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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu
Autoren: Steven Pressfield
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œufs ! Les œufs étaient un régal suprême et, au marché de la ville, cela valait une fortune pour un gamin.
    Comme il fallait s’y attendre, au bout d’une semaine notre gaillard était devenu le roi de la basse-cour et peu de temps plus tard je tenais dans mes paumes quelques précieux œufs de lagopède.
    Nous irions en ville ! Au marché. Je réveillai ma cousine Diomaque avant même la vigile de minuit, tellement j’étais impatient de rejoindre notre étal de fermiers et de mettre mon butin en vente. Je convoitais un diaulos, une flûte à double bec sur laquelle Bruxieus avait promis de m’enseigner à imiter l’appel de la foulque noire et du coq de bruyère. Le prix des œufs m’en financerait l’achat. Ce serait mon trophée.
    Nous partîmes deux heures avant l’aube, Diomaque et moi, chargés de deux gros sacs d’oignons de printemps et de trois roues de fromage enveloppées dans du tissu, le tout chargé sur une ânesse à demi infirme appelée La Boiteuse. Nous avions laissé son ânon attaché dans l’étable ; de la sorte, une fois que nous serions en ville et que La Boiteuse aurait été déchargée, nous la détacherions et elle retournerait seule, tout droit vers son ânon.
    C’était la première fois que j’allais au marché sans un adulte à mes côtés, et la première fois que j’avais une marchandise de prix à y vendre. J’étais également content d’être avec Diomaque. Je n’avais pas encore dix ans, elle en avait treize. Pour moi, elle paraissait une femme faite, et la plus jolie et futée du voisinage. J’espérais que nous rencontrerions mes amis en route, pour qu’ils pussent me voir tout seul avec elle.
    Nous venions juste d’atteindre la route d’Acarnanie quand nous vîmes le soleil. Il flambait tout jaune, encore au-dessous de l’horizon, sous le ciel pourpre. Il n’y avait qu’un problème : il se levait au nord.
    — Ce n’est pas le soleil, dit Diomaque, s’arrêtant tout net et tirant sec sur la longe de La Boiteuse. C’est un incendie.
    C’était la ferme de Pierion, l’ami de mon père, qui brûlait.
    — Nous devons aller les aider, déclara Diomaque d’un ton sans réplique. Serrant mon sac d’œufs dans une main, je partis au grand trot derrière elle, tirant La Boiteuse en train de braire. Comment cela était-il advenu avant l’automne, demandait Diomaque en chemin, les champs ne sont pas encore si desséchés, regarde, l’incendie ne devrait pas être aussi grand.
    Et nous aperçûmes un autre incendie. À l’est de chez Pierion. Une ferme. Nous nous arrêtâmes, Diomaque et moi, au milieu de la route. Puis nous entendîmes les chevaux. Le sol sous nos pieds commença à vibrer, comme dans un tremblement de terre. Nous vîmes la lueur des torches. De la cavalerie. Toute une section. Trente-six chevaux fonçaient vers nous. Nous vîmes des armures et des casques à crête. Je commençai à courir vers eux, soulagé. Quelle chance ! Ils allaient nous aider ! Avec trente-six hommes nous aurions éteint l’incendie en…
    Diomaque me tira en arrière.
    — Ce ne sont pas nos hommes !
    Ils arrivèrent au galop, immenses et sombres et féroces. Leurs boucliers étaient noircis, la suie noircissait aussi l’étoile et les jambes de leurs chevaux, leurs jambières de bronze étaient couvertes de boue noire. À la lueur des torches, je distinguai du blanc sous la suie des boucliers. Des Argiens. Nos alliés. Trois cavaliers tirèrent la bride à notre hauteur. La Boiteuse se mit à braire de terreur et voulut s’enfuir. Diomaque la retint par la longe.
    — Qu’est-ce que tu portes là, poulette ? demanda le plus mafflu des cavaliers en guidant sa monture couverte d’écume et de boue vers les sacs d’oignons et les fromages. C’était une montagne d’homme, comme Ajax, portant un casque ouvert de Béotie et de la graisse blanche sous les yeux pour y voir dans la nuit. Des pillards nocturnes. Il se pencha sur sa selle et tendit la main vers La Boiteuse. Diomaque donna un furieux coup de pied dans le ventre de son cheval ; l’animal hennit et se cabra.
    — Vous incendiez nos fermes, bâtards de traîtres !
    Elle lâcha la longe et donna une claque formidable sur la croupe de l’ânesse épouvantée. La bête fonça au galop et je courus derrière elle.
    J’ai couru dans les batailles, sous le déluge des flèches et des javelots, avec soixante livres d’armure sur le dos, et je ne compte pas les fois où, à
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