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L'homme lesbien : Précédé de Tombeau de Merlin ou Jean Markale, poète de la celtitude

Titel: L'homme lesbien : Précédé de Tombeau de Merlin ou Jean Markale, poète de la celtitude
Autoren: Jean Markale
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émigre. La terre n’appartient à personne, sauf passagèrement à ceux qui s’y arrêtent. Cette ignorance de la propriété se retrouve au sein du groupe social que constitue une tribu. Tout y relève du domaine collectif, y compris les relations sexuelles. Les femmes n’ont pas de mari, et les enfants qui naissent sont ceux de la communauté tout entière. – C’est ce que le socialiste utopique du XIX e  siècle Charles Fourier a mis en évidence dans son œuvre où il fait l’apologie des « saphiens » et des « saphiennes », et plus particulièrement dans un texte retrouvé en 1966 par Simone Debout, texte que ses disciples avaient censuré et écarté parce que trop révolutionnaire et choquant vis-à-vis des mœurs de l’époque.
    Tout change avec la sédentarisation. Certes, le concept de collectivité persiste car c’est la tribu dans son ensemble qui s’affirme en possession des terres qu’elle occupe, mais la concentration des hommes et des femmes en un lieu fixe et définitif entraîne des transformations dans les rapports qu’ils entretiennent les uns avec les autres. Jean-Jacques Rousseau, dans son Discours sur l’origine de l’inégalité , démontre avec pertinence que la cause des injustices diverses et de tous les malentendus sociaux est la division du travail. Dans la tribu nomade chacun était polyvalent, à la fois cueilleur, chasseur et éleveur. Dans le groupe sédentaire la spécialisation fait son apparition, et certains profitent de cette situation pour devenir indispensables et imposer leur volonté aux autres.
    Ainsi se créent des familles autour d’un homme qui finit par posséder non seulement une portion de terrain, mais l’ensemble du petit groupe dont il est le chef, y compris la femme, reléguée au rang de reproductrice et de « cuisinière ». Elle devient la propriété personnelle du père, protecteur de la famille et en charge des travaux extérieurs. Cette situation trouve son apogée dans la société romaine où le paterfamilias est le propriétaire nominal des biens matériels et de tous les membres du groupe, y compris des esclaves.
    C’est ainsi que s’est développé ce qu’on appelle aujourd’hui le machisme .
     
    Le macho est le pivot de la société patriarcale qui demeure incontestablement la nôtre, en dépit d’avancées certaines. Et il n’est pas difficile d’en esquisser une définition. Les caractéristiques machistes sont en effet inscrites dans la personnalité, la conscience et la sensibilité sexuelle par un ensemble de valeurs intériorisées. Parmi ces « valeurs », on peut citer la conscience qu’a le mâle d’être supérieur à la femelle du fait de sa force physique, du pouvoir qu’il a de l’amener à l’orgasme, ainsi que de la conscience de son rôle essentiel dans la procréation et la prolongation de la lignée. Il serait donc avilissant pour l’homme d’effectuer des tâches jugées féminines. Sa mission ayant longtemps été de gagner la vie de sa famille, de la nourrir, de la protéger, il a évité d’être sensible   : il devenait vulnérable. Au contraire, il devait, il doit encore rivaliser avec les autres hommes pour tenter de les dominer et manifester de la rudesse, voire de la brutalité, valeurs nobles. Il doit savoir tuer et prendre, le cas échéant, le risque d’être tué, sous peine d’être traité de lâche.
    Le comportement sexuel du macho est à l’image du rôle qu’il s’attribue dans la collectivité et des prérogatives revendiquées depuis des siècles. C’est entre hommes que s’organise la « cité ». Il est indispensable de fréquenter les hommes, cela permet de traiter les affaires sérieuses tandis que la compagnie des femmes n’est que sexuelle. La sexualité est à la fois pouvoir et plaisir . Il y a domination sur les femmes en même temps que rivalité avec les autres hommes. La femme devient propriété de celui qui a été le premier à la pénétrer, à la polluer , autrement dit   : à marquer son territoire, comme le démontre Michel Serres. « Chasse gardée   ! » L’instinct de propriété engendre la jalousie et peut provoquer des conflits inexpiables. Car ce qui est en jeu dans une société androcratique, c’est essentiellement la prolongation de la lignée masculine. Depuis des siècles, cette mentalité s’est transmise par la coutume et par l’éducation   ; il est difficile d’aller à contre-courant.
    Il existe cependant une
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