux secrétaire à cylindre en chêne égratigné et deux classeurs achetés par Denis à la succession d’un vieux médecin. Dans la cave, elle avait vu une bibliothèque ayant appartenu au père de Denis. Une des tablettes avait été arrachée, conséquence d’un chamaillage de Denis enfant, mais il accepta néanmoins de la lui monter. Quant à la salle à manger, elle était sans meuble et seuls un vieux tapis persan et un miroir la décoraient.
    Ses amours avec Denis étaient merveilleuses et ils n’avaient jamais assez de temps pour entendre tout ce qu’ils voulaient bien se révéler. Ils étaient tous les deux terriblement occupés mais faisaient l’impossible pour se voir au moins cinq jours par semaine, Denis étant de garde toutes les fins de semaine.
    Élisabeth avait placé une annonce sur le
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