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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu
Autoren: Steven Pressfield
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écrasé sous les roues d’un char de combat, il était passé inaperçu en raison du grand nombre de cadavres, d’hommes, de chevaux et de bêtes de somme alentour qui s’amoncelaient sur le terrain. Les chirurgiens de Sa Majesté furent convoqués et chargés, au péril de leur vie, de sauver celle du prisonnier à n’importe quel prix, et Dieu a accédé au désir de Sa Majesté. Le Grec a passé la nuit et le matin suivant. Ayant retrouvé la parole et ses facultés mentales au bout de dix jours, et bien que contraint de garder le lit et demeurant sous la surveillance directe du chirurgien royal, l’homme ne fut pas seulement capable de parler, mais encore en exprima le fervent désir.
    Plusieurs aspects singuliers de l’armure et de l’habillement du prisonnier furent relevés par les officiers qui le gardaient. Sous son casque on trouva, non la calotte traditionnelle de l’hoplite Spartiate, mais le bonnet en peau de chien associé à la classe des hilotes, les esclaves des Lacédémoniens. Par ailleurs, en contraste inexplicable avec ceux des officiers de Sa Majesté, le bouclier et l’armure du prisonnier étaient fondus dans le meilleur bronze, incrusté de rare cobalt hibernien, tandis que son casque portait la crête transversale des Spartiates de plein droit, c’est-à-dire qu’il avait rang d’officier.
    Dans ses premiers entretiens, l’homme s’exprima d’une façon qui mêlait les langages philosophique et littéraire les plus distingués, révélant une grande connaissance de l’histoire épique des Hellènes, mais persillée de l’argot le plus cru et le plus vulgaire, incompréhensible même pour les traducteurs les plus émérites de Sa Majesté. Le Grec consentit toutefois à traduire lui-même ces passages à l’aide de bribes d’araméen et de persan courant, qu’il disait avoir appris au cours de ses voyages maritimes au-delà de l’Hellade. Moi, historien de Sa Majesté, désireux de préserver les oreilles de Sa Majesté du langage grossier et exécrable du prisonnier, je tentai d’expurger les passages offensants avant que Sa Majesté ne dût les endurer. Toutefois, dans sa sagesse inspirée de Dieu, Sa Majesté exigea de Son serviteur qu’il lui traduisît les propos de l’homme en quelque langue que ce fût, de manière à en restituer l’effet original en grec. C’est donc ce que j’ai essayé de faire. Je souhaite que Sa Majesté veuille bien se rappeler qu’elle me l’a demandé, afin qu’elle n’impute pas à Son serviteur le blâme que lui vaudraient, dans la transcription que voici, les passages qui offenseraient à coup sûr n’importe quel auditeur civilisé.
    Rédigé et présenté ce seizième jour d’Ululu de la cinquième année depuis l’accession de Sa Majesté au Trône.

1
    Troisième jour de Tashritou, de la cinquième année depuis l’accession de Sa Majesté au Trône, au sud de la frontière locrienne, l’Armée de l’Empire ayant poursuivi son avance sans obstacle vers la Grèce centrale, et ayant établi un campement face au flanc oriental du mont Parnasse, dont les cours d’eau, comme bien d’autres, ont été taris par les troupes et leurs chevaux.
    L’entretien que voici a eu lieu sous la tente de campagne de Sa Majesté, trois heures après le coucher du soleil, après le dîner et le règlement de toutes les affaires de la cour. En présence des maréchaux, des conseillers, des gardes de la Maison royale, des mages et des secrétaires, les officiers commis à sa garde ont été requis de faire venir le Grec. Le prisonnier a été amené sur une litière, les yeux bandés, afin de ne pas porter le regard sur Sa Majesté. Le mage a procédé aux incantations et à la purification permettant à l’homme de s’exprimer de façon audible par Sa Majesté. Le prisonnier a reçu l’ordre de ne pas parler en direction de Sa Majesté, mais de s’adresser aux officiers de la Maison royale, les Immortels, qui se trouvent à la gauche de Sa Majesté.
    Le Grec a été prié par Oronte, capitaine des Immortels, de s’identifier. Il a répondu qu’il s’appelle Xéon, fils de Scamandride d’Astakos, une cité d’Acarnanie. Le nommé Xéon a déclaré qu’il souhaitait exprimer sa gratitude à Sa Majesté pour lui avoir épargné la vie, et qu’il voulait adresser ses remerciements et son admiration à l’équipe du chirurgien royal. Allongé sur sa litière, et souffrant néanmoins d’un souffle court, en raison de plusieurs
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