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L'homme lesbien : Précédé de Tombeau de Merlin ou Jean Markale, poète de la celtitude

Titel: L'homme lesbien : Précédé de Tombeau de Merlin ou Jean Markale, poète de la celtitude
Autoren: Jean Markale
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perpétué symboliquement dans le fait qu’un noble ou un prêtre posait sa jambe, un court instant, dans le lit des jeunes mariés.
    Il est périlleux de vouloir rendre compte de la mentalité des peuples de la Préhistoire, sur lesquels nous n’avons d’autres informations que celles fragmentaires livrées par les fouilles archéologiques. Mais on peut supposer que le mâle du Paléolithique, ignorant son rôle dans la procréation, a eu tendance à considérer la femme douée du mystérieux pouvoir de donner la vie comme un être sacré en contact permanent avec les divinités. Les plus anciennes représentations artistiques humaines sont féminines (telles la Vénus de Lespugue et la Vénus de Willendorff) et l’on peut, sans trop risquer de se tromper, affirmer qu’au début de l’humanité, était non pas un dieu-père mais une déesse-mère, créatrice de tout l’univers (2) .
    Le culte de la Déesse-Mère a vraisemblablement été en usage chez tous les peuples, surtout ceux de la Méditerranée orientale. Lorsque les Juifs sont parvenus en Terre Promise, au pays de Canaan, ils se sont tout de suite heurtés aux tribus autochtones qui pratiquaient ce culte. Certains d’entre eux se sont convertis à la religion de la grande déesse, déclenchant une violente répression de la part des partisans de l’orthodoxie yahviste qui traitaient ces renégats de « prostitués ». Il faut dire que certains rituels pratiqués à Éphèse et dans d’autres villes du Moyen Orient pouvaient prêter à des confusions fâcheuses, en particulier le rituel de la « prostitution sacrée »   : il s’agissait pour les prêtresses de la déesse – mais aussi pour d’autres femmes, vierges ou non – de s’offrir dans le temple à des inconnus, moyennant une compensation financière. Dans ce cas, on assiste à un renversement complet du fantasme de l’imprégnation. L’homme ne possède pas sa partenaire   : au contraire, il est possédé par elle (3) . La prêtresse ou la femme ordinaire incarne la déesse, et l’homme qui la pénètre s’imprègne des énergies ainsi que des vertus supposées être celles de la divinité. Acte du reste périlleux, comme le montre la fable d’Anchise, père d’Énée, devenu boiteux à la suite de son union sexuelle avec Vénus. Tous les mortels ne sont pas capables de supporter les conséquences d’un contact intime avec une immortelle, même si celle-ci est consentante.
    Tout cela constitue un condensé de vestiges hérités de temps immémoriaux. Les choses ont basculé le jour où l’homme – le mâle – a compris qu’il jouait un rôle essentiel dans la procréation. La fable grecque d’Apollon, dieu mâle et céleste venu du nord, combattant et éliminant le serpent Python qui est l’image de la déesse-mère tellurique et qui la remplace dans le sanctuaire de Delphes, est le témoignage le plus probant de ce renversement de situation.
    Ainsi les religions de la divinité féminine ont été remplacées bien souvent par les religions du dieu père, et même les symboles traditionnels ont alors changé de polarité. Dans le langage, le soleil, sans aucun doute du genre féminin à l’origine, est devenu masculin, incarnant l’énergie vitale, tandis que la lune, autrefois du genre masculin, réduite à un rôle de dépendance et secondaire par rapport au soleil dont elle reçoit chaleur et lumière, donc énergie, est passée au genre féminin, devenant passive. Il y a eu des exceptions, notamment dans les langues germaniques et celtiques où le soleil est resté féminin et la lune masculine.
    Ces bouleversements ont secoué toutes les sociétés humaines et se sont étalés sur une longue durée avant de triompher définitivement au début de l’ère néolithique, c’est-à-dire au huitième millénaire avant J. C., quand le nomadisme a cédé devant l’occupation des terres et les débuts de l’agriculture.
     
    Cette transformation des sociétés humaines, qui s’est faite lentement, et selon les conditions climatiques, n’en a pas moins été radicale. Le nomadisme primitif était étranger à la notion de propriété individuelle. Une tribu s’installe provisoirement là où il y a du gibier si l’on pratique la chasse et la cueillette   ; là où il y a des pâturages si l’on pratique l’élevage   ; et, bien entendu, là où il y a de l’eau potable. Lorsque une – ou plusieurs – de ces ressources naturelles vient à manquer, on
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