Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

L'homme lesbien : Précédé de Tombeau de Merlin ou Jean Markale, poète de la celtitude

Titel: L'homme lesbien : Précédé de Tombeau de Merlin ou Jean Markale, poète de la celtitude
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
est « reconnue » par un homme, d’abord son père dont elle porte le nom, ensuite par son mari. Cela produit des adresses telles que   : « Monsieur et madame Paul X ». Madame s’appellerait Paul   ? Ou est-ce signifier que « madame » n’est que la propriété de « monsieur »   ? Ce qui est valable dans le cadre du mariage légitime l’est tout autant dans les autres relations qui s’instaurent entre un homme et une femme.
    Une de mes jeunes amies m’a raconté, avec franchise mais aussi beaucoup d’amertume, comment se sont déroulées ses premières amours. À dix-huit ans, elle était tombée amoureuse d’un garçon de son âge. Quoi de plus normal   ? Passent quelques semaines de flirt romantique, et le garçon lui demande d’aller plus loin. Après certaines hésitations, Cora, qui est vierge, accepte sous la condition expresse que son amoureux se munisse d’un préservatif. C’est alors que tout devient révélateur. Le garçon obtempère au désir de sa belle, mais exige que cela se passe dans le lit des parents de Cora, comme s’il voulait littéralement prendre la jeune fille à son père. C’est un moindre mal   : juste avant l’orgasme, le garçon retire sournoisement son préservatif et éjacule dans le ventre de Cora. La jeune fille, enceinte, rompt avec son amoureux et se résout à une IVG.
    Cette histoire authentique met en lumière les étranges rapports qui existent entre la possession et la pollution . Le jeune homme a pollué sciemment celle qu’il prétendait aimer. Pourquoi   ? Pour laisser en elle sa marque et se l’approprier, exactement comme un chien pisse en certains endroits précis pour marquer son territoire. Voici ce qu’écrit à ce sujet le philosophe Michel Serres dans son essai le Mal propre (1)   : « Depuis des temps innommables, le mâle cherche à s’assurer la propriété d’un lieu où, comme les animaux […], il dépose un produit assez peu éloigné, au moins pour son origine, de l’urine. Par l’éjaculation du sperme, il croit s’approprier les lieux où s’accomplit l’acte de son désir. De ce reste animal, de cette idéologie, de cette pratique, de ce mythe, il reste au moins un témoignage, celui de l’ancienne théorie de l’imprégnation […], aux termes étranges de laquelle une femme, ayant eu, par exemple, un premier enfant de tel amant, aura toute sa vie des filles et des fils présentant des caractères de celui-là, même si les pères réels, à la suite, ne les ont pas ».
    La science a démontré que cette croyance en l’imprégnation n’est qu’un fantasme parmi bien d’autres   ; il a néanmoins la vie dure. Un de mes amis venait de divorcer et, se sentant seul, cherchait une nouvelle compagne. Une femme, belle et intelligente, aurait volontiers succombé au charme de cet homme doté pareillement de maintes qualités. Comme j’encourageai mon ami à accepter une relation qui semblait très positive, il me répliqua sèchement   : « Tu n’y penses pas, elle a deux enfants. » Surpris, je rétorquai   : « Toi aussi, tu en as deux   ! » Je m’attirai cette réponse   : « Ce n’est pas la même chose. »
    En effet, ce n’est pas la même chose, du moins pour l’état d’esprit qu’illustre cette anecdote. Cela explique du reste pourquoi l’adultère féminin a été si sévèrement condamné et châtié au cours des siècles, tandis que l’adultère masculin était non pas prôné, mais toléré. Les anthropologues inclinent à penser que dans les premiers temps de l’humanité les mâles n’avaient pas conscience de leur rôle dans la procréation. L’union sexuelle relevant des péripéties de la vie quotidienne et constituant un acte banal littéralement sans portée, seul un esprit, voire une divinité, pouvait se matérialiser dans le ventre de la femme sous la forme d’un enfant.
    De cette croyance il est resté un souvenir dans ce qu’on a appelé improprement le « droit de cuissage ». Si, au Moyen Âge notamment, beaucoup d’hommes, nobles ou ecclésiastiques, en ont abusé, à l’origine ce « droit » était davantage un « devoir ». Car d’une part, seul un homme « puissant » socialement et spirituellement était capable de supporter la malédiction inhérente à l’écoulement du sang virginal   ; d’autre part, le nouveau-né, en vertu de l’imprégnation par un tel homme, pouvait être doté de qualités exceptionnelles. Cet usage s’est
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher