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L'homme lesbien : Précédé de Tombeau de Merlin ou Jean Markale, poète de la celtitude

Titel: L'homme lesbien : Précédé de Tombeau de Merlin ou Jean Markale, poète de la celtitude
Autoren: Jean Markale
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progrès considérables en matière de sexologie, on découvre – et on le dit ouvertement – des infinités de comportements amoureux, pour ne pas dire érotiques, qui avaient été écartés et occultés pendant des siècles.
    *
    Au premier abord, la qualification d’ homme lesbien apparaît comme paradoxale, sinon antinomique. Le terme « lesbien » ne concernerait que les femmes. Cela, même s’il résulte d’une confusion, ou plutôt d’un non-sens historique remontant à l’époque de la Grèce antique. Si l’on veut aujourd’hui tenter de définir un « homme lesbien », il est par conséquent utile de se référer à ce qu’on appelle couramment – et faussement – le l esbianisme .
    À l’origine, un lesbien et une lesbienne ne sont que les habitants de l’île de Lesbos dans la mer Égée, appartenant à ces tribus éoliennes où la condition de la femme, libre et indépendante, était nettement supérieure à celle d’usage dans les tribus ioniennes environnantes. Et c’est précisément une femme poète, née vers 610 avant J. C. à Mytilène, dans cette île de Lesbos, qui est la cause involontaire de la réputation faite à ses compatriotes du sexe féminin.
    Il s’agit de Sapho (ou Sappho) dont certaines œuvres nous sont parvenues et que les anciens Grecs considéraient comme un très grand poète lyrique, à l’égal de Pindare et d’Alcée. Mais nous ne possédons aucune preuve de son homosexualité . Bien au contraire et en écartant la fable relatée par Ovide ( Héroïdes , XV) à propos de son suicide par désespoir d’amour à cause d’un certain Phaon, il semble qu’elle ait souvent été amoureuse et qu’elle ait eu plusieurs amants. Toutefois déçue par l’inconstance des hommes, elle préféra fuir leur compagnie et s’entourer d’un groupe de jeunes filles auxquelles elle enseignait la poésie. Il faut voir là l’origine de sa réputation et de l’expression « amours saphiques » donnée aux relations homosexuelles féminines.
    Il y a un autre terme pour qualifier celles que de nos jours l’on appelle avec mépris des « gouines », terme très employé au XVIII e  siècle qui ne voyait dans ces « amours saphiques » qu’un divertissement sans conséquence, celui de « tribades ». Ce mot-ci provient du verbe grec tribein qui signifie « frotter » et « caresser ». Force est de reconnaître que rien ne peut mieux caractériser le comportement amoureux de ces femmes. Ce sont en effet des « frotteuses » et des « caresseuses ».
    Si l’on veut définir l’homme lesbien, il convient, comme on le verra par la suite, de l’appeler aussi homme tribade .
    Cela dit, l’homosexualité féminine ne consiste pas seulement en rapports sexuels   ; ceux-ci ne sont d’ailleurs pas obligatoires. Les véritables homosexuelles ont d’autres motivations. Le rejet farouche et obstiné qu’elles manifestent envers l’homme a des causes profondes et explicables. C’est un dégoût physique incontrôlable du corps masculin conduisant à une inhibition inguérissable, c’est la peur devant l’éventuelle violence des hommes dans leur comportement. S’y ajoute une cause psychologique, fruit d’une éducation très stricte au cours de laquelle des parents n’ont cessé de répéter à la petite fille qu’elle devait se méfier des garçons et même les fuir, cela sans donner de raisons précises. Une cause sociale enfin anime la femme homosexuelle authentique, à savoir la volonté de n’être assujettie à personne et surtout pas à un être d’un sexe différent – voire hostile.
    Il ne s’agit pas de déviance sexuelle, pas plus de maladie ou de perversion.
     
    Si l’on en croit la Genèse , l’être humain a été créé à l’image de Dieu, c’est-à-dire libre. Or, être libre consiste dans la possibilité de choisir son chemin de vie, par conséquent dans la possibilité de ne dépendre d’un autre – pas plus d’une autre –, comme le démontre l’épisode de la pomme partagée par Ève et Adam. Si ceux-ci transgressent l’interdit, c’est qu’ils pensent, du moins à ce moment précis, qu’ils n’ont « ni Dieu ni maître ». De même nature apparaît la motivation principale des femmes que l’on persiste à appeler lesbiennes.
    C’est qu’elles refusent obstinément d’être possédées . Pourtant, dans notre société actuelle, toujours androcratique, quoi qu’on en dise, une femme n’existe que si elle
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